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Service de covoiturage Uber : illégal, mais populaire

Service de covoiturage Uber : illégal, mais populaire

Trois mois et demi après l'arrivée d'UberX à Montréal, les taxis en ressentent les effets. La Ville et le gouvernement continuent de dire qu'il s'agit d'un service illégal, et les saisies de voitures ont commencé. Malgré tout, l'application de covoiturage commercial demeure très populaire.

Un reportage de Jean-Sébastien Cloutier

LA PASSAGÈRE

Marie-Annick Boisvert habite près du centre-ville, là où le service d'UberX est le plus rapide. Elle connaissait l'application pour l'avoir essayée en voyage. Et elle a été bien contente d'apprendre son arrivée à Montréal l'automne dernier. Elle dit l'utiliser parce que c'est moins cher que le taxi, plus simple pour le paiement et parce qu'elle se sent plus en sécurité.

« J'ai le nom du chauffeur, j'ai le nom de la voiture, je trouve ça super sécuritaire en étant une fille, surtout après les agressions qu'il y a eu dernièrement dans les taxis. »

— Marie-Annick Boisvert, usagère d'UberX

Elle aime aussi UberX parce que c'est convivial. « Souvent, on embarque dans un taxi, puis il n'a pas une super attitude. Ils [les chauffeurs de taxi] sont fatigués, ils sont tannés, ils vont se plaindre de tout », observe-t-elle.

Elle n'est pas d'accord avec les élus qui s'opposent à UberX et dit qu'elle se plaindra si on lui enlève le service. « La technologie est là, elle existe. Je trouve que pour le consommateur, c'est super avantageux. Donc d'arrêter ça, c'est de brimer le service pour le consommateur. »

LE CHAUFFEUR DE TAXI

Mokrane est chauffeur de taxi à Montréal depuis plus de 20 ans. Il estime perdre une cinquantaine de dollars par jour depuis le lancement de l'application UberX à Montréal. Il crie à l'injustice parce que les citoyens qui utilisent leur voiture pour Uber n'ont pas de permis de taxi.

« Depuis 2008 que j'ai payé mon permis à 220 000 $. J'ai encore une hypothèque là-dedans. J'ai des adolescents. J'étais en train de travailler cinq jours/semaine et j'avais une vie de famille la fin de semaine. Je me retrouve pour compenser à travailler sept jours/semaine! Il fallait faire quelque chose pour se battre », témoigne-t-il.

Mokrane a donc trouvé un avocat et a déposé une requête pour recours collectif contre Uber. Il demande compensation pour toutes les pertes subies par les chauffeurs de taxis montréalais et demande aussi l'arrêt des services d'Uber à Montréal.

« C'est David contre Goliath! C'est sûr et certain que c'est un milliardaire qui arrive et il a réussi à faire tous ses milliards en contournant des lois. Alors, nous, on est des petits, on n'est rien que des chauffeurs de taxi, mais on est solidaires. »

— Mokrane Krimed, chauffeur de taxi

LA COMPAGNIE UBER

Jean-Nicolas, lui, gère la croissance. Dans les locaux d'Uber dans le Vieux-Montréal, une douzaine d'employés travaillent sous sa direction. Et il s'attend à en avoir 30 d'ici la fin de l'année. Il ne donne pas de chiffres précis sur le nombre de membres d'UberX à Montréal, mais le service serait très populaire.

« On a plusieurs dizaines de milliers de Montréalais chaque semaine qui utilisent notre service sur une base régulière et qui se fient sur UberX pour être capables de se déplacer à travers la ville. »

« [On a] plusieurs centaines de chauffeurs. On a des professeurs, des ingénieurs, on a des mères au foyer qui le font pour essayer d'arrondir la fin de mois. »

— Jean-Nicolas Guillemette, directeur d'Uber à Montréal

Jean-Nicolas affirme que l'annonce de la saisie de deux véhicules de chauffeurs Uber en janvier n'a pas fait baisser la demande. L'entreprise a payé leur amende et leur a fourni une voiture de location. Il voudrait que la Ville de Montréal et le ministère des Transports négocient un nouveau cadre réglementaire avec Uber.

« Il y a eu deux véhicules, ça a été un peu anecdotique ce qui s'est passé. Et au-delà de ça, pour nous, ce qui est important, c'est de dire : ''on demande à la Ville, au lieu d'investir de l'argent et le temps des policiers, mais également les taxes des citoyens à essayer de saisir des véhicules, pourquoi vous ne prenez pas le temps de vous asseoir avec nous?'' »

LE MINISTRE DES TRANSPORTS

Le ministre des Transports Robert Poëti répète que le service d'Uber est du transport illégal, car les citoyens qui se transforment en taxi quand bon leur semble n'ont ni permis de taxi ni immatriculation commerciale. Il craint aussi pour la sécurité des utilisateurs et affirme que des compagnies d'assurance lui ont fait part de leurs inquiétudes quant à la couverture des membres d'Uber en cas d'accident.

« En ce qui me concerne, je ne vois pas de lumière au bout du tunnel pour permettre UberX. C'est bien malheureux, c'est du transport illégal. »

— Robert Poëti, ministre des Transports

Le ministre est ouvert à discuter d'un cadre réglementaire pour l'application Uber, où seuls les chauffeurs de taxi travaillent pour Uber pendant leur temps personnel. Conscient qu'un peu partout sur la planète, UberX poursuit ses activités malgré les obstacles, il n'exclut pas d'aller plus loin dans la réglementation pour nuire au service.

« Saisir les véhicules, je pense que c'est beaucoup. Et les amendes qui vont aller avec, c'est encore beaucoup. Ce n'est pas impossible qu'on pourrait ajouter de la législation pour que ce soit encore plus dispendieux », avertit M. Poëti.

LE CHAUFFEUR D'UBER

Mathieu Visser est chauffeur pour Uber depuis la fin d'octobre. Aujourd'hui, il a plus de 500 transports à son compteur dans l'île de Montréal. Il aime conduire et rencontrer des gens. D'abord à temps partiel, être chauffeur pour Uber est devenu pour lui un travail à temps plein. Il fait en moyenne une cinquantaine d'heures de conduite par semaine pour des revenus d'environ 500 $.

« Je ne suis pas un voleur de job. Je suis à mi-chemin entre un taxi et Communauto; une autopartage. Moi, je le vois comme ça aussi, ça peut aider les gens à se séparer d'une deuxième voiture, par exemple », explique Mathieu Visser.

Pour l'instant, il ne s'en fait pas trop avec son statut illégal, pas plus qu'avec le risque de voir sa voiture saisie. « Je suis ça de très près, évidemment. Mais jusque-là, Uber souhaite nous protéger et je le pense très sincèrement. Et tant que Uber ne nous fait pas signe d'arrêter, bien dans ce cas-là je leur fais confiance », affirme-t-il.

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Shannon McLaughlin / nyctaxicalendar.com
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