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Le yoga, nouvelle arme du « soft power » indien

LETTRE DE NEW DELHI. Le premier ministre, Narendra Modi, qui a nommé en 2014 un ministre du yoga, voit dans cette discipline ancestrale une occasion d’étendre l’influence internationale de l’Inde.

Par  (New Delhi, correspondance)

Publié le 16 février 2015 à 18h57, modifié le 19 août 2019 à 13h25

Temps de Lecture 3 min.

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Baba Ramdev, militant politique populaire pour son enseignement du yoga, avec Narendra Modi, en mars 2014 à New Delhi.

Lettre de New Delhi. Le « record de yoga » a été battu dimanche 15 février. L’heureux détenteur du titre est un Indien de 29 ans qui a accompli 1 500 asanas, ou positions, en quarante heures, à Hongkong. La preuve que le yoga, en entrant dans le Guinness des records, s’adapte bien à la mondialisation. Personne n’a relevé la moindre contradiction entre cette discipline, née il y a des milliers d’années en Inde, pouvant désigner « l’arrêt des fluctuations du mental » comme de l’ensemble composé du souffle, du corps et de l’esprit, et le Guinness des records, bible mondiale de la performance. Le porte-parole du ministère indien des affaires étrangères s’est empressé de tweeter la bonne nouvelle, tout comme le consulat indien de Hongkong, qui a adressé ses plus sincères félicitations.

Le yoga est devenu le nouveau « soft power » de l’Inde. A la différence du cinéma de Bollywood, il ne connaît aucune limite géographique et serait déjà pratiqué par 20 millions d’Américains. L’Inde y voit là l’occasion d’étendre son influence, alors que le pays ne compte que 900 diplomates, ce qui, à l’échelle d’une population de 1,2 milliard d’habitants et mesuré aux ambitions de l’Inde sur la scène internationale, est bien modeste.

L’arbre de Ban Ki-moon

Peu de temps après son élection, en mai 2014, le premier ministre Narendra Modi a nommé dans son gouvernement un ministre du yoga, puis est allé défendre la création d’une Journée mondiale en l’honneur de cette discipline ancestrale, à la tribune des Nations unies. Entre une allusion au confit du Cachemire et une autre à la lutte contre le terrorisme, le nouveau premier ministre s’est lancé dans un long plaidoyer pour le yoga, capable, selon lui, d’offrir « l’harmonie entre l’homme et la nature » et pouvant même contribuer à la lutte contre le changement climatique par un changement des modes de vie. L’organisation d’une Journée mondiale du yoga, qui aura lieu chaque année le 21 juin, a été votée en décembre à l’Assemblée générale de l’ONU par 177 pays. Quelques mois plus tard, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, en visite à Delhi, a pris la pose devant des photographes, dans la suite de son hôtel, en équilibre sur une jambe, en posture de l’arbre devant des conseillers médusés. Une position en dit parfois plus qu’un long discours. Ce fut la première victoire de la diplomatie du yoga.

Tandis que le yoga se répand dans le monde, et qu’il se décline sous différentes formes, pratiqué en suspension sur un hamac, nu, et même enseigné aux chiens, New Delhi veut surtout ne pas se faire voler cet héritage. Les enjeux diplomatiques, mais aussi économiques, sont bien trop importants. Cette pratique pourrait faire venir en Inde des millions d’étrangers supplémentaires et ouvrir un nouveau marché dans le secteur de la santé. En 2007, le gouvernement indien a donc vu d’un mauvais œil l’initiative d’un Américain-Indien, Bikram Choudhury, qui essaya en vain de déposer des brevets sur des postures de yoga. Non pas que New Delhi soit contre le brevetage de postures, mais il ne veut surtout pas que les Etats-Unis s’emparent de sa tradition. Les appellations d’origine contrôlée ont été un temps envisagées par New Delhi. Mais la provenance du yoga est plus difficile à certifier que celle du fromage ou du champagne.

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