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Grippe : la pire épidémie depuis la pandémie de 2009

À la moitié de l'épidémie, 728 cas graves ont été répertoriés, conduisant à 72 décès. © N. MARQUES / KR Images Presse/© Nicolas MARQUES

En raison d'une situation sanitaire jugée critique, la ministre de la Santé Marisol Touraine a décidé de déclencher le plan Orsan, réservé aux événements exceptionnels.

Il est habituel de la voir enfler tous les ans au cœur de l'hiver, mais la vague grippale version 2014-2015 déferle avec une puissance particulière. Au pic de l'épidémie, 2 millions de Français ont déjà contaminé par le virus. «On n'avait pas vu d'épidémie aussi importante depuis la pandémie de 2009-2010», estime l'épidémiologiste Isabelle Bonmarin, chargée de la surveillance de la grippe à l'Institut de veille sanitaire.

Devant la «situation sanitaire critique», dénoncée par les médecins urgentistes qui se disent débordés dans les hôpitaux, la ministre de la Santé Marisol Touraine a déclenché jeudi soir à l'échelle nationale le dispositif -plan Orsan- destiné à faire face à des situations sanitaires exceptionnelles.

«La situation est très tendue et met à rude épreuve les équipes soignantes, confirme le Pr Dominique Pateron, chef du service des urgences à l'hôpital Saint-Antoine (Paris). C'est le cas tous les ans à cette période, mais cette année, la grippe est particulièrement virulente et intense.»

À la moitié de l'épidémie, 728 cas graves ont déjà été répertoriés, conduisant à 72 décès. «Par comparaison, l'an dernier, on a comptabilisé 661 hospitalisations pour toute la saison», rappelle de son côté le Dr Bonmarin.

Le principal responsable est le H3N2

Tous les experts convergent vers la même explication: le principal responsable est le H3N2, l'un des trois virus en circulation cette année avec le H1N1 et le B/Massachusetts. Ce virus, prédominant cette saison, a relativement peu circulé ces dernières années, et la population qui l'a peu côtoyé est très vulnérable à ses attaques. Des conditions climatiques froides et humides en janvier pourraient aussi avoir favorisé l'expansion de la maladie.

À cela s'ajoute une autre difficulté. Chaque année, l'Organisation mondiale de la santé prédit en février les souches de virus susceptibles de circuler l'hiver suivant dans l'hémisphère Nord. Le vaccin antigrippe saisonnier est élaboré en cinq mois par les laboratoires pharmaceutiques sur la base de ces recommandations. Il arrive toutefois que ces souches connaissent, a posteriori, des mutations inopinées. C'est ce qui s'est produit cette année avec le H3N2: le variant «switzerland» en circulation est finalement «très différent» de celui qui avait été retenu par les experts, explique Bruno Lina, directeur du Centre national de référence des virus influenza de la région Sud à l'Institut Pasteur. Le vaccin distribué à l'automne s'avère donc sans prise contre la majorité des H3N2 en circulation.

La faible efficacité du vaccin 2014-2015, qui protège contre un peu plus de 40 % des virus en circulation, n'empêche pas les experts de déplorer la méfiance des Français à l'égard de la vaccination antigrippe, adoptée par à peine 50 % des personnes à risques (plus de 65 ans et malades chroniques essentiellement), quand il en faudrait 75 %. «L'objectif de la vaccination telle qu'elle est pratiquée en France n'est pas d'enrayer la dynamique de l'épidémie, sinon on immuniserait les enfants, qui sont à l'épicentre de la diffusion, rappelle le Pr Daniel Floret, président du comité technique des vaccinations au Haut Conseil à la santé publique. En vaccinant les personnes vulnérables, on cherche à éviter les cas sévères, potentiellement mortels.»

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23 commentaires
  • sylvain joliet

    le

    ce n'est pas d'être vacciné qui protège le groupe, c'est de ne pas attraper la grippe. Par le vaccin ou autrement. Depuis qu'un ami anglais m'a indiqué le truc, il y a 35 ans, je n'ai pas eu de grippe, moi qui en avait avant presque une par an, et forte: 1 orange (ou 1 kiwi) par jour. la meilleure tolérance, pour les personnes qui hésiteraient, c'est à la fin du petit déjeuner.

  • fc026070

    le

    J'habite la Belgique où la grippe sévit autant que chez vous.
    Depuis une semaine je soigne mon compagon.
    Ce n'est pas drôle, mais plus effficace et moins stressant que les urgences.
    Et je ne suis pas de la première jeunesse!!!

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