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Dr. Dre, le retour ?

La légende du rap West Coast sortirait d'après Ice Cube son premier album depuis 16 ans le premier août prochain. Retour sur sa carrière en 10 dates.
Dr Dre 50 ans 10 dates essentielles
© AFP

1983 : Des débuts pas très ghetto…
En 1984, Andre Young, qui se fait appeler ‘’Dr J’’ à l’époque (en référence à Julius Erving, grand basketteur) et mixe dans une boite de nuit de Compton, fait ses premiers pas en studio au sein du groupe World Class Wreckin Cru. Il devient alors Dr Dre, pseudonyme qu’il gardera. Avec notamment DJ Yella qu’il retrouvera au sein de NWA, le jeune produit quelques tubes electrofunk. Flow lancinant et costume à paillettes futuriste : on est loin de l’image de parrain du gangsta rap qu’il incarnera quelques années plus tard. Oui oui, Dr Dre en costume à paillettes. Ça vaut le détour.

1988 : L’avènement de NWA
En 1986, Dr Dre et DJ Yella quittent le World Class Wreckin Cru pour rejoindre Ruthless Records, label cofondé par un certain Eazy-E, initialement dealer de crack. Les trois hommes forment un nouveau groupe : NWA, Niggaz Wit Attitude. Mc Ren et Ice Cube les rejoignent, et la formation, au sein de laquelle Dre est à la fois producteur et rappeur, va vite faire parler d’elle. Auto-proclamés ‘’groupe le plus dangereux du monde’’, les cinq garçons des quartiers sud de L.A. sont propulsés sur le devant de la scène grâce à leur album Straight Outta Compton, notamment parce que s’y trouve le sulfureux titre ‘’Fuck tha Police’’. Mais au-delà de la simple provocation, ils parlent surtout de leur ville et de leurs émotions dans une ambiance qui sent la poudre. Le gangsta rap naît officiellement avec NWA.

1992 : Le couronnement Death Row
Après l’acrimonieuse dissolution de NWA en 1991, Dre cofonde avec l’entrepreneur Suge Knight son propre label, Death Row Records, et sort son premier album solo, The Chronic, unanimement considéré comme l’un des meilleurs albums de rap de l’histoire. En duo avec Snoop Dogg (‘’Nuthin’ but a ‘G’ Thang’’), qu’il révèle au grand public, ou Warren G (‘’Let Me Ride’’), son demi-frère, le docteur met les samples funk moelleux au goût du jour et invente le G-funk, une forme de rap lent, à la fois langoureux et menaçant. Cet album, et plus précisément la chanson ‘’Fuck With Dre Day’’, permet à Dre de régler ses comptes avec son ex-collègue Eazy-E. Ce dernier y répondra de belle manière avec son ‘’Real Muthaphukkin’ G’’. Peu de temps après, Dre produit ‘’Doggystyle’’, premier album de Snoop Dogg et premier coup de maître du Dre lanceur de talent.

1996 : Aftermath et la guerre West Coast/East Coast
En 1995, le 28 décembre, ‘’California Love’’ sort dans les bacs sur lequel Dre est en featuring avec Tupac. Ce duo de légende donne vie à un titre originellement prévu pour Dre en solo sur The Chronic 2. C’est Suge Knight qui souhaite voir le producteur se consacrer à Tupac, qui vient de sortir de prison. Cette décision mal vécue par Dre, ainsi que sa volonté de faire cesser les rivalités et la violence ambiante, le pousse à quitter Death Row pour fonder seul Aftermath Records.

1999 : Le raz-de-marée Eminem

En 1998, Jimmy Iovine, futur associé de Dre dans Beats Electronics, souffle à Dre le nom d’un jeune rappeur de Detroit se faisant appeler Eminem. Fin stratège, il décide de produire l’album de ce jeune blanc capable de séduire un public encore plus vaste que celui des stars noires du genre. Le Slim Shady LP sera vendu à 10 millions d’exemplaires. En 2000, Eminem sort ‘’The Marshall Maters LP’’, qui se vendra lui à près de 30 millions d’exemplaires. Si vous connaissez Eminem, c’est grâce à Dr Dre.

Chronic 2001
En 1999, Dr Dre retourne en studio, accompagné de Snoop Dogg, Xzibit, Nate Dogg (chanteur soul et cousin de Snoop) ou Eminem. Il sort Chronic 2001, un nouveau carton. ‘’The Next Episode’’, ‘’Still D.R.E’’ (où son couplet est co-écrit par Jay-Z), ‘’Forgot About Dre’’… Il aura fallu 8 ans à Dre pour monter son deuxième effort solo, mais ça valait le coup. L’année suivante, sa bande arpente l’Amérique du Nord pour une tournée délirante de 44 dates baptisée ‘’The Up in Smoke Tour’’.

2003 : La récidive 50 Cent
En 2002, après Eminem, Dre découvre un nouveau poulain, 50 Cent, un New-Yorkais au passé sanglant qui se vante d’avoir pris au total neuf balles dans le corps lors de sa carrière de voyou. L’année suivante sort l’album Get Rich Or Die Tryin produit par Dre et son équipe, sur lequel figurent ‘’P.I.M.P’’, ‘’If I Can’t’’, ou encore le méga succès ‘’In Da Club’’. Le single est classé treizième meilleure chanson de la décennie par le magazine Rolling Stone. Merci Andre.

2004-… : Detox
En 2004, Dre annonce la sortie prochaine de ‘’Detox’’, son troisième album, que tout le monde attend. Trois ans plus tard, pas de ‘’Detox’’, mais une annonce aux Grammy Awards : ‘’L’album va bientôt sortir’’. Trois ans plus tard, toujours pas de ‘’Detox’’, mais les sorties de ‘’Kush’’, en featuring avec Snoop Dogg et Akon, et d’ « I Need A Doctor’’ en duo avec Eminem, laissent penser que l’album tant espéré va voir le jour. Mais en 2012, Dre annonce qu’il abandonne le projet. Puis déclare en 2013 s’être remis à l’ouvrage. Bref, attendez-vous à entendre Dr Dre dire qu’il va sortir bientôt un album, mais ne vous attendez pas à pouvoir l’écouter.

2008 : Beats by Dre
En 2008, Dre cofonde Beats Music, service de musique en streaming, et Beats Electronics avec Jimmi Iovine, un ponte de l’industrie discographique. Ils lancent dans la foulée le fleuron de la marque, ce casque incontournable que vous avez sûrement apercu vissé sur la tête de quelqu’un pas plus tard qu’aujourd’hui : le Beats by Dre.

Depuis, près d’un casque haut de gamme vendu sur deux est un Beats. Alors que Lady Gaga, Justin Bieber, ou Lebron James ont leur édition spéciale, Serena Williams, Nicki Minaj ou Neymar en font la pub. La société a de quoi attirer les stars et les payer : Beats Music et Beats Electronics sont rachetées par Apple en mai 2014 pour la modique somme de 3 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros). Dr Dre devient le premier rappeur milliardaire.

2012 : Kendrick Lamar, nouveau messie
En 2011, un peu à l’écart de l’effervescence d’une nouvelle scène rap américaine plus introspective et moins violente dont les stars s’appellent Kanye ou Drake, Dre garde pourtant une oreille tendue vers ses terres de la West Coast. Après avoir produit le belliqueux The Game en 2005 avec un succès relativement modeste comparé à ses autres projets, il donne sa chance au jeune Kendrick Lamar, déjà auteur de quelques mixtapes très bien reçues. Dre se propose d’être producteur exécutif de l’album de ce dernier ‘’Good Kid, M.A.A.D City’’ et apparaît en featuring sur un titre intitulé Compton, du nom du quartier dont ils viennent tous deux. Le carton est total et Kendrick devient un phénomène dans le monde entier.