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HSBC a « honte » du scandale SwissLeaks

Les dirigeants de la banque ont affirmé que l'affaire appartient au passé, tandis que le directeur général s'est expliqué sur le compte qu'il avait en Suisse.

Par  (Londres, correspondance)

Publié le 22 février 2015 à 23h14, modifié le 23 février 2015 à 17h06

Temps de Lecture 3 min.

Le directeur général d'HSBC, Stuart Gulliver, lors d'une conférence à Hongkong en 2011.

Deux semaines après Swissleaks, qui révélait comment la filiale suisse de HSBC aidait ses clients à pratiquer l'évasion fiscale à grande échelle, les dirigeants de la banque britannique ont passé une matinée douloureuse, lundi 23 février. Rompant leur silence à l'occasion de la publication des résultats annuels, qui ont montré une baisse de 15 % du bénéfice net en 2014 à cause d'une série d'amendes versées aux autorités de régulation, ils ont présenté une nouvelle fois leurs excuses.

Stuart Gulliver, son directeur général, a même avoué sa « honte » face au comportement de HSBC Suisse au début des années 2000. « C'est une leçon d'humilité », a expliqué Douglas Flint, le président exécutif du groupe. Selon eux, la banque avait grandi beaucoup trop vite et ne maîtrisait pas ce qu'il se passait dans les cent cinquante pays où elle était présente.

Lire aussi tout notre dossier sur l'affaire Swissleaks

Les deux hommes assurent pourtant que la page est désormais tournée. Les milliers de comptes qui apparaissaient dans les fichiers transmis aux autorités françaises par Hervé Falciani, l'ancien informaticien de la filiale suisse, concernent les années 2006 et 2007. Aujourd'hui, les opérations helvétiques de HSBC se sont très fortement réduites : il y a près de 70 % de comptes bancaires en moins, pour atteindre environ 10 000.

Stuart Gulliver reconnaît que cette réduction est venue en grande partie de la fuite des clients quand ils ont appris que les fichiers de la banque étaient aux mains des autorités françaises : « Nous ne les avons pas retenus. » A cela s'est ajoutée une profonde restructuration de la filiale suisse. La stratégie de la banque privée, qui consistait à recruter de façon agressive de riches clients à travers le monde, a été interrompue. Désormais, HSBC Suisse propose essentiellement ses services aux propriétaires des entreprises avec lesquelles la banque travaille par ailleurs. Il ne s'agit plus que d'un service complémentaire.

 TOUS LES COMPTES DOUTEUX ONT ÉTÉ FERMÉS

Le nettoyage de la filiale suisse, débuté en 2008, s'est vraiment accéléré à partir de 2012, quand une politique de « transparence fiscale » a été mise en place, affirment les dirigeants. Tous les comptes de HSBC Suisse ont été passés en revue et fermés si l'enquête laissait un doute sur la situation fiscale de son détenteur, ou sur l'origine des fonds.

Par ailleurs, Stuart Gulliver a lui-même été sur le grill suite à la révélation qu'il a longtemps possédé un compte à HSBC Suisse. Selon le Guardian, l'actuel directeur général du groupe s'y faisait verser ses bonus jusqu'en 2003, via la société Worcester Equities, enregistrée au Panama. En 2007, le compte contenait 7,6 millions de dollars (6,7 millions d'euros).

Stuart Gulliver a reconnu les faits. Mais il affirme avoir déclaré cet argent, et a justifié cette ouverture de compte. Selon lui, dans les années 1990, quand il travaillait dans la salle des marchés de Hongkong, les traders avaient accès par le système informatique à tous les comptes locaux de la banque. Chacun pouvait donc espionner l'autre pour connaître le montant de son bonus. « A l'époque, j'étais le mieux payé de la banque et mon bonus était privé, puisque je n'étais pas au conseil d'administration. »

Pour éviter de révéler sa rémunération, il a donc ouvert un compte en Suisse. Mais pour que l'information ne fuite pas non plus auprès du personnel helvétique, il se faisait payer via une entreprise au Panama, sans que son nom n'apparaisse. Il a cessé cette pratique en 2003, quand il est arrivé au conseil d'administration, puisque son salaire est alors devenu public. Aujourd'hui, Stuart Gulliver dit aujourd'hui déclarer l'ensemble de ses revenus au Royaume-Uni depuis 2003, mais refuse de confirmer s'il a encore un compte en Suisse. 

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Le dirigeant a également annoncé une baisse de son bonus de 0,5 million de livres en 2015 après une baisse de 1,2 million l'an dernier, précisant que cette « baisse concerne le scandale de la manipulation du marché des devises »

Avec cet accord, HSBC met fin à une série d'enquêtes menées par le Trésor et le département de la justice américains, des agences fédérales et le procureur général de Manhattan.

La direction s'était déjà confondue en excuses auprès des investisseurs et des législateurs en raison des soupçons pesant sur sa filiale suisse. Elle devrait être soumise à un feu roulant de questions lors de son audition par des parlementaires britanniques, le 25 février.

Le 8 février, Le Monde a publié le fruit d'une enquête menée avec 55 médias partenaires sur les données de la banque. L'opération SwissLeaks met au jour un système international de fraude fiscale. Quelque 180,6 milliards d'euros étaient placés sur les comptes de près de cent mille clients de la filiale suisse de HSBC. Parmi eux, des financeurs du terrorisme, des marchands d'armes, des trafiquants de drogue et de nombreuses célébrités et dirigeants d'entreprise.

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