La Silicon Saclay, un campus moteur de recherche

Modèle de coopération scientifique, l'université Paris-Saclay réunit labos, chercheurs, entreprises et écoles.

Par Juliette Bénabent

Publié le 24 février 2015 à 08h00

Mis à jour le 30 juin 2021 à 12h28

Quatrième pays au monde pour les dépôts de brevets, sixième pour les publications scientifiques, la France est seulement… vingt-­deuxième pour les innovations (1). Pourquoi la recherche française ne se transforme-t-elle pas davantage en inventions, en produits et services inédits ?

A l'université Paris-Saclay, gigantesque chantier à 19 kilomètres de la capitale, cette valorisation est un enjeu crucial. Sur le modèle de la Silicon Valley, le campus abrite déjà onze mille chercheurs et enseignants-chercheurs, dix grandes écoles (Centrale, Supélec, Polytechnique…), plus de trois cents laboratoires, sept organismes de recherche (CNRS, CEA, Inria, Onera…), de grandes entreprises (Danone, Air liquide, Thales…), au sein d'un écosystème où chercheurs, étudiants et entrepreneurs apprennent à travailler sur des projets communs.

Pour Dominique Vernay, président de la Fondation de coopération scientifique à l'origine du projet Paris-Saclay (2), si les grandes écoles et certains organismes de recherche travaillent avec le monde industriel, « les universités sont longtemps restées à l'écart. Notre objectif est de ramener l'université dans la société ». Il faut donc enclencher de nouveaux rythmes de coopération. Or « la réactivité, indispensable à l'entreprise, est souvent mal comprise dans le monde académique », poursuit Dominique Vernay.

Traditionnellement, un laboratoire ­développe une technologie jusqu'au bout, avant d'entrer en contact avec l'industrie capable de la transformer en produit à mettre sur le marché. Pierre Gohar, directeur de l'innovation et des relations avec les entreprises à Paris-Saclay, veut impliquer beaucoup plus tôt les industriels dans l'émergence des technologies. Avec les chercheurs, ils examineront « les perspectives de valorisation et les débouchés sur le marché international ». Avec pour corollaire, le partage de la propriété intellectuelle sur le brevet.

Le campus dépose plus de deux cents brevets par an. Air liquide, Thales ou EDF, présents sur le campus, participent à ces « programmes de liaison industrielle ». Pendant des mois voire des années de « maturation », la recherche s'adosse ainsi à un industriel, qui lui fournit ressources de marketing et études de marché, puis achète la technologie qu'il a donc contribué à développer. Objectifs : « que les grands industriels, partout dans le monde, développent des partenariats avec Paris-Saclay comme ils le font avec le MIT ou Harvard » ; et que le campus devienne « capable de transformer les technologies nouvelles en entreprises nouvelles » – ces fameuses start-up à croissance très rapide, encore trop peu nombreuses en France.

En 2014, trente et une sont nées du campus ; le but est d'avoir multiplié ce chiffre par deux dans dix ans. Dans le respect des compétences de chacun : « On n'attend pas d'un futur Prix Nobel qu'il fasse de la valorisation, résume Dominique Vernay, mais qu'il accueille dans son équipe des gens dont c'est le métier. Chacun doit sortir de ses tranchées. »

(1) Sources : ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et classement Insead-OMPI.
(2) Université créée par décret le 31 décembre 2014.

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