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Ce matin, allons droit au but : François Hollande peut-il perdre le PS ? Y a-t-il un risque ?
Oui, clairement, il y a un risque. Déjà : pourquoi cette question se pose ? La raison est simple. Début juin, il va y avoir un congrès du PS, ils vont tous se réunir à Poitiers pendant trois jours. Avant de venir, ils auront voté pour des textes d'orientation, ce qu'ils appellent des motions. Chaque texte aura un premier signataire qui aura vocation à être candidat au poste de premier secrétaire, patron du parti. Aujourd'hui, c'est Jean-Christophe Cambadélis qui l'est et il compte bien garder les clefs de la boutique. C'est un bon stratège, qui a le don de jongler habilement avec toutes les sensibilités, et en plus il a le soutien de François Hollande et Manuel Valls...
Alors quel est le problème ?
Les problèmes ! Il y a au PS ce qu'on appelle une aile gauche, qui a toujours trouvé que François Hollande ne respectait pas ses promesses de campagne et déviait un peu trop sur la droite. Cette aile gauche, qui représentait près de 20 % du parti en 2012, a depuis été rejointe par des socialistes plus modérés, les frondeurs. Les rangs ont grossi au point que le gouvernement a dû employer le 49.3 pour faire passer la loi Macron. Un acte d'autorité qui n'a pas du tout plu au sein du parti. Ces troupes n'attendent qu'une chose : le résultat des élections cantonales. Si c'est une claque monumentale, si la gauche perd encore des élus, et donc du terrain, il va falloir s'attendre à ce que le congrès serve de défouloir. Après tout, ce sera une très belle occasion de redire qu'il faut réorienter la politique économique et sociale du pouvoir...
Et qui représentera cette aile gauche ?
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C'est un peu leur problème. Benoît Hamon en rêve, mais il est très affaibli ; Arnaud Montebourg devrait se tenir éloigné ; Emmanuel Maurel pourrait s'en charger, mais il manque un peu de notoriété. Reste Martine Aubry. Le problème avec elle, c'est qu'elle n'a envie de rien, à part de ne pas laisser à Hollande le monopole de la gauche. C'est un moteur assez puissant pour qu'elle décide de déposer sa motion, qui serait évidemment en opposition sur le fond avec ce gouvernement qui a fait voter l'assouplissement du travail du dimanche... Un problème de civilisation, disait-elle.
Qu'est-ce que François Hollande compte faire ?
Clairement, il ne peut pas se permettre d'être mis en minorité dans un congrès du PS. Il a donc plusieurs armes : un remaniement qui ouvrirait le gouvernement à des personnalités plus marquées à gauche. Ça, c'est pour la forme, l'affichage. Et puis sur le fond, Manuel Valls a présenté hier sa réforme du dialogue social dans les entreprises, et sur ce sujet, il devrait tenter d'y aller en douceur, pour ne pas froisser encore un peu plus ses opposants internes. Un ministre me disait hier : "Il ne fera pas un texte pour braquer dans un tel calendrier, à moins de vouloir foutre le feu." L'incendie prendrait à coup sûr au congrès.
Encore un article qui fait avancer la réflexion sur la situation de la France, et les possible solutions pour nous faire... sortir de nos difficultés.
Et Valls l'avait déjà devancée, quand il déclarait en octobre dernier que "le socialisme risquait de disparaître". Certe...s, Cambadélis "compte bien garder les clefs de la boutique" de Solférino mais c'est sans réaliser que le dépôt de bilan est imminent et si la place est bonne, son fauteuil est éjectable ! Au chevet d'un socialisme moribond, Aubry pourrait effectivement avoir une carte à jouer pour avoir vécu l'expérience du congrès de Reims où, avait-elle dit avoir récupéré des mains de Hollande "un cadavre debout"... L'histoire se répète donc mais à plus grande échelle ! L'hypothèse "Aubry" est d'autant plus crédible qu'elle n'a finalement aucune intention de "laisser à Hollande le monopole de la gauche" qu'il bafoue à ses yeux depuis 2012. Hollande est piégé. Un remaniement réduit à de l'affichage, n'abuserait personne et pour sa réforme sur le dialogue social, Valls sera tellement coincé entre ses gesticulations plus à droite qu'à gauche, qu'il risque fort de rester bloqué dans le portillon. Si le meeting du Bourget de Hollande avait lieu aujourd'hui, Sarkozy serait élu haut la main avec toutes les voix de gauche !... Quitte à avoir une politique jugée de droite par les socialistes, ceux-ci n'hésiteraient pas entre le savoir-faire de l'original et les tâtonnements d'une reproduction !
Donc à partir de maintenant, le ps ne fera plus aucune réforme susceptible d'énerver qui que ce soit (dans son camps éla...rgi) ! Il ne s'est pas passé grand chose en deux ans, et c'est la glaciation pour le reste du mandat de pépére ! S'il pense sauver sa tête comme ça, ok, on verra !