
L'opposant russe Boris Nemtsov a été abattu dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 février dans le centre de Moscou, à quelques pas du Kremlin, a rapporté la police de la capitale. Il se promenait avec une jeune femme venant d'Ukraine sur le Grand Pont de pierre enjambant la Moskova, lorsqu'il a été pris pour cible par un tireur circulant dans une voiture.
Selon les forces de l'ordre, citées par l'agence de presse RIA Novosti, plusieurs personnes ont été témoins de cet assassinat, qualifié samedi matin de « minutieusement planifié » par les enquêteurs russes : « Boris Nemtsov se rendait avec sa compagne à son appartement, qui est situé non loin du lieu des faits. Il est évident que les organisateurs et les auteurs de ce crime étaient informés de son trajet. »
Le président Vladimir Poutine a estimé que cet événement « porte les marques d'un meurtre commandité et a tout d'une provocation ». Boris Nemtsov a été touché par quatre coups de feu, a précisé le gouvernement. Un important dispositif policier a été déployé sur les lieux. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a également indiqué que le chef de l'Etat russe avait demandé au Comité d'enquête, au ministère de l'intérieur et au FSB (ex-KGB) d'enquêter sur cette tragédie.
Des révélations annoncées sur l'Ukraine
Ancien vice-premier ministre de Boris Eltsine, il avait organisé plusieurs marches pacifiques contre la guerre en Ukraine. Dans son dernier message posté sur le réseau social Facebook, il réaffirmait l'illegalité de l'annexion de la Crimée.
Le président ukrainien Petro Porochenko a réagi à son meurtre sur son compte Facebook :
« [Boris Nemtsov] était un pont entre l'Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d'un assassin. Je pense que ce n'est pas par hasard. »
A la télévision, M. Porochenko a assuré que Boris Nemtsov avait été assassiné parce qu'il « disait qu'il allait révéler des preuves convaincantes de l'implication des forces armées russes en Ukraine. Quelqu'un avait très peur de cela, ils l'ont tué ».
M. Nemtsov devait participer dimanche 1er mars à l'une des plus importantes démonstrations de protestation depuis des mois dans la capitale russe. Il avait repris le flambeau de l'organisation de cette dernière après l'arrestation d'Alexeï Navalny pour distribution de tracts mi-février. Un autre responsable de la manifestation, Leonid Volkov, a annoncé que celle-ci était annulée et remplacée par une marche à la mémoire de l'opposant assassiné.

Agé de 55 ans, il était, avec l'ancien champion d'échecs Garry Kasparov, le leader du mouvement d'opposition Solidarnost. Il avait aussi dénoncé à plusieurs reprises l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver à Sotchi, et même rédigé un rapport sur la corruption à l'occasion de cet événement. Il y a une quinzaine de jours, il avait confié lors d'une interview à l'hebdomadaire russe Sobesednik sa peur d'être assassiné (lien en russe).
Sur France Info, la politologue et spécialiste de la Russie Hélène Blanc a estimé de son côté que ce meurtre avait toutes les apparences d'un assassinat politique.
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