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Politique

Les Français ont-ils encore confiance dans leurs institutions politiques?

INTERVIEW Martial Foucault présente les conclusions du baromètre sur la confiance politiques des Français envers leurs institutions. La tentation du repli soi gagne du terrain.
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PHOTOS. Attentats : l'hommage national aux 3 policiers tués
François Hollande, Manuel Valls, et Bernard Cazeneuve, dans la cour de la préfecture de police de Paris, le 13 janvier 2015, lors de l'hommage rendu à Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet et Clarissa Jean-Philippe, les trois policiers tués dans les récents attentats commis dans la capitale.
AFP PHOTO PATRICK KOVARIK

Dans la réédition de votre baromètre vous notez un sursaut de la confiance envers les institutions. Est-ce l’un des effets post attentats de Paris ?

Parmi les mouvements observés entre décembre 2014 et fin janvier 2015, le sursaut de confiance vis-à-vis des institutions politiques est le plus spectaculaire. En particulier, l’exécutif (Présidence de la République et Premier ministre) capitalisent fortement sur la gestion des événements de crise. Phénomène que l’on avait déjà observé en septembre 2001 aux Etats-Unis ou en juillet 2005 à Londres.

Même s’il y a un rebond, les institutions politiques nationales restent à des niveaux très bas de confiance. Comment expliquer le fait que les institutions locales soient beaucoup plus  populaires que celles nationales ?

Il existe en France un clivage marqué entre les institutions politiques locales et les institutions politiques nationales. Au fond, la confiance élevée vers le maire, le conseiller général ou régional traduit une confiance de proximité, une confiance vers le “bas”. Environ 2/3 des Français ont confiance vers le local. A l’inverse, les députés, le gouvernement et le Président de la République incarnent une défiance vers le “haut”. Globalement, la France se situe parmi les pays européens où le niveau de confiance institutionnelle est le plus faible. Cette situation traduit d’une certaine manière une attente très forte des Français vis-à-vis des gouvernants dans un esprit jacobin. L’agenda des réformes est porté par le gouvernement national et non par les gouvernements locaux sur certains enjeux, ce qui est le cas dans des pays de tradition décentralisatrice.

Comment interpréter la relative confiance des Français envers l’Union européenne qui coiffe l’Assemblée nationale et le Sénat. N’est-ce pas un paradoxe ?

Il est vrai que la perception des Français vis-à-vis de l’UE progresse de nouveau (44% des Français ont confiance contre 41% pour l’Assemblée nationale). Mais lorsque nous interrogeons les Français sur la confiance portée à l’endroit des députés européens, seuls 33% d’entre eux ont confiance contre 48% pour les députés français. Ce paradoxe souligne l’attachement à une relation de proximité avec le représentant à l’Assemblée nationale. A l’inverse, la distance plus grande, voire le déracinement géographique des Français avec leurs représentants européens, réduit le niveau de confiance vers la fonction de député européen. Retenons que pour ces deux fonctions, c’est toujours moins de 1 Français sur 2 qui reste confiant vis-à-vis du pouvoir législatif. Cette défiance est confirmée par le fait que 85% des Français considèrent que les responsables politiques ne se préoccupent pas de ce que les gens pensent.  

Enfin, on voit que la tentation du repli sur soi progresse. Est-ce l’un des effets de la crise économique et sociale que nous traversons ? Et cela augure-t-il une percée électorale pour le FN, notamment aux départementales de mars prochain ?

Si les attentats de janvier ont marqué un retour du politique, une profonde solitude morale traverse le pays. La crise économique et sociale continue de produire ses effets destructeurs non seulement sur le terrain des inégalités, du lien social mais aussi sur celui des valeurs. En effet, une majorité de Français sont demandeurs d’une plus grande protection vis-à-vis de l’extérieur, créant ainsi les conditions d’un repli sur soi mais aussi de tensions plus fortes entre groupes sociaux et religieux. Bien qu’il faille rester prudent sur l’interprétation de telles données, il est évident que l’esprit du 11 janvier et sa déclinaison en grand mouvement unitaire était d’une certaine manière par trop idéalisée. Les prochaines échéances électorales sonneront le glas de cette séquence avec une progression très forte du Front national aux élections départementales (avec un grand nombre de duels FN-PS ou FN-UMP) sans que cela ne se traduise par la conquête de départements par le parti frontiste. Le mode de scrutin régional [les élections régionales auront lieu fin 2015] peut en revanche donner au FN un rôle d’arbitre, voire de faiseur de majorité régionale, si la popularité du parti se maintient à son niveau actuel (24 % d’opinions favorables).

 

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