
FRONT NATIONAL - Bien que freiné par les polémiques incessantes sur les dérapages de certains de ses candidats sur les réseaux sociaux, le FN aborde en confiance la dernière ligne droite avant le premier tour des élections départementales.
Convaincue qu'elle se classera en tête au soir du 22 mars, la formation de Marine Le Pen réunit en nombre ses candidats titulaires ce samedi 28 février à Paris. Objectif: parfaire les argumentaires et battre le rappel des troupes avant la campagne officielle. La présidente du parti d'extrême droite clôturera la convention par un discours, comme elle l'avait fait en novembre 2013, quatre mois avant les élections municipales.
Mais contrairement au scrutin de mars 2014, le FN n'affiche pas ou peu de pronostics chiffrés en vue des élections départementales. Il faut dire que le scrutin majoritaire à deux tours lui est historiquement défavorable, d'autant que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen peine toujours à forger des alliances avec d'autres formations politiques.
Le Front national a pourtant toutes les raisons d'être optimiste. Tout d'abord, il ne peut qu'améliorer son score précédent (15%) et son quota d'élus. Il ne dispose aujourd'hui que de deux sortants. Lors des précédentes européennes, élection à un seul tour, le parti a oscillé entre 40 et 48% des voix dans une petite vingtaine de cantons et a franchi la barre de 38% dans 132 d'entre eux.
Une dynamique qui devrait se confirmer au niveau national: avec 30% des intentions de vote, le FN est donné en tête au premier tour avec deux points d'avance sur l'UMP-UDI (28%) et dix sur le PS (20%), selon un sondage Ifop pour Le Figaro. Sans pour autant garantir la conquète de la présidence d'un département.
Voici les départements où le FN veut marquer les esprits.
Surprise du scrutin européen de mai 2014, l'Aisne a offert au Front national sa plus belle moyenne départementale: 40,02% des voix, soit presque deux points de plus que le fief du Pas-de-Calais et cinq points de plus que le Var, berceau historique du vote FN. Aux municipales, l'Aisne avait en outre offert une mairie au parti de Marine Le Pen, celle de Villers-Cotterêts, dirigée depuis par le secrétaire départemental du Front Franck Briffaut.
Comme le relève le site de France3 Régions, le Front national a obtenu dans 40 des 41 cantons de l'Aisne un score supérieur à 12,5% des inscrits aux dernières européennes. Autrement dit: il est en position de se maintenir au second tour dans la quasi-totalité des circonscriptions. Encore faut-il l'emporter, ce qui est encore loin d'être sûr.
Depuis que la présidente du Front national a décidé d'y faire campagne, le Pas-de-Calais s'est mué en laboratoire de la stratégie du "ni droite ni gauche" du marinisme. Avec un certain succès puisque Marine Le Pen a frôlé l'élection aux législatives de juin 2012. Son bras droit, Steeve Briois, a été élu maire d'Hénin-Beaumont dès le premier tour des municipales de mars 2014. Et deux mois plus tard, la liste dirigée par Marine Le Pen aux européennes obtenait une moyenne de 38,87% des voix sur le département.
Suffisant pour faire basculer le département? Dans au moins deux cantons jouxtant Hénin-Beaumont, le FN frôle la barre des 50% des voix aux dernières européennes. Mais le PS reste fort et l'UMP est en difficulté dans le département. Les reports des voix des électeurs de droite joueront donc un rôle prépondérant.
Dans l'Oise, aujourd'hui dirigée par un PS affaibli, le FN joue presque à domicile. Aux dernières cantonales, le parti d'extrême droite y avait dépassé les 24%, soit presque dix points de plus que sa moyenne nationale. Aux élections européennes, la progression est incontestable: 38,23% de moyenne sur le département, ce qui en fait un des plus favorables au Front national. C'est aussi là que Marine Le Pen a dépêché sa prise de guerre à l'UMP, l'ancien secrétaire national Sébastien Chenu, lui-même ancien conseiller municipal de Beauvais.
Cette dynamique du FN dans l'Oise s'est confirmée lors de la dernière élection législative partielle dans la 2e circonscription. Le Front y a certes été battu au second tour par le député sortant UMP Jean-François Mancel, mais avec un écart de seulement 789 voix. Or, le Front national a prouvé qu'il pouvait trouver des réservoirs de voix à gauche dans ce département. Un atout considérable étant donné que, si son électorat ne se démobilise pas, le FN pourrait être capable de se maintenir dans au moins 34 des 41 anciens cantons.
Avec 37,15% des voix en moyenne aux élections européennes, la Somme figure dans le quinté de tête des départements de conquête du Front national. Présidé par le Parti socialiste, le département est menacé par le climat défavorable à la gauche. Symptôme du pouvoir d'attraction qu'y exerce le FN, une ancienne élue socialiste Céline Maillard s'y présente sous les couleurs du parti d'extrême droite.
Le Front national a investi toutes ses forces dans le département d'élection de sa députée Marion Maréchal-Le Pen, aujourd'hui dirigé par une faible majorité socialiste. Le parti d'extrême droite y a recruté plusiers candidats venus de la droite et de l'UMP. Et il mise gros sur les cantons jouxtant la ville d'Avignon où le FN s'est qualifié pour le second tour des municipales de mars dernier.
Avec 36,42% de moyenne départementale aux dernières européennes, le Front national peut espérer, en cas de vague bleue marine, faire tomber le conseil général. Mais il faudra pour cela s'entendre avec la Ligue du Sud du député-maire Jacques Bompard, qui présente des candidats dans six cantons. Or les relations ne sont pas toujours simples entre l'ancien cadre du FN et son ex-formation politique.
Rien n'est joué dans le Var où l'UMP est bien implantée et le PS peu présent. Pour autant, le FN espère bien y concrétiser l'élan des municipales qui a vu tomber les villes de Fréjus, de Cogolin et de le Luc. Le maire de Fréjus, David Rachline, a même réussi l'exploit de se faire élire sénateur. L'un des rares conseillers généraux sortants du FN est d'ailleurs issu du département.
De quoi nourrir quelques espérances. Avec ses 34,96% de moyenne aux européennes, le Var "fait partie des départements où il y a une probabilité de gagner", estime le secrétaire départemental du FN Frédéric Boccaletti mettant en exergue "les secteurs où nous sommes très bien implantés". Mais "il faut encore arriver à la majorité, c'est très difficile de faire des pronostics", tempère-t-il.
Les objectifs sont néanmoins ambitieux: 12 cantons sont à portée de main. Il faudra le double pour diriger le Var.