Serge Lasvignes, nouveau président du Centre Pompidou
Le secrétaire général du gouvernement, Serge Lasvignes, a été nommé ce mercredi en Conseil des ministres. Il succède à Alain Seban.
Par Martine Robert
Au Conseil des ministres de ce mercredi, Serge Lasvignes, secrétaire général du gouvernement, a été désigné pour succéder à Alain Seban à la tête du Centre Pompidou. Un choix qui suscite d’importants remous dans un monde de la culture tenu à l’écart de cette nomination et où l’on s’interroge sur la méthode retenue. Non qu’il s’agisse de remettre en question les compétences de l’heureux élu pour piloter ce paquebot de l’art. Mais une fois de plus, la légitimité de ce choix, qui relève plutôt d’un jeu de chaises musicales, n’est pas flagrante : il fallait libérer ce poste de secrétaire général pour un autre haut fonctionnaire, probablement Marc Guillaume, secrétaire général du Conseil constitutionnel, qui laisserait, lui, son fauteuil à Christophe Chantepy, ex-directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault à Matignon.
Réactions stupéfaites
Dans le microcosme de l’art, la perspective de cette nomination suscite des réactions stupéfaites : « C’est la nomination la moins pertinente que le Centre Pompidou ait jamais connue depuis sa création », s’indigne déjà un professionnel du secteur. « Il ne connaît rien à l’art contemporain et ne s’y intéresse pas particulièrement », s’emporte un autre.
Ce choix déroute plus d’un professionnel du secteur dans la mesure où Beaubourg est le numéro deux mondial des musées d’art moderne et contemporain, après le Moma de New York. Une grosse PME au budget de 130 millions d’euros, recevant 3,5 millions de visiteurs par an. « C’est dire à quel point les politiques ne mesurent pas l’enjeu », déplore un autre acteur du milieu culturel.
Un musée complexe
Alain Seban s’est d’ailleurs attaché à développer le rayonnement international du fleuron français, notamment dans le Golfe et en Europe, avec bientôt un Centre Pompidou à Malaga. Beaubourg est un musée particulièrement complexe à manœuvrer pour échapper aux pièges d’un marché de l’art de plus en plus spéculatif, à l’heure où les subventions de l’Etat se réduisent.
A défaut d’avoir occupé d’autres fonctions dans le monde de la culture, Serge Lasvignes a enseigné pendant sept ans comme professeur agrégé de lettres dans le collège de Malesherbes (Loiret), avant de prendre, en 1985, une année sabbatique pour travailler l’économie et le droit, ce qui lui a ouvert les portes de l’ENA. C’est donc un littéraire qui prend la tête du temple de l’art moderne et contemporain.