SONDAGE - C'est devenu un rituel à chaque rendez-vous électoral: l'abstention est guettée avec hantise par les appareils politiques qui redoutent de voir leur électorat se démobiliser. Une tendance lourde dans les bureaux de vote à laquelle les élections départementales des 22 et 29 mars ne devraient pas échapper.
A moins de trois semaines du premier tour, un tout petit peu plus de 5 Français sur 10 (52%) se déclarent intéressés par ce scrutin, selon le baromètre YouGov du mois de mars réalisé en exclusivité pour Le HuffPost et Itélé. A peine 36% des personnes interrogées se disent par ailleurs certaines d'aller voter.
Le conseiller départemental à peine plus populaire que le sénateur
Il est vrai que le contexte politique ne prête guère à l'enthousiasme. Si pour une fois le scrutin se veut national, le débat (avorté) autour de la suppression pure et simple des départements, le flou persistant autour de leurs prérogatives (la loi NOTRe qui fixe leurs compétences n'est pas encore adoptée) et la constitution de grands cantons pour mettre en place un scrutin paritaire ont contribué à brouiller la lisibilité d'une élection déjà traditionnellement boudée par les électeurs.
Les craintes de l'UMP et du PS vis à vis d'une probable percée du Front national ont par ailleurs monopolisé les débats au détriment des questions de fond dans les départements. Seuls 23% des personnes interrogées par YouGov indiquent ainsi vouloir voter sur des critères strictement départementaux. 44% indiquent qu'ils se prononceront sur la base de leurs préoccupations locales et nationales.
Résultat des courses: le conseiller départemental fait figure de mal aimé des élus de proximité. Seuls 5% des personnes interrogées citent leur ancien conseiller général (l'ancien nom du conseiller départemental) comme un élu dont ils se sentent proches, loin derrière leur maire (39%) et, dans une moindre mesure, leur député (8%). Certes, les conseillers régionaux ne font guère mieux. Mais seuls les députés européens (3%) et les sénateurs (2%), qui ne sont même pas élus au scrutin direct, se classent moins bien dans la hiérarchie des représentants du peuple français.
Pas de majorité pour supprimer les départements
Cette image en demi-teinte du conseiller départemental ne doit toutefois pas éclipser l'attachement encore palpable des Français à leurs départements. Héritage de la Révolution française, les départements demeurent un échelon de proximité administrative très bien identifié, notamment dans le monde rural, notamment pour son rôle de redistribution sociale.
Ce qui explique en partie pourquoi le principe même de leur suppression est loin de faire l'unanimité dans l'opinion. Seuls 37% des Français sont prêts à l'envisager, 49% y sont opposés. Cette question clive fortement d'un parti politique à l'autre. Alors que l'UMP prône elle aussi la suppression des conseils généraux, 52% de ses sympathisants s'y opposent. Une opposition qui atteint 56% chez les sympathisants d'extrême gauche et 66% chez les électeurs de Marine Le Pen.
Malgré l'émergence puis le renforcement des régions (et demain des super-régions) qui ne cessent d'empiéter sur ses compétences, le département conserve donc une part de sa légitimité historique. Un argument de poids pour le Front national qui a fait de la défense de cet échelon administratif la pierre de voûte de sa stratégie électorale.
» Retrouvez les 10 personnalités politiques les plus appréciées et les plus détestées au mois de mars: