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L’apprentissage, voie de garage ou voie royale ?

Le nombre d’apprentis est en baisse en France. François Hollande veut inverser la tendance. L’apprentissage est souvent considéré comme une voie de garage. Il peut pourtant être un gage de réussite et d’emploi dans de nouvelles filières, comme le numérique.

Temps de lecture: 3 min

Il s’en est fallu de peu pour que Claire Lefebvre, 19 ans, ne parte cet été pour le Brésil pour la finale internationale des Wordkills, les Olympiades des métiers. Claire a terminé sur la troisième place du podium national, médaille de bronze. Mais la jeune femme se tourne déjà vers la prochaine compétition, dans deux ans, à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis. La première épreuve qualificative aura lieu dès l’an prochain. Alors elle travaille son esprit de compétition.

Un esprit bien loin d’elle quand elle entre en première année d’apprentissage au CFA de Lesquin. Thierry Vermessen, son formateur et entraîneur pour ces Olympiades, se souvient d’une jeune fille timide. Claire a alors 15 ans et n’est sûre que d’une chose : elle veut devenir fleuriste, vocation née autour des bouquets achetés le dimanche pour ses grands-mères et confortée par un premier stage, trois jours à la Saint-Valentin : « Ça m’a plu. »

Claire le concède, dans un sourire, elle n’est pas, alors, une brillante élève : « Le brevet, je l’ai eu à 10 tout pile. » Ce qu’elle aime : bricoler, travailler de ses dix doigts, créer. Ses parents la soutiennent, ne la contraignent pas à « passer son bac d’abord ». Une chance car au collège, c’est à elle de se débrouiller pour trouver le centre d’apprentissage. « Je pouvais m’inscrire pour le lycée général, professionnel mais pas pour apprentissage-fleuriste. On a dû chercher par nous-mêmes. »

Au centre d’apprentissage de Lesquin, c’est le début de la réussite. Claire a 15 de moyenne, passe son BP. A envie. Sa technique lui ouvre les portes de l’excellence et les concours changent le regard sur son travail et son parcours : « Je prends des photos, montre ce que je sais faire. En concours, je peux créer des choses incroyables. En magasin, il y a un budget à respecter. »

«  Celles qui sont motivées trouvent du boulot  »

Cette créativité, cette envie, cette motivation sont les raisons pour lesquelles Aurélie Desrubeaux l’emploie il y a cinq mois, en CDD, dans sa boutique Bouquets Passion, à Montigny-en-Ostrevent. Claire est fraîchement diplômée. « Elle a une vraie touche personnelle. »

Aurélie Desrubeaux a eu du mal à trouver deux salariées. L’apprentissage, fleuriste n’est pas toujours un choix. Mais pour Thierry Vermessen, formateur jusqu’à peu à l’Institut de Genech, il ne fait aucun doute : « Celles qui sont motivées trouvent du boulot. »

Et pour Claire, il n’y a jamais de relâche. « Ce sont des métiers pour lesquels il faut être en formation permanente et qui nécessitent, pour réussir, de s’ouvrir et se nourrir de tout : dans des expositions, des livres, des voyages… », explique Thierry Vermessen. « L’intérêt des Olympiades est d’ailleurs de montrer d’autres voies. » D’ouvrir tout un champ des possibles.

Avant ce concours, Claire imaginait tenir sa propre boutique. « Maintenant, je me dis que je peux faire plein de choses et peut-être travailler à l’étranger. » Aux États-Unis ou au Canada, pays en mal de fleuristes, assure Thierry Vermessen. « Mais il me faut parfaire mon anglais avant. »

Un exemple de réussite loin d’être unique. Alors pourquoi l’apprentissage n’est pas plus valorisé en France ? Pour Thierry Vermessen, « il y a toute une culture à revoir, il faudrait prendre exemple sur les pays scandinaves. Au collège, les professeurs n’en parlent pas. » Et des jeunes de revenir vers l’apprentissage, le bac en poche.

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