Et maintenant des assurances contre le cancer

SANTE. Un cinquième courtier vient de se lancer sur un nouveau marché : la «garantie anticancer» pour prendre en charge le surcoût lié à la maladie. Choquant ?

Les femmes âgées de 50 à 74 ans bénéficient d’une mammographie
gratuite à effectuer tous les deux ans.
Les femmes âgées de 50 à 74 ans bénéficient d’une mammographie
gratuite à effectuer tous les deux ans.
(LP/Delphine Goldsztejn.)

    S'assurer contre un possible cancer féminin ? C'est ce que propose depuis peu un courtier en assurances parisien. Il ne s'agit bien sûr pas de promettre que jamais le cancer ne frappera une femme en son sein ou son intimité. « Défense cancer féminin » propose aux 18-60 ans de se garantir un capital et des services pour l'éventuel jour où un mauvais diagnostic chamboulerait leur vie. Cette offre, qui interroge, voire fait tiquer celles qui comme Agnès Rousseau savent ce que la maladie implique d'injustices, n'est en réalité pas tout à fait innovante en France. Cinq sociétés proposent désormais cette prévoyance spécial cancer, l'américaine Metlife ayant fait office de précurseur en 2011. Quatre assureurs ciblent exclusivement les cancers féminins. Le cinquième assure tous les cancers, y compris pour les hommes.

    Un marché encore timide

    Tous se sont appuyés sur ce constat : une femme sur huit sera confrontée au seul cancer du sein dans sa vie. Tous partent aussi de l'état des lieux peu réjouissant, que décrit régulièrement une association comme la Ligue contre le cancer. Le cancer, outre qu'il ravage corps et vies, coûte cher. Si l'on y survit mieux avec des traitements de plus en plus pointus et remboursés à 100 %, ses séquelles pèsent lourd financièrement aussi, entre travail perdu pour certains et frais restant à charge pour tous, comme les dépassements d'honoraires et soins dits de confort entre autres.

    « En Scandinavie, ce genre de garantie marche bien », sourit la responsable marketing du contrat Soa proposé pour AIG. « Nous avons adapté une idée que nous commercialisions déjà bien au Japon », explique son homologue chez Metlife. Le nombre de souscriptions ne sera dévoilé chez aucun, mais on confie que ce marché de niche est encore assez timide.

    «Les Français superstitieux»

    « Les Français, plus cigales que fourmis, ont un frein superstitieux vis-à-vis de tout contrat non obligatoire de prévoyance, hors invalidité et décès. » Soucieux aussi de ne pas se voir reprocher de marchandiser la peur, les assureurs marchent d'ailleurs sur des Å?ufs. Sans grand racolage publicitaire, entourant avec précaution leur offre de capital d'un volet services.

    Les réactions à ce nouveau type de contrats sont pour l'instant prudentes. « Si cette prévoyance ciblée devait se généraliser maladie par maladie, cela poserait des questions éthiques », prévient toutefois Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé à Sciences-po.