ENTRETIEN Les travailleurs pauvres toujours plus nombreux

Nina Schmidt est membre de l’Observatoire des inégalités
Propos recueillis par Francis Brochet - 04 mars 2015 à 05:01 | mis à jour le 04 mars 2015 à 08:12 - Temps de lecture :
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La France compte beaucoup de travailleurs pauvres ?

Oui, on compte qu’il y a environ un million de personnes en France qui travaillent, et ont moins de 828 euros par mois pour vivre, prestations comprises. C’est un chiffre en hausse depuis le début des années 2000, et cela s’accentue depuis la crise de 2008 : nous avons près de 90 000 travailleurs pauvres aujourd’hui.

Comment expliquer cette hausse, au-delà de la crise ?

Il y a la faiblesse des salaires, qui augmentent très peu depuis des années.

Il y a les familles nombreuses, où l’un des conjoints ne travaille pas pour s’occuper des enfants, car les modes de garde sont trop chers. Et le développement du temps partiel dans des secteurs comme les services à la personne, l’hôtellerie, la restauration, où on alterne entre petits boulots et chômage. N’oublions pas les femmes qui élèvent seules leurs enfants, obligées de travailler à temps partiel, d’ailleurs souvent dans les services à la personne, car faire garder les enfants leur reviendrait plus cher.

La « prime à l’activité » relève d’une logique : inciter les gens à travailler, plutôt qu’à être assisté… C’est justifié ?

Mais il y a des « assistés » dans toutes les couches de la population, y compris les plus favorisées, car nous bénéficions tous des aides de la collectivité.

Après, c’est une question de société : trouve-t-on normal d’aider ceux qui sont le plus en difficulté ? Je crois aussi que la majorité des travailleurs pauvres aimeraient travailler davantage pour pouvoir vivre mieux.

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