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Les femmes investissent le sport de haut niveau, mais les inégalités persistent

La France affronte l'Angleterre mardi en Coupe du monde de football féminin, au Canada. Les Bleues sont 3es au classement mondial mais les matchs ne seront pas retransmis sur les chaînes nationales.

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Publié le 07 mars 2015 à 14h39, modifié le 09 juin 2015 à 14h33

Temps de Lecture 5 min.

L'équipe de France de football féminin joue mardi 9 juin son premier match de la Coupe du monde, organisée au Canada jusqu'au 5 juillet. Les Bleues sont 3e au classement mondial mais pourtant, les matchs ne seront pas retransmis sur les grandes chaînes nationales (uniquement sur la TNT avec W9 et par satellite avec Eurosport).

Si, en France, les femmes sont de plus en plus nombreuses à être licenciées d'une fédération sportive, la féminisation du sport ne se retrouve pas forcément dans la pratique de haut niveau.

1. Combien sont-elles ?

En France, elles sont 2 400 aux côtés de leurs 4 600 homologues masculins. C'est 2 % de plus qu'il y a dix ans. Lentement, les femmes investissent le sport de haut niveau, tel qu'il est défini par le ministère des sports.


Le sport de haut niveau, c'est quoi ?
Selon le ministère des sports, il s'agit de « l'excellence sportive ». C'est une commission nationale qui détermine pour chaque sport les critères pour devenir sportif de haut niveau. Parmi ces critères, la participation à des compétitions officielles internationales de référence, telles que les Jeux olympiques, les championnats du monde et les championnats d'Europe. Le graphique ci-dessous donne un aperçu du nombre de femmes recensées dans cette catégorie en France en 2014, hors fédérations de football et de rugby, dont le décompte ne tient pas compte des joueurs de Ligue 1, Ligue 2, Top 14 et Pro D2.

 

2. Y a-t-il plus de sportives qu'avant dans les sports collectifs ?

L'évolution est discrète mais visible dans certains sports, comme le football. En 2014, près de 150 footballeuses françaises jouaient en D1, le premier championnat féminin français, organisé par la Fédération française de football. C'est 14 % de plus qu'en 2008. De même au rugby, où le Top 8 – équivalent chez les femmes du Top 14 masculin – comptait en 2014 dans ses rangs 18 % de joueuses de plus qu'en 2008. Cette augmentation du nombre de joueuses à haut niveau se retrouve dans tous les sports collectifs.

3. L'équitation, le paradoxe entre la base et l'élite

L'équitation, un des rares sports complètement mixte, compte dans ses rangs, tous niveaux confondus, 80 % de femmes. Pourtant, à haut niveau, elles sont moins nombreuses que les hommes. En 2014, sur les 3 104 cavaliers dits professionnels (dont une majeure partie ne vit pas que des gains des compétitions), on compte 1 202 femmes pour 1 902 hommes. Ainsi, l'équipe de France d'attelage est 100 % masculine. Une différence qui s'explique, entre autres, par la difficulté pour les cavalières professionnelles de jongler entre leur vie de famille et compétition.

La voltigeuse Anne-Sophie Musset

4. Des inégalités de salaires dans le sport professionnel

Un sportif de haut niveau n'est pas obligatoirement un sportif professionnel. Il le devient à partir du moment où il est rémunéré pour la pratique de son sport (avec un salaire que lui verse son club ou la fédération, des sponsors...). Les hommes ont beaucoup plus souvent le statut de joueurs professionnels que les femmes. Et quand elles accèdent à ce statut, les inégalités de salaire persistent.

En France, les 103 footballeuses professionnelles touchent en moyenne 3 500 euros brut par mois, hors primes. Ce qui est peu comparé aux 1 100 joueurs professionnels de Ligue 1 et Ligue 2, et leur 12 000 euros de salaire en moyenne – selon les derniers chiffres de la Ligue de football professionnelle. En volley-ball, les écarts sont moins importants. Actuellement les 115 volleyeuses qui jouent comme professionnelles à temps plein touchent en moyenne 2 500 euros par mois, là où leurs collègues masculins perçoivent 3 000 euros.

Le rugby fait ici office de sport à part. Aucune joueuse de haut niveau n'a le statut de professionnelle. Mais la Fédération française de rugby tente de faire bouger les lignes. L'année dernière, pour la première fois en rugby à 7, 16 joueuses ont signé un contrat semi-professionnel. Une sorte de temps partiel permettant aussi aux sportives de se prévoir des temps de formation professionnelle. Officiellement la fédération ne communique par sur le montant du salaire, mais selon nos informations, il avoisinerait les 1 000 euros mensuel.

5. Des contrats encore trop rares

Des aménagements d'emploi du temps, c'est ce qui manque aux femmes qui jouent à haut niveau et qui ne sont pas professionnelles. Pour Manon André, joueuse internationale de rugby et membre du Blagnac Saint-Orens Club, deux coupes du monde à son actif, les contrats semi-professionnels vont dans le bon sens, « au moins pour pouvoir avoir davantage de temps de récupération. C'est compliqué de rentrer de compétition à 4 heures du matin et d'enchaîner le boulot à 8 heures. » Dans ces cas-là, nombreuses sont celles qui doivent prendre des congés sans solde pour pouvoir vivre pleinement leur compétition. « Etre en semi-pro, ça nous permettrait aussi de prendre du recul sur notre sport, de garder une certaine ouverture. Et puis en fin de carrière, la reconversion est moins difficile », conclut-elle.

Delphine Plantet de l'équipe de France de rugby féminin, face aux Anglaises, victorieuses à Edmonton (Canada).

6. Le sport féminin gagne en visibilité

En janvier, pour la première fois, les téléspectateurs ont pu regarder un match de Top 8, le championnat de France de rugby féminin, en direct sur la chaîne Eurosport. Quelques mois plus tôt, pour la demi-finale de la Coupe du monde de rugby féminin, ils étaient près de 2,2 millions devant France 4.

15 %

Depuis 2012, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) étudie le temps consacré au sport féminin dans les médias en France. En 2012, de mi-septembre à mi-octobre, l'organisme a analysé les programmes de douze chaînes de télévision, gratuites et payantes. Le sport féminin représentait alors 7 % du temps d'antenne. A la même période en 2014, ce chiffre est passé à 15 %. La Coupe du monde de rugby féminin, l'été dernier, a suscité un grand engouement médiatique.

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Cet attrait ne concerne pas que le rugby. La Fédération française de football a renouvelé son contrat avec les chaînes France 4 et Eurosport pour la diffusion des matches de D1 et de Coupe de France féminines jusqu'en 2018. Alors que huit matches ont été retransmis lors de la saison 2011-2012, les deux chaînes ont prévu d'en diffuser une vingtaine pour la saison actuelle.  La dernière finale de Coupe du monde féminine a accueilli 668 000 téléspectateurs en 2014 sur France 4.

Sur cette lancée, le CSA et l'association Femmes Mixité Sports (Femix), qui défend une meilleure représentation des femmes dans le sport, ont organisé le 24 janvier, pour la deuxième fois consécutive, les 24 heures du sport féminin. Pendant une journée, les médias ont consacré une partie de leur programme à cette thématique, certains en retransmettant des matches de championnat féminin, d'autres en proposant des portraits de sportives professionnelles.

Le sport féminin est davantage présent à la télévision.

« C'est comme la journée de la femme, on aimerait ne pas avoir besoin d'organiser des événements comme ça pour mettre en lumière le sport féminin », plaisante Marie-Françoise Potereau, présidente de la Femix. Selon cette ancienne cycliste, il faut bien choisir son combat :

« Nous n'aspirons pas à une parfaite égalité entre les hommes et les femmes dans le sport. Le sport féminin a des besoins spécifiques dont doivent se saisir les instances dirigeantes sportives. »

Des instances où les femmes peinent encore à s'imposer. Elles représentent actuellement 12,5 % des présidents de fédérations.

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