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Journées internationale des femmes / RDC

Viols en RDC: les officiers de police formés pour aider les victimes

Selon le PNUD (programme des Nations unies pour le développement), au moins quarante femmes ou fillettes sont violées chaque jour en République démocratique du Congo et ce, dans une quasi-impunité. Dans le cadre de son programme d’appui au gouvernement congolais pour lutter contre les violences sexuelles, le PNUD a initié un programme de formation à destination des officiers de police judiciaire. La première session, dans l’est de la RDC, vient de s’achever.

L'hôpital Heal Africa de Goma, en République démocratique du Congo. Les viols massifs commis dans l’est de la RDC sont régulièrement dénoncés mais rarement condamnés.
L'hôpital Heal Africa de Goma, en République démocratique du Congo. Les viols massifs commis dans l’est de la RDC sont régulièrement dénoncés mais rarement condamnés. AFP PHOTO/Junior D. Kannah
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Objectif : donner à la RDC les moyens de faire face au fléau du viol et lutter contre l'impunité. Pour y parvenir, il s'agit de mettre la victime en confiance, de travailler en équipe, de bien évaluer la qualité d’une preuve et de transmettre le dossier le plus rapidement possible à la justice. Voilà quelques-uns des enseignements délivrés au cours de cette formation.

Ces dernières années, des unités spécialisées contre les violences sexuelles ont vu le jour dans l’est de la RDC, mais trouver du personnel qualifié est difficile. Le commandant David Bodeli est formateur et dirige ces unités pour le Sud-Kivu. Selon lui, la formation des officiers de police est primordiale : « Malheureusement, cela arrive que les victimes ne soient pas mises en confiance, qu'elles se replient. Les enquêtes ne sont pas bien menées, les victimes sont exposées à leurs bourreaux, donc ce n’est pas normal qu’on continue de recevoir les victimes par des personnes qui n’ont pas été formées. »

Les officiers de police sont en première ligne dans le parcours des victimes qui souhaitent obtenir réparation. Actuellement, l'immense majorité d'entre elles renoncent et une infime partie des cas portés devant les tribunaux aboutissent à des condamnations. Masiala Mulahuko s'occupe de ce programme de formation pour le PNUD. « Il y a également, il faut le dire, un problème de confiance dans le système judiciaire lui-même, relate-t-il. Il y a tout un nombre de lacunes qui font que la communauté n’a pas toujours confiance en la justice. » Pour tenter de briser le cercle de la méfiance et du silence, le PNUD forme également des magistrats militaires et civils, et accompagne certaines victimes dans leur parcours judiciaire.


• Témoignage : au Sénagal aussi, le viol reste un véritable fléau

Au Sénégal, dans la grande majorité des cas, les victimes de viol n'osent pas porter plainte. Elles n'osent d'ailleurs même pas parler de ce qu'elles ont subi. RFI a pu recueillir le témoignage d'une jeune fille de 16 ans. Mariam a été prise en charge par l'observatoire de lutte contre les abus sexuels. « J’y pense tout le temps, je n’arrive pas à dormir, il y a les idées qui me reviennent et ma famille ne veut rien dire », confie-t-elle.

Mariam n'avait que 11 ans quand le mari de sa grande sœur a commencé à la violer. Le calvaire a duré pendant quatre ans. Impossible encore aujourd'hui pour elle de tourner la page : « C’est mon papa qui ne veut pas porter plainte. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi il ne veut pas porter plainte. Il dit que ce n’est pas grave, ce sont des choses passées, c’est la famille, des trucs du genre... Mais moi j’aurais aimé qu’il porte plainte, parce que je veux que justice soit faite pour moi, parce que je n’avais que 11 ans. »

« Ce qui est terrible, explique Mariam, c’est que ça va me poursuivre toute ma vie. C’est le fait de ne plus être vierge et d’avoir été violée. Ça va me poursuivre quand je serai mariée, parce qu’ici, au Sénégal, ma belle famille ne va pas comprendre. C’est cette réaction, elle ne va pas comprendre, et ça va créer d’autres problèmes. »

Quand elle livre son témoignage, des larmes coulent dans les yeux de Mariam. Elle dit que ce n'est pas grave, que le plus important pour elle, c'est de réussir à parler : « C’est une honte atroce que vous allez devoir survivre, il faut juste en parler, se libérer pour continuer de vivre sa vie. Peut-être que Dieu nous aidera à en sortir. »

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