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La lutte pour le contrôle de l'or noir devient féroce

Quatre champs pétroliers ont été attaqués ces derniers jours. Sept étrangers auraient été kidnappés et huit gardes tués. La Libye, 12e producteur mondial de pétrole, devient peu à peu un enfer pour les compagnies pétrolières. L'insécurité se mêle à une forte baisse de production avec 531 000 barils par jour en février contre 1,7 million en 2010.

La semaine dernière, pas moins de quatre champs – Mabrouk, Bahi, Dahra et Ghani- dans le bassin de Syrte, ont été visés. Vendredi, huit gardes ont été tués dans une nouvelle offensive contre Ghani où travaille Petro-Canada. Sept étrangers, dont un Tchèque et un Australien, auraient été kidnappés.Aucune de ces actions n'a été revendiquée, mais le gouvernement de Tobrouk pointe du doigt l'Etat Islamique, bien implanté dans la région. Son rival basé à Tripoli accuse les kadhafistes.

Ces mystérieux groupes sont les derniers acteurs entrés en scène dans cette zone qui fait l'objet de combats entre les deux gouvernements libyens depuis plus de deux mois. En décembre, Fajr Libya, la coalition de brigades qui tient Tripoli, a lancé l'opération «Levée du soleil» pour reprendre les sites pétroliers des mains du gouvernement de Tobrouk reconnu par la communauté internationale.

Basé à moins de 40 kilomètres d'Es-Sidra, l'un des plus importants terminaux, Salah al-Jabou, commandant de Fajr Libya, indiquait en janvier: «Nous poussons nos adversaires à sortir, puis nous tirons. Notre premier souci est de ne pas endommager le site et le matériel. Nous souhaitons que les entreprises reviennent travailler le plus vite possible et dans les meilleures conditions.»

Menace de fermeture

Une volonté vouée à l'échec. Fin 2014 déjà, les combats avaient provoqué l'incendie de sept réservoirs de brut – 800 000 barils sont partis en fumée – dans le port d'Es-Sidra. Jeudi, la Compagnie nationale libyenne (Noc) – partenaire incontournable des compagnies étrangères pour officier en Libye – a annoncé que les infrastructures des champs pétroliers avaient été endommagées lors des dernières attaques. Elle a également menacé «de fermer tous les champs et ports pétroliers» du pays et a déclaré l'état de force majeure pour onze sites du bassin de Syrte.

Concrètement, cela signifie qu'elle se décharge de ses obligations contractuelles envers les multinationales. La plupart d'entre elles ont évacué leur personnel mi-2014, lorsque la crise politique et les combats ont éclaté en Libye. Ainsi, lorsque Mabrouk a été attaqué pour la première fois le 3 février, Total n'employait déjà plus d'expatriés sur le site. L'opération a tout de même provoqué la mort d'une dizaine de gardes.

Un événement qui a donné raison à un sous-traitant du géant français à Mabrouk, l'entreprise Ponticelli. Celle-ci n'avait pas renouvelé son contrat avec Total au printemps 2013 par crainte d'une opération terroriste comme sur le site gazier d'In Amenas en Algérie. Elle a été remplacée par plusieurs compagnies, illustrant ainsi la réticence des entreprises à venir travailler en Libye.Aujourd'hui, sur le champ pétrolier d'El-Sharara, dans le sud-est libyen, les très rares étrangers qui y travaillent encore n'ont qu'une hâte: partir. «Mon entreprise, elle-même, me conseille de ne plus revenir», explique un mécanicien italien chargé de la maintenance.

L'offshore aussi menacé

La sécurité est un problème, mais le rendement en est un autre. Comme la majorité des sites pétroliers, El-Sharara subit la crise libyenne. La production est stoppée depuis des mois, car le pipeline qui conduit l'or noir d'El-Sharara au terminal de Zawia, sur la côte libyenne, passe par la zone des Zintanis. Ennemis des autorités de Tripoli qui contrôlent à la fois El-Sharara et Zawya, les habitants de Zintan ont tout simplement fermé le robinet du pétrole.Jusque-là épargnée, la production en offshore pourrait bientôt faiblir, elle aussi. Certaines multinationales ne sachant plus à quelle autorité s'adresser, notamment pour les permissions de vol des hélicoptères d'approvisionnement, envisageraient de stopper la production.