Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

A Vienne, le dialogue interreligieux brouillé par le rigorisme de l’Arabie saoudite

LETTRE DE VIENNE. Cofondé par Riyad, un centre pour le dialogue interreligieux se refuse à défendre Raïf Badaoui, jeune blogueur saoudien condamné à 10 ans de prison et mille coups de fouet.

Par  (Vienne, correspondante)

Publié le 04 mars 2015 à 16h46, modifié le 19 août 2019 à 13h15

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Le 6 février, des militants des Verts autrichiens manifestent devant le palais Sturany, à Vienne, pour la libération du jeune blogueur saoudien Raïf Badaoui.

Statues à l’antique sur la façade, fresque de Gustav Klimt à l’étage : le palais Sturany est l’un des fleurons de la Ringstrasse, les Champs-Elysées viennois. Il est aussi, depuis des mois, une source d’embarras pour le gouvernement autrichien, et le cadre d’un feuilleton politico-diplomatique sous le signe de la liberté religieuse, question sensible entre toutes dans le monde musulman.

Le palais abrite en effet le centre Roi-Abdallah pour le dialogue interreligieux et culturel (Kaiciid), ouvert en octobre 2012 par l’Autriche et l’Espagne, avec la bénédiction du Saint-Siège et le statut privilégié d’une organisation internationale. Mais dès sa naissance, il a suscité la controverse, en raison du rôle dominant qu’y joue le troisième Etat fondateur, l’Arabie saoudite, connue pour sa conception rigoriste de l’islam.

Chaque vendredi, depuis le 9 janvier, les Verts autrichiens organisent devant sa porte une manifestation de soutien à Raïf Badaoui. Ce jeune blogueur saoudien a été condamné en mai 2014 à 10 ans de prison et mille coups de fouet, pour avoir prôné la séparation du politique et du religieux. Son avocat, Oualid Abou Al-Khair, s’est vu infliger une peine de 15 ans de prison, pour offense à la religion et au tribunal.

Une « feuille de vigne »

« Bien sûr, nous sommes pour le dialogue interreligieux », assure Alev Korun, porte-parole du parti écologiste sur les droits de l’homme. Mais, pour cette parlementaire d’origine turque, l’institution viennoise n’est qu’une « feuille de vigne », destinée à cacher l’absence de liberté religieuse sous le régime wahhabite, qui refuse de reconnaître même les autres courants de l’islam, tels que le chiisme.

Les Verts étaient hostiles dès le départ à ce projet, soutenu avec enthousiasme, il y a trois ans, par la coalition entre la gauche et la droite au pouvoir à Vienne. La paternité en revient au roi Abdallah, premier monarque saoudien à rendre visite au pape, en 2007. Le Vatican l’a appuyé, dans l’espoir d’obtenir un jour le droit à des lieux de culte pour les nombreux chrétiens immigrés dans la péninsule Arabique. Mais à la lumière des exactions de l’Etat islamique (EI) au Proche-Orient et de l’affaire Badaoui, les critiques se sont faites toujours plus bruyantes.

« A quoi sert un dialogue où tous les participants sont d’emblée d’accord ?, argumente le porte-parole du Kaiciid, Peter Kaiser. C’est un long processus, de construire des ponts. » Lui et ses collaborateurs s’évertuent à démontrer l’utilité du Kaiciid, qui vient de lancer un programme de formation dans une quinzaine de pays, surtout d’Asie et d’Afrique, grâce à un coquet budget annuel de 17 millions d’euros.

Il vous reste 51.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.