
La grande maison inhabitée n’est plus qu’un capharnaüm d’effets personnels, d’ustensiles de cuisine, d’appareils électriques et de photos de famille poussiéreuses. Les pièces principales, au rez-de-chaussée, servent de bureau à une petite ONG, Résurrection de Fukushima, ce département japonais victime de l’accident nucléaire qui a suivi le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Dehors, dans une serre en plastique toute neuve, Muneo Kanno, 62 ans, se livre à des expérimentations sur les sols et les plantes pour trouver des méthodes de décontamination de la terre polluée par les retombées radioactives. Cette maison était la sienne.
De l’autre côté de la route, un monceau d’énormes sacs en plastique noir contenant chacun une tonne de terre, de feuilles et de branchages irradiés rappelle que la décontamination de la région est loin d’être achevée. Un jour, ces sacs seront transportés vers les communes de Futaba et d’Okuma, condamnées en raison de leur proximité avec la centrale et désignées pour les recevoir, théoriquement, pour trente ans. Mais, pour l’instant, ils restent là, se perçant par endroits.
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