
Selon des sources diplomatiques et sécuritaires, le Nigeria a fait appel à des mercenaires sud-africains et de l’ex-Union soviétique pour l’aider dans sa lutte contre la secte islamiste Boko Haram. Leur nombre porte entre 200 et 400 personnes, croit savoir un diplomate basé à Abuja, la capitale fédérale nigériane. Une source ouest-africaine évalue leur salaire quotidien à environ 400 dollars (375 euros).
Le gouvernement nigérian a refusé de faire le moindre commentaire, renvoyant les journalistes vers un porte-parole de l’armée qui, à son tour, n’a pas souhaité répondre.
Ces rumeurs sur la présence de mercenaires ont pris de l’ampleur depuis la publication il y a une semaine sur Twitter d’une photo d’un homme blanc habillé en kaki et portant un gilet pare-balles à bord d’un véhicule blindé circulant dans les rues de Maiduguri (nord-est), une ville dont Boko Haram veut faire son « califat » islamique.
Un journaliste de Reuters qui connaît bien Maiduguri a pu confirmer que la photo y a bien été prise et des détails, comme la présence d’affiches électorales, montrent qu’il s’agit d’un cliché récent.
« Cela ressemble à un stratagème de dernière minute pour obtenir quelques succès sur le terrain en six semaines et obtenir un coup de pouce électoral », analyse un diplomate à Abuja.
Mercredi 11 mars, le président Goodluck Jonathan, qui sollicite un nouveau mandat présidentiel, a déclaré dans un entretien accordé à La Voix de l’Amérique que deux entreprises fournissaient des « instructeurs et techniciens » à l’armée nigériane, sans préciser leur nom, leur nationalité ni leurs effectifs.
Quel impact sur les combats ?
Une source sécuritaire ouest-africaine et une source militaire sud-africaine ont cependant déclaré que les soldats étrangers étaient liés aux dirigeants d’une ancienne société sud-africaine de sécurité, Executive Outcomes, connue pour son implication dans la guerre civile qui a déchiré l’Angola de 1975 à 2002 et dans la lutte contre la rébellion en Sierra Leone en 1995. La société a été dissoute en 1998 sous la pression de Pretoria qui cherchait à débarrasser l’Afrique du Sud de son imposant secteur de la sécurité privée.
« Cela ressemble à un stratagème de dernière minute pour obtenir quelques succès sur le terrain en six semaines et obtenir un coup de pouce électoral », analyse un diplomate à Abuja.
Leur impact réel sur le déroulement des combats reste difficilement quantifiable, même si la campagne militaire menée contre Boko Haram commence à porter ses fruits depuis quelques semaines. Cette offensive a pris une nouvelle dimension depuis la décision du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Bénin de mobiliser des milliers d’hommes pour aider le Nigeria à venir à bout de l’insurrection.
L’annonce de la présence au Nigeria d’instructeurs sud-africains n’a pas été du goût du gouvernement de Pretoria, dont la ministre de la défense Nosiviwe Mapise-Nqakula a fait part de son mécontentement et rappelé que la loi sud-africaine interdit l’utilisation de mercenaires. « Ce sont des mercenaires, qu’ils entraînent, apportent leur savoir-faire ou fassent du repérage. Ils n’ont rien à faire là-bas », a-t-elle déclaré aux médias sud-africains.
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