Ambre Chalumeau : « Je me demande sans cesse si je suis légitime. J’ai le complexe de l’imposteur »

La Turquie a annoncé avoir arrêté un homme suspecté d’avoir aidé les trois adolescentes anglaises parties en Syrie. Il s’agirait d’un membre des services de renseignement d'un pays de la coalition menée par les Etats-Unis.
Nouveau rebondissement dans l’affaire des trois adolescentes anglaises parties rallier Daech. Lors d’une interview télévisée reprise par l'agence de presse officielle Anatolia, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu a annoncé jeudi avoir arrêté un agent étranger qui avait aidé les trois jeunes filles à rejoindre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie. Le chef de la diplomatie, qui a dit avoir alerté son homologue britannique, Philip Hammond, n’a indiqué ni son nom ni sa nationalité, ni même l’endroit où il a été interpellé. Il a simplement révélé que le suspect «travaillait pour le service de renseignement d'un pays de la coalition» menée par les Etats-Unis dans la région. Il a précisé que l’homme n’était pas un ressortissant du pays pour lequel il travaillait, et qu’il ne s’agissait ni des Etats-Unis, ni d’un pays de l'Union européenne.
En pleines vacances scolaires, Kadiza Sultana, 16 ans, Shamima Begum et Amira Abase, toutes deux âgées de 15 ans, ont quitté leur foyer, le 17 février, dans la banlieue est de Londres, disant simplement à leurs familles «sortir» pour la journée. Les trois camarades de classe, qui fréquentent le même lycée (la Bethnal Green Academy), se sont en fait rendues à l’aéroport de Gatwick, d’où elles ont relié Istanbul en Turquie, à bord d'un avion de la compagnie Turkish Airlines. Les trois jeunes comparses seraient ensuite allées en bus jusqu'à la ville turque de Sanliurga, près de la frontière syrienne –des images de vidéosurveillances les montre d’ailleurs en train d’attende à l’arrêt de bus, note la BBC . Là, des passeurs les auraient aidées à passer la frontière avec la Syrie, où elles auraient retrouvé des militants de Daech.
Côté politique, une polémique est née entre les deux pays, le vice-Premier ministre turc, Bülent Arinç, ayant reproché à Londres d'avoir tardé à alerter Ankara de l'arrivée à Istanbul des trois adolescentes. Ce à quoi Scotland Yard a rétorqué avoir informé les autorités turques dès qu’elles ont su que les filles s’y étaient rendues, soit le lendemain de leur départ de Grande-Bretagne, le 18 février, relate Sky News . Des officiers de police britanniques se sont depuis rendus sur place dans le cadre de l’enquête, rapporte la BBC.
De leur côté, les familles des fugueuses, qui ont multiplié les appels dans les médias , ont également critiqué les autorités anglaises, pour ne s’être pas assurées qu’elles avaient bien reçues une lettre qui leur était adressée. Dans le détail, une de leurs camarades de classe était déjà partie «faire le jihad» en décembre. Suite à cela, sept jeunes filles avaient été entendues par la police, qui leur a remis un courrier à transmettre à leurs parents, afin qu’ils donnent leur permission pour une audition plus approfondie. Mais les trois ados n'ont pas transmis ces lettres à leurs familles.
«Nous n'en serions pas là aujourd'hui si nous avions vu cette lettre», a déploré sur ITV News la soeur de Kadiza, Halima Khanom. «Nous les aurions arrêtées. Nous en aurions discuté et nous aurions confisqué leurs passeports. Cela ne serait pas arrivé», a renchéri le père d'Amira, Abase Hussein. La police a présenté ses excuses pour ne pas avoir remis ces courriers directement aux parents. Tout en rappelant que «les parents avaient été mis au courant par la direction de l'école du départ de la première fille en Syrie (…) et absolument rien n'indiquait qu'elles avaient elles-mêmes l'intention de se se rendre en Syrie».