
La France n'a pas encore gagné la partie sur sa demande d'instauration de contrôles « systématiques et coordonnés » aux frontières extérieures de l'espace Schengen afin de lutter contre la menace terroriste et le possible retour de combattants de Syrie ou d'Irak.
Bernard Cazeneuve, le ministre de l'intérieur a plaidé avec insistance en ce sens auprès de ses collègues européens, jeudi 12 mars, à Bruxelles. Il a jugé une telle mesure « indispensable », compte tenu du fait que la menace reste, a-t-il affirmé, à « un niveau extrêmement élevé », en France et ailleurs. « Il ne faut pas laisser la vigilance s'altérer, il faut rester totalement mobilisé », a poursuivi le ministre.
A ceux qui objectent qu'une telle mesure suppose une réforme du code régissant le fonctionnement de l'espace sans frontières, M. Cazeneuve objecte que ce n'est pas nécessaire. Sauf s'il s'agit de réintroduire des contrôles obligatoires. Une mesure qui, selon le ministre, serait « plus efficace ». Il reste que l'on pourrait, sans modifier le code, aller déjà vers des contrôles « systématiques », juge-t-il.
Ne pas donner « d'arguments aux populistes »
Une décision en ce sens avait été adoptée le 10 février, mais elle n'est pas encore mise en œuvre. « L'Union a tous les outils, elle doit simplement les utiliser. En hésitant, elle donne des arguments aux populistes », souligne encore le ministre de l'intérieur.
Le commissaire aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, et la présidence lettonne de l'Union ne disent pas non mais s'en tiennent aux débats toujours en cours sur le cadre légal de Schengen et « la détermination d'indicateurs de risque commun ». En clair : la manière d'opérer ces contrôles et, le cas échéant, sur quels voyageurs.
« Les polices des airs et des frontières pourraient aisément définir ensemble les modalités », rétorque la France. Son autre exigence, la création d'un PNR européen, un fichier des données des passagers aériens quittant l'Union et y entrant, dépend, elle, du parlement européen. Les discussions s'y poursuivent, sur la base d'un nouveau rapport de la commission des libertés civiles.
Pression sur les géants américains de l'Internet
Paris s'efforce de rester optimiste et de croire qu'un compromis est possible, préservant les libertés, limitant la durée de rétention des données et fixant des règles déontologiques précises pour les personnels qui auraient accès à ce fichier. La Commission promet, sans guère d'autres détails, de coopérer pour faciliter l'adoption d'un texte avant la fin de l'année.
Enfin, le gouvernement français veut poursuivre la pression sur les grands opérateurs américains de l'Internet afin qu'ils contribuent davantage à la lutte contre la propagande radicale et participent à la diffusion d'un « contre-discours » auprès des jeunes menacés par la radicalisation.
La Commission promet un « Forum » sur le sujet. La France a convoqué une nouvelle réunion à Paris, le 20 avril. On ignore si les projets sont complémentaires ou concurrents.
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