Russie : le journal d’opposition Novaïa Gazeta menacé de fermeture
Novaïa Gazeta pourrait arrêter sa publication à partir du mois de mai pour des raisons financières. Ce journal s’est imposé comme l’un des principaux médias indépendants en Russie, s’attirant la reconnaissance par ses enquêtes qui ont coûté la vie à plusieurs de ses journalistes, dont Anna Politkovskaïa.
Le journal d’opposition Novaïa Gazeta, l’un des principaux médias indépendants de Russie, pourrait arrêter sa publication à partir du mois de mai pour des raisons financières a averti jeudi son rédacteur en chef, Dmitri Mouratov.
« Il y a de fortes chances qu’après les célébrations du 9 mai (commémorant le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale), nous stoppions notre version papier », a expliqué Dmitri Mouratov lors d’une interview à la chaîne de TV d’opposition Dojd.
La porte-parole du journal, Nadejda Proussenkova, a assuré à l’AFP que « Novaïa Gazeta pourrait s’arrêter mais (que) le site Internet ne fermera pas et le travail des journalistes continuera », précisant qu’un bilan serait fait début avril avant une décision définitive.
Selon elle, le journal est confronté à de graves problèmes financiers, son principal actionnaire ayant arrêté de le financer et les publicités étant « quasiment absentes ». Plus tôt, Dmitri Mouratov avait expliqué que Novaïa Gazeta ne pouvait pas rivaliser avec les médias « subventionnés par l’Etat » alors que ses propriétaires étaient sans cesse « menacés de banqueroute ».
Tiré à 236.850 exemplaires
« Dans notre pays, les questions économiques vont de pair avec les questions politiques », a-t-il ajouté. Le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev possède en commun avec l’homme d’affaires Alexandre Lebedev, réputé critique du pouvoir, 49% des parts du journal.
Novaïa Gazeta s’est imposé comme l’un des principaux médias indépendants en Russie, s’attirant la reconnaissance par ses enquêtes pointues qui ont coûté la vie à plusieurs de ses journalistes, dont l’emblématique Anna Politkovskaïa.Six de ses journalistes ou collaborateurs ont été tués depuis sa création en 1993.
Récemment, Novaïa Gazeta s’est démarqué des autres médias russes par des enquêtes sur la présence présumée de soldats russes dans l’est de l’Ukraine, en proie à un conflit meurtrier entre séparatistes prorusses et forces loyalistes. Respecté à l’étranger, où il a reçu le prix Free Media Pioneer Award attribué chaque année par l’Institut international de la presse (IPI), Novaïa Gazeta, tiré à 236.850 exemplaires, n’en reste pas moins relativement marginal en Russie, où son public reste limité à l’opposition libérale.
Source AFP
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