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Crime

Israël a les clips de campagne les plus bizarres de la planète

Les élections legislatives israéliennes sont prévues pour la semaine prochaine. VICE News vous donne sa sélection du meilleur des pires clips de campagne.
Image via YouTube

Les clips de campagne des élections législatives israéliennes, prévues pour le 17 mars, sont une drôle de démonstration de la créativité en matière de communication politique dans le pays. Au programme, des chats qui jouent du piano (les fameux keyboard cats), de malheureux hipsters, le « juif au nez crochu, » des combattants de l'État islamique en route vers Jérusalem, et bien sûr, la menace iranienne.

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Au cas où vous seriez passé à côté, voici une sélection du meilleur des pires clips de campagne.

Le leader du parti Jewish Home se grime avec une barbe et des lunettes pour jouer au hipster naïf et laxiste

Dans ce clip, Naftali Bennett, leader d'extrême-droite, et du parti religieux « Jewish Home, » se grime avec une épaisse barbe rousse, des lunettes, une bague sertie d'un oeil, et d'une casquette de baseball, pour jouer le rôle d'un gauchiste naïf et laxiste, accompagné d'un petit chien habillé d'un pull à motifs.

Le hipster joué par Bennett, qui est aujourd'hui le ministre de l'Économie, visite des cafés et fait un tour de voiture. Tout le monde se moque de lui parce qu'il s'excuse pour tout, alors que ce n'est pas de sa faute.

La campagne du parti Jewish Home s'est principalement focalisé sur l'idée de faire passer les hommes politiques des générations précédentes, comme faibles et désolés de la situation actuelle d'Israël. Bennett est un éminent partisan de l'extension des colonies israéliennes sur les territoires palestiniens. Il a un jour déclaré à un député palestinien : « Quand vous étiez encore en train de monter aux arbres nous avions un État juif ici… On était ici bien avant vous. »

Une autre fois, il a comparé la solution de deux États (la Palestine et l'Israël) à un ami qui aurait un éclat d'obus dans les fesses, mais qui ne pourrait pas se le faire retirer sans risquer d'être handicapé à vie.

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Le slogan officiel du parti de Bennett que l'on voit apparaître à la fin du clip est le suivant : « Arrêtez de vous excuser. Aimez Israël. Et rejoignez Jewish Home. »

Le juif éternel ? une reférence antisémite par un groupe de colons d'extrême-droite

Intitulé Le juif éternel ? en référence à un film de 1940, commandé par le chef de la propagande nazie, Joseph Goebbels, ce clip d'animation met en scène un homme au nez crochu. Uniquement désigné comme « le juif, » l'homme balance des informations douteuses à un Allemand, Herr Stürmer (en référence au magazine nazi Der Stürmer), contre quelques pièces d'or frappées du sigle de l'euro.

En fond sonore passe un morceau composé pour orchestre symphonique d'Edvard Grieg intitulé, Dans l'antre du roi de la montagne. L'informateur passe des renseignements qui permettent à son « maître, » assis à un bureau flanqué d'un buste de Jules César et d'un drapeau de l'UE, de placer ces mêmes histoires dans un journal, Hasmol (« la gauche, » en hébreu). Le type de nouvelles qui habillent les pages du journal varient de « Boycottez Israël » à « Israël tue d'innocents bébés palestiniens âgés de 20 ans. »

Après avoir fait passer de nombreuses informations, Herr Stürmer conseille « au juif » de « maintenant prendre soin de lui, » ce qu'il s'exécute de faire en se pendant avec une corde. En arrière-plan apparaissent des logos d'ONG de gauche et la voix-off explique, « Les Européens peuvent vous paraître différents, mais pour eux vous êtes tous les mêmes. »

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Largement critiqué comme étant un clip antisémite, la vidéo a été en réalité produite par le Samaria Settler Council (SSC), une organisation juive et caritative d'extrême-droite qui est partiellement financée par des contribuables. Après la diffusion de la vidéo, le parti de gauche Meretz et l'ONG, Peace Now, ont demandé au procureur général d'ouvrir une enquête contre cette publicité pour provocation.

Bien que le SCC ne soit pas ouvertement un parti politique, la publicité a été largement interprétée comme telle — à cause du timing de sa diffusion et de son contenu. La vidéo a aussi provoqué d'autres remous, à cause des attaques proférées contre l'ex-Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin.

Malgré tout, la vidéo a trouvé un soutien populaire. S'exprimant sur l'Army Radio, Bennett a estimé que le clip était « inapproprié » mais a tenu à ajouter que le message exprimé était « très vrai. »

Le Bibi-sitter est là pour vous protéger de l'EI et de l'Iran

Le Premier ministre israélien actuel, Benyamin Netanyahou, est au coude à coude avec la Zionist Union (une coalition de centre droit entre le parti travailliste, d'Isaac Herzog et l'Hatnuah, mené par Tzipi Livni). Une des techniques de campagne de Netanyahou est de dénigrer ses concurrents et rappeler aux Israéliens que s'ils ne votent pas pour « Bibi » (son surnom), ils seront bientôt tués par des terroristes.

Dans ce clip, le leader de 65 ans du parti de centre droit (le Likoud) porte fièrement une teinture légèrement bleutée, et avance tout en paternalisme. Il joue le rôle d'un professeur de maternelle qui parvient à calmer et organiser une classe bruyante et indisciplinée, dont chaque élève représente un parti d'opposition.

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Si vous n'êtes pas encore convaincu que Bibi est l'homme de la situation, le prochain clip va immanquablement vous faire changer d'avis. S'appuyant sur un gênant jeu de mots, le Premier ministre israélien se présente à un jeune couple comme le « Bibi-sitter » de leurs enfants. Quand Netanyahou offre les services de ses deux opposants (Livni et Herzog, surnommé Buji dans le clip), le couple décline l'offre — expliquant qu'ils ne sont pas à la hauteur de la fonction.

Tout finit bien. Quand le couple rentre à la maison, les enfants sont au lit, et Bibi regarde un film emmitouflé sous une couette.

Quand il ne s'occupe pas d'enfants, Netanyahou protège Israël contre les terroristes. Dans une autre vidéo postée sur sa page Facebook, un pick-up rempli de combattants masqués de l'EI poussent la sono pour écouter du rap palestinien. Un des djihadistes baisse son carreau pour demander à un autre automobiliste « Comment on va à Jérusalem, mec ? »

« Prenez à gauche, » répond l'automobiliste. Le clip s'achève sur un fond criblé numériquement par des balles. L'écran est barré du slogan « La gauche nous plongera dans la terreur. » La pub a été retirée depuis que le groupe de rap palestinien a menacé d'attaquer en justice les équipes responsables de sa production.

À lire : Un clip de campagne de Netanyahou dit que si la gauche passe, l'EI envahira Israël

Bibi serait aussi le seul à pourvoir tous nous sauver du fameux péril iranien. Dans une allocution, devant le Congrès américain, le Premier ministre israélien a mentionné l'Iran à de multiples reprises. Son discours était plein de petites phrases et expressions du type « l'Iran est trop occupé à avaler d'autres pays », « les laquais libanais, » ou encore les « milices de Gaza, » et « les tentacules de la terreur. » Le speech a du être diffusé avec cinq minutes de retard en Israël pour couper les parties du discours jugées trop électoralistes. C'était le chef de gouvernement qui devait s'exprimer, non pas le chef de parti politique en campagne.

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Malgré cette précaution, des extraits du discours vont être utilisés dans des clips de campagne, les derniers jours avant le vote. Critiqué par les observateurs comme factuellement incorrect et manquant de substance, le discours de Netanyahou a pourtant déclenché pas moins de 26 standing ovations de la part d'un Congrès américain chauffé à blanc.

Pour vous éviter de regarder l'intégralité du discours, Noy Alooshe, un musicien israélien et journaliste d'origine tunisienne, a fait un remix, un poil ironique, du speech du Premier ministre qui commence de la façon suivante : « Mesdames, Messieurs, nous devons toujours nous souvenir de trois choses. Premièrement, l'Iran. Ensuite, l'Iran. Enfin, l'Iran. »

Un chat qui joue du piano et des animaux de la ferme — on espère sérieusement que c'est de l'auto-parodie.

Ce clip vidéo du Green party israélien commence par le son numérique de coups de feu avant de passer sans transition à une série de chèvres et de moutons qui bêlent le nom d'hommes politiques israéliens comme « Bibi » et « Bennett ».

S'en suivent des images d'usines fumantes et polluantes, de rues congestionnées et accompagnées de statistiques sur les cancers.

Pour éviter de mettre le moral à zéro du téléspectateur, la vidéo repart rapidement vers l'absurde, concluant avec un chat qui joue sur un piano miniature et une batterie, entonnant un hymne posant la question que tout le monde se pose : « Comment, nous les animaux, allons-nous voter ? »

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Ça ne vous saoule toujours pas ? Pas d'inquiétude, c'est pour maintenant.

Allant à l'encontre des petites phrases toutes faites et facilement reprises par les médias — le principe même d'une campagne électorale — le Zionist Yesh Atid party de Yair Lapid a décidé de faire une pub que personne ne regarderait.

Pendant les trois heures de cette vidéo anti-virale, un homme assis procède au listing toutes les réussites du parti depuis son entrée à la Knesset (le Parlement israélien) en 2013, pendant qu'un artiste peint en fond une fresque murale intitulée Se battre pour la Nation.

Difficile de vous dire si c'est efficace, puisqu'on ne s'est pas infligé la vidéo. Ce qui est inquiétant c'est le slogan du parti — « Voyez ce que qu'on a fait en un an et huit mois. Imaginez ce que l'on pourrait faire en quatre ans. » Leur prochaine vidéo pourrait durer au moins sept heures.

Suivez Harriet Salem sur Twitter @HarrietSalem