Tirage au sort du Mondial 2014: La théorie du complot français gagne l’Europe

Tirage au sort du Mondial 2014: La théorie du complot français gagne l’Europe

FOOTBALL – Dans plusieurs pays, la France est soupçonnée de favoritisme en raison de la position de Michel Platini à l’UEFA…
Les mains innocentes de Jérôme Valcke montrant l'étiquette de l'équipe de France, lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2014, le 7 décembre 2013 à Costa Do Sauipe, au Brésil, sous les yeux de Fernanda Lima une présentatrice brésilienne.
Les mains innocentes de Jérôme Valcke montrant l'étiquette de l'équipe de France, lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2014, le 7 décembre 2013 à Costa Do Sauipe, au Brésil, sous les yeux de Fernanda Lima une présentatrice brésilienne. - NELSON ALMEIDA / AFP
Romain Scotto

Romain Scotto

Pas besoin de juge d’instruction ni même d’enquête très poussée pour mettre à l’index tout un pays. Depuis le tirage de la phase de groupe de la Coupe du monde, vendredi, les éléments à charge vis-à-vis de la France affluent d’Angleterre, d’Espagne, d’Italie, du Portugal. Quatre pays, mal servis par le sort, qui ont trouvé une bonne occasion de ressortir les théories du complot les plus fumeuses. Vu de l’étranger, il semble difficile de croire qu’une équipe aussi mal classée à l’indice Fifa (19e), passée miraculeusement en barrage, s’en tire avec un groupe aussi abordable (Suisse, Honduras, Equateur).

La salve la plus violente (et la plus drôle) est venue d’Espagne, où la presse remet clairement en cause la régularité du tirage. Depuis vendredi, une vidéo circule pour prouver que Jérôme Valcke, le numéro 2 français de la Fifa, a eu un comportement douteux lors de la cérémonie. Sur la musique anxiogène de la série «X-Files», on le voit passer ses mains sous son pupitre, boules en main, avant de les relever. Comme s’il avait pu les échanger.

«Des fois c’est sur le ton de la blague mais souvent c’est sérieux»

«En Espagne, dès qu’il y a un truc en faveur de la France quelque part, c’est la faute de Platini, indique Michaël Pereira, joueur français à Grenade. Je ne sais pas d’où ça vient, peut-être la main d’Henry contre l’Irlande, mais c’est toujours comme ça. Parfois, c’est sur le ton de la blague mais souvent c’est sérieux.» Au fond, il n’est pas question d’accorder la moindre crédibilité à de telles accusations. Mais simplement de mesurer le degré de paranoïa, voire de xénophobie vis-à-vis de la France à l’étranger.

En Italie, le Corriere Dello Sport titrait «Scandalo» au lendemain du tirage, ce qui a valu quelques remarques à Thomas Heurtaux, le défenseur de l’Udinese. «Ils disent que les Français ont toujours de la chance par rapport à eux. C’est incroyable», note l’ancien Caennais, dans un pays où il n’a échappé à personne que la boule italienne a été tirée par Zinedine Zidane. La thèse du complot «platinien» a aussi trouvé un écho au Portugal, où Vincent Sasso est gentiment chambré depuis quatre jours. «On me dit: Platini nous a encore volés! Il vous a aidés! C’est comme pour le groupe du PSG en Ligue des champions», note le défenseur de Braga. D’autant qu’au Portugal, un autre sujet s’est greffé sur celui-là: le débat sur les prétendants au Ballon d’Or, où s’affrontent Cristiano Ronaldo et Franck Ribéry. S’il échappe à la star locale, «l’anti-France» gagnera encore quelques voix.