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LÉGISLATIVES ISRAÉLIENNES

Les Français d'Israël, un électorat toujours plus courtisé

Alors les Israéliens votent mardi pour des élections législatives très indécises, le Likoud et l’Union sioniste, les deux principaux partis, font tout pour séduire l’importante communauté française installée en Israël.

Le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahou lors d'un meeting de campagne à Netanya, avec des membres de la communauté juive française, le 10 mars 2015.
Le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahou lors d'un meeting de campagne à Netanya, avec des membres de la communauté juive française, le 10 mars 2015. Jack Guez, AFP
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Israël attire chaque année de plus en plus de migrants français. Le "retour" en Israël – ou alyah - des juifs français a atteint un chiffre record en 2014, année où, pour la première fois, la France est devenue le premier pays d’émigration. Plus de 7 000 Français ont fait leur alyah, contre 3 293 en 2013. Et parmi les nombreux droits qu’ils acquièrent dès leur arrivée figure celui de voter.

Près de 50 000 Français d'Israël pourront ainsi glisser leur bulletin dans l’urne lors des législatives du 17 mars, sur un total de 5,8 millions d’électeurs. Dans une élection où le Likoud du Premier ministre sortant, Benjamin Netanyahou, et l’Union sioniste d’Isaac Herzog sont au coude à coude dans les sondages, le vote des "olim" (émigrés en hébreu) originaires de France peut faire la différence.

"C’est dur d’évaluer le nombre de ceux qui iront voter mais c’est une vaste communauté. Ils pourraient être nombreux", estime Yossi Shain, professeur de sciences politiques à l’université de Tel Aviv, interrogé par France 24.

>> En images sur France 24 : Manifestation contre Netanyahou à Tel Aviv avant les élections

Une communauté à majorité sioniste et traditionnaliste

Pour la première fois dans une élection israélienne, l’électorat français est devenu une cible de choix à conquérir. Plus de 10 000 juifs français ont émigré en Israël depuis la dernière élection de 2013 et les espoirs parlementaires comptent sur leur soutien. Netanyahou, Herzog et leurs adversaires, tous se sont affichés aux meeting de campagne avec des représentants de la communauté juive française ces dernières semaines.

Dimanche 8 mars, Isaac Herzog s’adressait directement à eux pour leur assurer que l’Union sioniste était le seul parti en mesure d’offrir une alternative à la politique de Netanyahou. "Les olim venus de France veulent de la justice sociale et une politique de paix", a déclaré Herzog, attaché à la création de deux États, israélien et palestinien. Il donnait une interview à Israpresse, une agence de presse francophone  récemment créée pour s'adresser à cette audience croissante.

Mais le combat n’est pas gagné pour Herzog. La majorité des juifs de France, installés en Israël ces dernières années, est très sioniste, traditionnaliste et religieuse. Craignant que les nouveaux arrivants jettent leur dévolu sur la droite religieuse, le Likoud a lancé une campagne sur les réseaux sociaux, y compris sur sa page Facebook, en langue française.

>> À lire sur France 24 : De nombreux juifs français choisissent Israël pour fuir l'insécurité

"Les priorités pour les électeurs français sont la sécurité et les relations franco-israéliennes, avec en toile de fond la peur liée au contexte en France", explique Yossi Shain. Ultra-sensibilisée depuis l’affaire Merah en 2012, traumatisée par la prise d’otages du supermarché casher de la Porte de Vincennes en janvier, beaucoup de juifs de France ont entrepris de faire leur alyah par crainte d’une montée de l’antisémitisme en France.

Après les attaques du mois de janvier qui ont fait 17 morts dont quatre juifs, Benjamin Netanyahou avait d'ailleurs affirmé aux juifs de France qu’Israël était "leur foyer". Si sa sortie avait suscité la colère du gouvernement français, elle pourrait en revanche lui rapporter les voix de ceux qu’il se promet de protéger. "(Seul) Netanyahou est à même de trouver des solutions aux problèmes des nouveaux immigrants venus de France", a déclaré Yuli Edelstein, président de la Knesset , membre du Likoud.

>> À lire sur France 24 : Israël : le Likoud de Netanyahou peut-il perdre les législatives ?

Remporter les votes de la droite

Cela ne signifie pas pour autant que les partis de gauche doivent renoncer au vote français. "Avec tant de nouveaux migrants, il est trop tôt pour dire pour qui ils iront voter", nuance Shain, rappelant qu’aucun sondage n’a été mené auprès de cet électorat spécifique.

Les nouveaux partis, dont les centristes, récemment apparus dans le paysage politique israélien, pourraient attirer le vote des Français, selon le chercheur, notamment Kulanou. Ce parti créé en novembre 2014 par l’ancien très populaire ministre des Télécommunications, Moshe Kahlon, se concentre sur les questions économiques et met l’accent sur le coût de la vie.

"Ils sont nombreux à avoir quitté la France à cause des tensions montantes avec la communauté musulmane et cela les a endurcis politiquement", a admis en février Eli Alaluf, troisième sur la liste de Kulanou, dans une interview à "Haaretz". "Mais je crois encore que l’on peut convaincre un nombre considérable d’entre eux à voter pour nous", a-t-il poursuivi.

>> À lire sur France 24 : Législatives en Israël : la crise du logement qui empoisonne Tel-Aviv

Mettre en avant les préoccupations quotidiennes des Israéliens, comme le prix des logements, pourrait être une stratégie payante pour siphonner le vote des Français à la droite dure. "Une fois installés, les olim français – comme n’importe quels autres Israéliens – sont préoccupés par les questions de politique intérieure, telles que l’éducation et l’économie", approuve Shain.

Quelle que soit la couleur dominante du vote des Français d'Israël mardi 17 mars, il est fort probable que cet électorat devienne durablement une cible de choix à séduire pour pouvoir l’emporter dans l’arène politique israélienne. La ministre de l’Alyah et de l’Intégration, Sofa Landver, a estimé que 15 000 nouveaux immigrants feraient leur alyah depuis la France en 2015.

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