Près d'un millier de militants des droits de l'Homme ont été arrêtés l'an dernier en Chine, a indiqué lundi une ONG, accusant le président Xi Jinping d'avoir le «pire bilan en matière de violations des droits de l'Homme en Chine» depuis deux décennies.

Chinese Human Rights Defenders (CHRD), organisation basée à l'étranger, a dénombré 955 cas d'activistes ou «défenseurs des droits de l'Homme» ayant été privés de leur liberté en 2014, presque autant que lors des deux années précédentes cumulées, selon son rapport annuel.

«Depuis l'entrée en fonction du président Xi (il y a deux ans), les autorités se sont attaquées sans relâche et avec brutalité aux libertés fondamentales, en étranglant l'espace de plus en plus restreint concédé à la société civile, et en visant les défenseurs et messagers des droits de l'Homme», souligne l'ONG.

«Les militants, avocats, journalistes et intellectuels libéraux sont interpellés et détenus, placés en résidence surveillée, empêchés de s'exprimer ou contraints de s'exiler à l'étranger, dans des proportions inédites depuis le milieu des années 1990 et la répression d'après le mouvement de Tiananmen» réprimé dans le sang en 1989.

Ce rapport est publié peu de temps après l'arrestation et l'inculpation pour «incitation aux troubles» de cinq militantes des droits des femmes, qui avaient projeté des manifestations contre le harcèlement sexuel à l'occasion de la Journée de la Femme.

Des arrestations qu'Amnesty International a qualifiées de «glaçantes», tandis que l'Union européenne a exigé la libération immédiate de ces militantes.

Sous la présidence de M. Xi, ONG et experts dénoncent un durcissement de la répression contre les voix critiques à l'égard du régime, visant autant les militants que les simples blogueurs, tandis que la censure sur l'internet et les plateformes de microblogues s'est considérablement renforcée.

La situation ne va pas en s'améliorant: «La répression lors de la deuxième année de Xi aux manettes s'est avérée encore plus draconienne que la première», déplore la CHRD, accusant le dirigeant de «basculement idéologique revenant à l'époque maoïste».

En particulier, plus de 200 militants, avocats, journalistes ou autres ont été arrêtés par les forces de l'ordre dans les semaines précédant la célébration en juin du 25e anniversaire des évènements de 1989, ainsi qu'au moment des manifestations prodémocratiques à Hong Kong à l'automne.

Davantage d'avocats spécialisés dans les droits de l'Homme ont «probablement été détenus l'an dernier que lors de n'importe quand depuis le début des années 2000 et leur émergence dans le paysage judiciaire», relève le rapport.

«Ceux qui exigent l'exercice de leurs droits fondamentaux ou défient le système répressif encourent des mesures de représailles, qui incluent l'usage de la torture, de détentions arbitraires, de disparitions forcées, d'intimidation et autres mauvais traitements», assène la CHRD.