
Les partenaires sociaux se réunissent une nouvelle fois cette semaine – le 20 mars – pour tenter de trouver des solutions permettant de pérenniser le système des retraites complémentaires.
Non pas qu'il faille s'attendre à une faillite du système, comme on l'entend souvent. Comme le régime de base, les régimes de retraite complémentaire des salariés du privé – l'Arrco pour la quasi-totalité des salariés du privé et l'Agirc réservé aux cadres (ils sont également affiliés à l'Arrco) sont des régimes par répartition.
Les cotisations prélevées sur les salaires sont immédiatement reversées aux retraités sous forme de pensions. « Contrairement à une idée largement répandue, ces régimes ne peuvent donc pas se retrouver en cessation de paiements puisqu'il y aura toujours des salariés et donc des cotisations à répartir entre les retraités » explique Isabelle Rault-Diamé, directrice relation clients retraite chez Humanis.
Les réserves s'épuisent
Il n'empêche, les comptes des régimes de retraite complémentaire se dégradent à une telle vitesse que les réserves de l'Agirc et de l'Arcco risquent d'être épuisées respectivement dès 2018 et 2025.
Depuis quelques années sous l'effet de l'arrivée à la retraite des premières générations du baby-boom et de l'allongement de l'espérance de vie à la retraite, le rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités s'est dégradé.
Ce phénomène – qui avait été anticipé par les régimes – s'est amplifié avec la crise financière de 2008 : la montée du chômage a réduit la masse salariale sur laquelle sont assises les cotisations, pesant fortement sur les ressources des régimes.
Depuis 2009, le montant des retraites versées chaque année est devenu supérieur à celui des cotisations encaissées. Conséquence, les régimes enregistrent des déficits qui s'aggravent d'année en année.
Or l'Agirc et l'Arrco se sont fixé comme principe de ne pas recourir à l'emprunt pour financer les retraites qu'ils versent. Pour pouvoir continuer à payer les pensions, l'Agirc et l'Arrco ont donc pioché dans les réserves financières qu'ils s'étaient constituées au cours des années précédentes.
Cycle de négociations
Pour trouver une solution et éviter d'avoir à réduire de manière drastique les pensions versées aux retraités ainsi que les droits des futurs retraités, les partenaires sociaux ont entamé un cycle de négociations en février. Il doit déboucher sur un nouvel accord paritaire en juin 2015 pour une mise en œuvre des solutions adoptées au plus tard en janvier 2017.
Les partenaires sociaux ont à leur disposition plusieurs leviers pour redresser les comptes : hausse des cotisations, baisse du niveau des pensions, recul de l'âge de la retraite, taux des pensions de réversion…
Le Medef a, par exemple, proposé que les personnes qui partiraient à l'âge légal (62 ans) subiraient une décote sur les régimes complémentaires. Une décote dégressive jusqu'à… 67 ans. Un bon moyen de faire reculer l'âge effectif de départ en retraite, les régimes complémentaires représentant une part importante des pensions.
Gel des pensions
En moyenne, la pension mensuelle de l'Agirc s'élève à 742 euros, celle de l'Arrco, à 319 euros, lorsque le montant de la retraite de base au régime général est de 1 028 euros.
Autre proposition du Medef, baisser le taux de la pension de réversion. Inutile de dire que des syndicats comme la CGT ou FO ne l'entendent pas de cette oreille. Et comme ils refusent de toucher au montant des pensions, il ne reste plus que les cotisations.
Et pourtant il est vraisemblable que l'ensemble des leviers seront actionnés de manière à faire porter l'effort sur toutes les parties prenantes : employeurs, retraités actuels, salariés actuels et futurs retraités…
En attendant, les partenaires sociaux ont déjà décidé la semaine dernière de geler une nouvelle fois le montant des retraites complémentaires, mais comme l'inflation est quasi nulle, cette mesure rapportera peu.
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