Près d'un an après l'exécution controversée de Clayton Lockett en Oklahoma, dans le sud des Etats-Unis, des témoignages rendus publics, lundi 16 mars, confirment le manque de préparation et de personnel expérimenté pour réaliser cette procédure.
Ces 5 000 pages ont été publiées par le quotidien local The Tulsa World, qui a porté plainte contre les autorités de l'Etat pour obtenir une pleine transparence sur les événements du 29 avril 2014. Une audience est prévue le 27 mars, devant un tribunal de comté. Plusieurs autres médias, dont The Guardian et Associated Press, ont formulé une requête similaire auprès de l'Etat du Missouri, dont ils exigent « la liste et l'origine des produits employés pour les exécutions ».
Clayton Lockett est mort dans d'apparentes souffrances au bout de 43 minutes – au lieu de 10 minutes habituellement – après que l'intraveineuse posée à l'aine eut sauté. Le produit injecté, le midazolam, s'est alors répandu dans ses chairs et non dans ses veines.
« Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté de faire ça »
Selon des témoins, la chambre d'exécution était en proie à « une pagaille sanglante », « comme un film d'horreur ». Le médecin et l'infirmière mobilisés étaient sous pression ce soir-là : deux mises à mort étaient prévues à deux heures d'intervalle. Ils ont lutté pour trouver une veine et c'est le prisonnier lui-même qui a suggéré l'aine.
L'infirmière a dit aux enquêteurs qu'elle n'avait jamais posé d'intraveineuse auparavant sur l'artère fémorale et que le médecin remplaçant aussi semblait manquer d'expérience. Quand elle lui a dit que les aiguilles semblaient trop courtes pour cette procédure, il lui avait répondu : « il faudra bien que ça marche », selon la retranscription de l'interrogatoire de cette dernière.
Quand l'injection a mal tourné et que Clayton Lockett, encore bien conscient, se soulevait de la table d'exécution, visiblement en souffrance, elle a tenté de calmer le docteur, furieux d'avoir été réquisitionné : « Je suis juste remplaçant de toute façon. Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté de faire ça. »
Selon le Tulsa World, les doses de midazolam n'étaient pas étiquetées comme il se doit avec le nom du prisonnier et de celui qui devait être mis à mort deux heures plus tard, mais dont l'exécution a finalement eu lieu six mois plus tard. La Cour suprême des Etats-Unis examinera le 29 avril la question de l'injection létale. Un an, jour pour jour, après l'agonie de Clayton Lockett.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu