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Pérou

Vingt-sept ans après la fin des années de violence, le Pérou continue de trouver des fosses communes

Au Pérou, les principaux leaders du Sentier Lumineux ont été arrêtés il y a plus de 21 ans. Pourtant, le pays n´en finit pas de découvrir les restes macabres d´un conflit interne qui a provoqué la mort de plus de 70 000 personnes. La plus grande exhumation de cadavres est en cours dans une région amazonienne isolée.

Artemio, ancien chef du Sentier lumineux, peu après sa capture par les forces de l’ordre du Pérou, le 12 février 2012.
Artemio, ancien chef du Sentier lumineux, peu après sa capture par les forces de l’ordre du Pérou, le 12 février 2012. REUTERS/Pilar Olivares
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C´est ce que l´on appelle au Pérou les « années de la violence ». Tout a commencé en mai 1980, avec la première attaque armée du Parti communiste péruvien, plus connu sous le nom de Sentier lumineux. Cela a eu lieu dans le gros bourg andin de Chungshi, près d´Ayacucho.

Cette attaque a eu lieu très symboliquement le jour oú les Péruviens votaient pour élire un nouveau président civil, après des années de dictature militaire. Très vite, le pays est entré dans le cycle attaques-représailles-vengeances qui a provoqué, selon le rapport d´une commission de la Vérité et de la Réconciliation, plus de 70 000 morts, des milliards de dollars de dégâts matériels et un traumatisme qui n´a pas disparu.

Tranquilité fragile

On estime généralement que la guerre interne a duré vingt ans, entre 1980 et l´an 2000. Pourtant, les choses se sont améliorées beaucoup plus tôt pour le pouvoir péruvien, à l´époque du président Fujimori, avec l´arrestation en septembre 1992 du fondateur et dirigeant suprême du Sentier lumineux, Abimael Guzman, en compagnie des membres de son Comité central.

→ A (RE)LIRE : Un chef du Sentier lumineux capturé au Pérou

Aujourd´hui, la menace du Sentier lumineux est beaucoup plus limitée, sauf dans les zones de production de coca, dont ce que l´on appelle ici le VRAEM, la Vallée des fleuves Apurimac et Ené. Si le traumatisme n´a pas disparu, c´est en raison de plus de 15 000 disparus que leurs familles cherchent toujours, en particulier dans la région andine.

Fosses communes

Dans la zone du petit village de Huallhua, à l´est du pays, dans un district que l´on appelle l´« Oreille de chien » en raison de sa forme. La première fosse commune actuellement ouverte contient les restes de deux femmes et de treize enfants. Mais ce n´est que la première... et il y en a des dizaines d´autres.

Le massacre a eu lieu il y a 27 ans. A l´époque, les militaires et leurs alliés des milices paysannes avaient torturé et exécuté les civils qu´ils accusaient d´être complices de la sanglante guérilla maoiste du Sentier lumineux. Deux semaines plus tard, les troupes étaient revenues pour tuer les hommes du village.

Dans le seul district de Chungui, qui compte à peine 6000 habitants, on estime que 1384 personnes ont été assassinées pendant les années de la violence. Un peu plus de la moitié par le Sentier lumineux, le reste par les militaires, policiers et para-militaires. Les anthropologues et médecins légistes espèrent récupérer aujourd´hui un peu plus de 200 corps. Ils ont déja retrouvé les cadavres de 26 enfants.

Une vérité difficile à regarder en face

Quand vous parlez aux défenseurs des droits de l´Homme, ils sont unanimes à reconnaître que les autorités ne sont pas toujours pressées lorsque les auteurs des exactions étaient des militaires. Le tendance de beaucoup est de dire « les soldats sont des héros qui nous ont évité de tomber sous le joug des maoïstes » et qu´il faut donc passer l´éponge.

Le fait d´ouvrir des fosses comunes permet donc de revenir sur une réalité que beaucoup de Péruviens souhaitent oublier alors que les victimes et leurs familles n´ont souvent recu aucune aide ni financière, ni psychiatrique, ni médicale, des autorités.

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