Meurtre de Nemtsov : Navalny accuse Poutine d'avoir donné son feu vert
Par Le Nouvel Obs
Publié le
Boris Nemtsov et Alexeï Navalny le 24 décembre 2011. MISHAJAPARIDZE/AP/SIPA
Le principal opposant au président russe ne croit "pas du tout" à la piste d’extrémistes islamistes dans le meurtre de Boris Nemtsov.
Pour Alexeï Navalny, il ne fait aucun doute que l’assassinat de son ami Boris Nemtsov n’a pas été possible "sans autorisation du pouvoir". Dans un entretien accordé au "Monde" daté du mercredi 18 mars, le premier opposant à Vladimir Poutine livre sa théorie sur le meurtre de l’ancien ministre tué par balles en plein cœur de Moscou, à deux pas du Kremlin, le 27 février.
D’après lui, "il est impossible qu’ils [les services spéciaux russes du FSB, NDLR] n’aient pas vu les tueurs et ce qui se préparait. Soit ils ont agi ensemble, soit ils ont laissé faire."
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Si Navalny ne croit "pas à un ordre direct du Kremlin", il évoque "une déclaration informelle de Vladimir Poutine", "une sorte de feu vert" adressée au président de la République de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, qui aurait ordonné directement l’assassinat de Nemtsov.
Regardez la cérémonie filmée dans un stade de Grozny [le 28 décembre 2014, NDLR] où Kadyrov exhorte 20.000 hommes en armes 'à prendre des initiatives' et à 'suivre les ordres de Vladimir Poutine'. Il n’a d’ailleurs pas eu honte d’affirmer que le principal suspect était un 'vrai patriote de Russie', comme s’il disait, 'oui, il a tué, mais c’est un bon patriote'", rappelle Navalny.
"Boris aurait pu devenir président"
Condamné fin février à 15 jours de prison pour distribution "illégale" de tracts dans le métro de Moscou, Alexeï Navalny croit "pas du tout" à la piste d’extrémistes islamistes alors qu'un suspect d'origine tchétchène a été inculpé le 8 mars dernier.
L’assassinat de Boris Nemtsov sert les intérêts du pouvoir, pour faire peur, pas seulement à l’opposition mais aussi à toute l’élite", avance-t-il.
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Ainsi, à ses yeux, Vladimir Poutine craignait surtout que l'ascension politique de Nemtsov ne menace sa suprématie sur le pays - "Boris aurait pu devenir président", regrette-t-il.
"Nous avons sous-estimé la détermination de Vladimir Poutine et de son entourage à défendre le pouvoir non d’un empire, mais d’un empereur, qui veut l’être à vie", conclut Navalny.
G.S.