Déficit : le bras de fer entre Paris et Bruxelles continue

"Tout nouvel effort qui se traduirait par un affaiblissement de la croissance ne serait pas sérieux", a averti Manuel Valls, mercredi, à Bruxelles.

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Manuel Valls et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont donné une conférence de presse commune, mercredi à Bruxelles.
Manuel Valls et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont donné une conférence de presse commune, mercredi à Bruxelles. © Anadolu Agency

Temps de lecture : 3 min

La France ne veut pas accélérer le rythme de la consolidation budgétaire. En visite à Bruxelles mercredi, Manuel Valls a été très clair lors de sa conférence de presse commune avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à la sortie d'un déjeuner avec le collège des commissaires européens.

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Bien sûr, tout cela est enrobé d'un langage très diplomatique. "J'ai d'abord expliqué au collège que la France tiendrait ses obligations budgétaires", a assuré Manuel Valls, après les deux ans supplémentaires (jusqu'à fin 2017) accordés par ses partenaires pour ramener le déficit sous la barre des 3 % du PIB. "Ce délai sera respecté et toutes les mesures seront prises à cet effet", a-t-il promis. Ce qui devrait se traduire par 4 milliards d'euros d'économies supplémentaires dès cette année.

Valls "extrêmement vigilant à ne pas casser la croissance"

"Nous avons insisté sur la nécessité de voir la France revenir dans les clous du pacte. J'ai acquis la conviction que telle est la volonté du Premier ministre et du président de la République", lui a répondu Jean-Claude Juncker.

Un échange d'amabilités qui masque mal les divergences de fond. "Je serai extrêmement vigilant à ne pas casser la croissance qui aujourd'hui revient en France et en Europe [...]. Cette croissance est indispensable pour faire baisser le chômage [...]. Tout nouvel effort qui se traduirait par un affaiblissement de la croissance ne serait pas sérieux", a immédiatement précisé Manuel Valls, avant même d'être interrogé à ce sujet par les journalistes.

"Il y a des économies non pernicieuses pour la croissance" (Juncker)

Une petite phrase lourde de sens alors que la recommandation européenne exige une forte réduction du déficit "structurel", ce qui nécessiterait d'aller bien au-delà des fameux 50 milliards d'économies, là où la France espère arriver aux objectifs fixés par Bruxelles grâce au retour de la croissance. Si le montant exact de l'effort demandé par les Européens est encore difficile à chiffrer précisément, il devrait atteindre plus de 20 milliards d'euros sur deux ans, en plus des 15 milliards déjà programmés par la France en 2016, et des 14 milliards en 2017 (après 21 milliards en 2015).


La réponse du président de la Commission européenne ne s'est pas fait attendre : "Toutes les économies que la République pourra faire ne sont pas des économies qui nuiront à la croissance. Il y a des économies non pernicieuses pour la croissance." Une façon de renvoyer la balle dans le camp de Paris pour mettre en ordre ses finances sans enrayer la reprise économique. Une réforme des retraites, par exemple, permet de faire rapidement des économies sans pour autant peser sur la croissance.

"Ce débat, cela vaut le coup de l'avoir" (Michel Sapin)

Paris espère encore pouvoir infléchir la position de ses partenaires. "Nous aurons l'occasion d'évoquer de nouveau les années 2016 et 2017 avec la Commission", a expliqué Manuel Valls. La négociation ne sera pas facile : le Premier ministre a promis de "[faire] en sorte que jamais les économies ne mettent en cause les prévisions de croissance".

Auditionné mercredi matin par la commission des finances de l'Assemblée nationale, Michel Sapin avait tenu exactement le même discours. "Le vrai débat, c'est celui des conséquences [de la recommandation de la Commission] sur la croissance. Est-ce que ça nous permet d'atteindre mieux notre objectif nominal [de déficit, NDLR] ? Non. Est-ce que ça peut avoir des effets sur la croissance ? Oui ! [...] Ce débat, cela vaut le coup de l'avoir."

On comprend la réticence du gouvernement à réduire les déficits à marche forcée, au risque de ralentir un peu l'activité économique : en dessous de 1,5 % de croissance, il aura en effet beaucoup de mal à faire reculer le chômage. François Hollande devrait alors dire adieu à ses chances de réélection.


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Commentaires (39)

  • hope for France

    Ce qui est invraisemblable, dans votre discours, c'est que même avec 100% de PIB d'endettement, plus de 5 millions de sans emploi, un déficit chronique depuis des décennies, une croissance à l'arrêt depuis 2012, un taux de marge des entreprises le plus bas d'Europe, des records mondiaux de prélèvements obligatoires, vous nous vantez encore les bienfaits de l'exception socialiste française !
    Croyez-vous que la leçon de morale va suffire à affronter la catastrophe économique qui va arriver en France ?
    Suffira-t-il d'expliquer que si le chômage est inexistant en Allemagne, c'est à cause de petits boulots, que si l'Allemagne est à l'équilibre budgétaire, c'est en raison de la pauvreté de sa population, que si l'Amérique connaît la croissance, elle est de toute façon injuste car inégale ?
    Comment peut-on être, encore au XXIème siècle, si aveuglé par l'idéologie socialiste, qui malgré tous ses bienfaits qu'on nous a inculqués n'a toujours apporté que ruine et désespoir, dans l'histoire de l'humanité ?
    Comment peut-on croire en une idéologie qui a sapé toute perspective économique et sociale, qui ne peut s'empêcher de sanctionner les libertés individuelles et économiques, qui n'a jamais permis à aucun pays de se redresser ?
    Comment peut-on encore croire à cette religion, qui s'appuie sur un Dieu Etat dont les succès n'ont jamais été vus et dont les méfaits sont tous les jours constatés ?
    Seule la faillite économique et le monde extérieur pourront ouvrir les yeux des derniers fidèles, qui sont ici plus nombreux qu'ailleurs, tant l'endoctrinement, par l'Education Nationale, les médias et les syndicats marxistes, est profond...
    Il faudrait à la France une véritable "évangélisation" libérale, pour la sortir de 70 ans de propagande marxiste, qui a imposé le socialisme comme seule vertu universelle, quels que soit ses désastres, dans la pratique !

  • sanouk

    La France a toujours été incapable de gérer un budget.
    Avant l'Euro, elle utilisait la dévaluation.
    Maintenant, elle a recours à l'emprunt.
    Pourtant, la solution est simple.
    Arrêt des gaspillages (en faire la liste demanderait trop de temps et de lignes).
    Mais c'est impossible, trop de gens en profitent.

  • Lothar

    Non ! Le problème n'est pas européen, il est Français. Nous seuls sommes responsables de l'atonie de notre économie. Les français n'ont que ce qu'ils méritent, et ce qu'ils ont voulu : un État monstrueux, une pléthore de fonctionnaire incompétents, une durée de travail réduite, un assistanat érigé en principe, une retraite à 60ans pour des gens qui ont paressé toute leur vie, une économie dirigée, une haine de la réussite et une méfiance vis à vis de l'entreprenariat ét un refus de la mondialisation. L'Europe n'a rien à voir avec tout cela. Vous avez voté pour un état impotents depuis 60ans, pour la toute puissance du publique, nous en payons les conséquences, assumons. Assumez.