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La gauche peut-elle perdre la Seine-Saint-Denis ?

En à peine sept ans, la Seine-Saint-Denis pourrait passer des mains des communistes à celles de la droite.

Publié le 17 mars 2015 à 12h32, modifié le 19 août 2019 à 13h08 Temps de Lecture 5 min.

A Bobigny , salle Max Jacob, meeting du parti socialiste le 16 mars 2015 - Claude Bartolone, president de l'Assemblee nationale, tente de mobiliser les électeurs de gauche.

L’ancienne banlieue rouge a pris quelques bleus. Dirigée pendant quarante et un ans par les communistes, puis par les socialistes depuis 2008, la Seine-Saint-Denis est un bastion de la gauche depuis la naissance du département, en 1968. « D’habitude, on connaît l’issue des élections à l’avance », confirme Stéphane Troussel, le président socialiste du conseil général. La gauche ou la gauche. Mais si celle-ci reste favorite pour le scrutin départemental des 22 et 29 mars, prévient-il, « l’incertitude existe avec la droite ».

Branle-bas de combat. En à peine sept ans, la Seine-Saint-Denis pourrait donc passer des mains des communistes à celles de la droite. « Pour la première fois, c’est possible », jubile Philippe Dallier. Selon le sénateur UMP du département, la victoire ou la défaite se jouera à un ou deux cantons près.

Lire aussi : Départementales : en meeting à La Courneuve, la gauche en alerte

Alors la droite n’a pas pris de risque, elle a fait alliance. Dès le premier tour, UMP et UDI ne présentent qu’un binôme dans chacun des 21 cantons. « Le contraire aurait été suicidaire », admet M. Dallier. Une union réaliste, dans le département métropolitain où François Hollande a fait son meilleur score à la présidentielle de 2012, avec 65 % des voix. Seul accroc à leur accord : à Saint-Ouen, le maire UDI, William Delannoy, a été investi par l’alliance de la droite et du centre. Mais le conseiller général sortant et maire d’Epinay-sur-Seine, le centriste Hervé Chevreau, a également présenté un duo, estampillé divers droite.

PS et PC tractent séparément

Le président UDI au conseil général, Stéphane Salini, croit plus que jamais à la prise du département. « Ce n’est déjà plus la ceinture rouge », note celui qui est également candidat à Drancy. La preuve, selon lui : six villes sont passées aux mains de la droite et du centre après les municipales de 2014. Parmi elles, Bobigny, où le maire UDI Stéphane de Paoli arborait un grand sourire sur le marché de l’Abreuvoir, dimanche 15 mars. « Bien sûr qu’on y croit, pourquoi ce ne serait pas le cas ? » D’autant qu’en face, PS et Front de gauche tractent séparément.

Le candidat socialiste du canton de Bobigny-Noisy-le-Sec, Fouad Ben Ahmed, s’est justement engagé en politique en 2008, par peur que la ville ne passe à droite. Cette fois, soupire-t-il, « je sais qu’on va… qu’on risque de perdre le département ». Un lapsus qui trahit ses doutes. Alors pour sa première candidature, il aurait préféré une union de toute la gauche.

Mais dans ce canton comme dans tous les autres du département, le Parti socialiste a fait alliance avec Europe Ecologie - les Verts (EELV), le Parti radical de gauche, le Mouvement républicain et citoyen et le Mouvement gauche citoyenne ; le PCF, lui, a joint ses forces avec le Front de gauche. Tout en distribuant des tracts, un militant se dit « déçu » de cette poire coupée en deux. Pas son candidat, le communiste Abdel Sadi, pour qui « c’est bien comme ça, qu’on soit chacun présent au premier tour ». Au risque de ne pas le passer. « Et que tout le travail fait ensemble au département, notamment sur les questions sociales, soit perdu », craint M. Ben Ahmed.

Les communistes « se trompent d’élection »

Et encore, Bobigny-Noisy-le-Sec semble bien loti avec ses deux binômes de gauche. A Saint-Denis-2, ce ne sont pas moins de cinq duos (extrême gauche, Front de gauche, divers gauche, PS, divers écologistes) qui s’affrontent, face à l’union de la droite et au FN.

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Un morcellement qui n’empêche pas M. Troussel d’affirmer que la gauche n’a jamais été aussi rassemblée au premier tour derrière les socialistes. Et de citer EELV, avec qui « c’est la première fois que l’on trouve un accord partout ». Il faut dire que face aux saillies de la droite, la nécessité se fait sentir pour la première fois. Quant aux communistes, ils « se trompent d’élection ». Si le PS affirme leur avoir tendu la main, d’autant plus qu’ils appartiennent à la majorité de l’actuel conseil général, pas question pour les communistes d’être associés au gouvernement.

Candidat Front de gauche à Tremblay-en-France, Pierre Laporte confirme qu’il ne voit pas comment il aurait pu s’unir aux socialistes dont il ne partage pas la politique nationale, laquelle « a des conséquences sur le département ». Et si la droite passe ? Le quatrième vice-président du conseil général refuse d’en être tenu pour responsable. « Ce qui crée le risque de basculement à droite, à l’extrême droite et la démobilisation à gauche, c’est la politique menée par le gouvernement. » Pour éviter un vote sanction, il mise donc sur « une alternative » à gauche.

Têtes d’affiche contre vote sanction

Pour mobiliser ses sympathisants, le PS capitalise de son côté sur ses têtes d’affiche dans le département. D’autant que, souligne M. Troussel, « le poids des personnalités locales est plus fort aux départementales qu’aux européennes » où le Front national était arrivé en tête en Seine-Saint-Denis, avec 20,66 % des voix en mai 2014. Alors il se déplace dans les meetings des candidats du rassemblement de la gauche et des écologistes.

« Son bilan est bon, il a rassemblé la gauche Stéphane Troussel a fait toutes les figures imposées », défend son prédécesseur à la présidence du conseil général, Claude Bartolone. Reste l’inconnue du vote. Voilà pourquoi M. Bartolone, désormais président de l’Assemblée nationale, s’est déplacé mercredi soir au meeting de la gauche à La Courneuve pour appuyer M. Troussel. Cécile Duflot était également de la partie, pour soutenir un rassemblement local qui n’est « pas un alignement ».

Mais la gauche le sait, elle doit aller chercher chaque voix en Seine-Saint-Denis. M. Bartolone résume : « La véritable réponse aux craintes électorales de la gauche est de donner envie à ses électeurs d’aller voter. » D’où l’importance, pour elle, des rendez-vous de proximité où elle explique les enjeux d’un scrutin peu connu des électeurs. « Soit ils ne votent pas, soit ils se lâchent pour envoyer un message », résume Emmanuel Constant, président du groupe socialiste au conseil général et candidat sur le canton de Noisy-le-Grand. Education, personnes âgées, handicap… Jusqu’à dimanche, jour du premier tour, il va donc continuer de répéter à quoi sert le département. « Mais je ne sais pas si ça suffira. »

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