Nigeria : Boko Haram massacre dans sa fuite les femmes mariées de force

Des combattants islamistes de Boko Haram ont préféré tuer leurs «épouses» plutôt qu'elles ne se remarient à des non musulmans après la reprise de la ville de Bama par les forces nigérianes, selon plusieurs témoins.

Nigeria : Boko Haram massacre dans sa fuite les femmes mariées de force

    L'Afrique de l'Ouest vit dans la terreur du groupe terroriste Boko Haram qui entretient cette peur par des actions sanglantes. Dans le nord-est du Nigeria, des dizaines de femmes mariées de force à des combattants islamistes du groupe récemment rallié à Daech ont été massacrées par leurs «époux», avant la reprise par les forces gouvernementales de la ville de Bama, pour éviter qu'elles ne tombent entre les mains d'«infidèles». C'est ce que rapportent ce jeudi cinq témoins interrogés par l'AFP. Cette tragédie fait écho à l'enlévement et au mariage forcé de lycéennes l'automne dernier.

    Selon ces témoins, les islamistes fuyant l'avancée de l'armée qui a annoncé lundi avoir reconquis Bama craignaient d'être tués ou séparés de leurs femmes. Selon Sharifatu Bakura, une mère de trois enfants, dont le témoignage a été corroboré par d'autres, les combattants islamistes avaient été prévenus de l'assaut contre cette ville, un de leur fiefs dans l'Etat de Borno. Les insurgés ont alors décidé de fuir en direction de Gwoza, une localité proche, sans attendre l'arrivée des soldats. Mais avant de fuir, ils ont «tué leurs femmes pour que personne ne puisse se remarier avec elles», a ajouté Sharifatu Bakura.

    Boko Haram a forcé des dizaines de femmes de Bama à se «marier» avec des combattants après avoir conquis la ville en septembre 2014.

    Les témoins, placés sous la protection de militaires cette semaine dans la capitale de l'Etat de Borno, Maiduguri, ont précisé que le massacre des femmes avait commencé une dizaine de jours avant la reprise de Bama. Les islamistes ont expliqué que «s'ils tuaient leurs femmes, elles resteraient pures jusqu'à ce qu'ils se retrouvent au ciel, où ils seraient réunis», a ajouté un autre témoin, Salma Mahmud.

    Un membre d'un groupe d'auto-défense qui a participé à la reprise de Bama, Abba Kassim, a déclaré y avoir vu «des dizaines de cadavres de femmes». D'autres témoins ont cité des chiffres similaires mais il n'était pas possible de vérifier ce bilan dans l'immédiat.