LES PLUS LUS
Publicité

"Si vous voulez changer de Président, ce n’est pas dimanche"

REPORTAGE - Jeudi, leJDD.fr a passé la journée avec Yves Daudigny, président sortant du conseil général de l'Aisne. Le socialiste, qui se représente, ne croit pas à la victoire du Front national dans son département et insiste sur le caractère départemental de cette élection.

, Mis à jour le
Yves Daudigny et Christelle Poette jeudi soir lors d'une réunion publique à Crécy-sur-Serre.
Yves Daudigny et Christelle Poette jeudi soir lors d'une réunion publique à Crécy-sur-Serre. © A-Ch. D. / JDD.fr

L’Aisne au Front national , Yves Daudigny n’y croit pas. "C’est impossible. Le FN ne peut pas remporter 11 cantons (sur 22, Ndlr)", estime le président socialiste du conseil général sortant, qui s’attend toutefois à un "score élevé" du parti de Marine Le Pen. Mais "la défaite de la majorité de gauche n’est pas inscrite comme une vérité absolue", croit savoir Yves Daudigny, de nouveau candidat. Depuis plusieurs semaines, au vu des précédents scores notamment aux élections européennes, l’Aisne apparaît comme un territoire pouvant basculer à l’extrême-droite. Les médias se pressent dans le département, et seront présents en nombre au soir du premier tour pour couvrir une éventuelle chute du socialiste. "Ce n’est pas très agréable", confie ce dernier au JDD.fr.

Publicité

Lire aussi : notre série de reportages sur les départementales

La suite après cette publicité

Jusqu’au bout, Yves Daudigny et Christelle Poette - candidate pour la première fois - font campagne. Jeudi, ils sont allés à la rencontre de plusieurs entreprises du canton pour une "journée d’imprégnation économique". Car le président sortant, à la tête du département depuis 2001, refuse que son territoire soit perçu comme un "désert". "Il y a plein d’activités, mais elles ne répondent pas au problème du chômage de masse." Dans l’Aisne, le chômage atteint en effet 14%. En cause notamment la désindustrialisation et la disparition des emplois agricoles.

La suite après cette publicité

"On n’aurait jamais dû commencer à travailler"

L'occasion aussi de se confronter aux salariés. "On nous promet des choses, mais jamais rien ne change…", lance une saisonnière d’une endiverie de Pouilly-sur-Serre. "En France, on est les champions du social. On n’aurait jamais dû commencer à travailler. C’est notre erreur", poursuit-elle, sous les approbations de ses camarades. Une remarque qu’Yves Daudigny a entendue à plusieurs reprises ces dernières semaines. "Nous devons réfléchir à nos systèmes pour qu’ils encouragent bien à retravailler. Le système s’est dévoyé et devra être revu", réplique le socialiste, pour qui le dispositif actuel du RSA est parfois "un frein à l’emploi".

 

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Yves Daudigny (à gauche) lors de la visite de l'endiverie Baltard. (A-Ch.D./JDD.fr)

Autre sujet de réflexion : la fin de l’exonération des heures supplémentaires. "C’est dommage, ça a bouleversé beaucoup de choses", juge le gérant de l’endiverie, qui explique qu’au lieu d’embaucher, il a diminué sa production. "Ça, c’était du vrai social, ça redonnait de l’emploi", complète-t-il. "J’ai voté cette mesure et participé aux débats" en tant que sénateur, indique Yves Daudigny. Le regrette-t-il : "Oui, un peu. Cela entraîne une diminution d’activité, le contraire du but recherché. C’est un dispositif où tout le monde est perdant. Je pense que ce n’est pas une bonne mesure", confie-t-il avec le recul.

"Le conseil départemental, c’est votre vie de tous les jours"

Sur le terrain, Yves Daudigny ne cesse de rappeler les enjeux de cette élection départementale, refusant de la placer à un niveau national. "Si vous voulez changer de président de la République, ce n’est pas dimanche prochain. Vous en aurez l’occasion, l’élection présidentielle approche", tranche le socialiste.

Il met aussi en garde contre la tentation de l’abstention. Jeudi soir, lors d'une réunion publique dans le village de Crécy-sur-Serre, il déclare : "Ne pas aller voter, c’est en fait renforcer dangereusement le vote FN dans un secteur où il a déjà été trop élevé." Un Front national qui, selon lui, "avance masqué" et "se sert des départementales comme une marche vers le pouvoir national". Lutte contre l’immigration, niveau des retraites… "Ce ne sont pas les sujets traités par le département", renchérit Yves Daudigny, tract du FN à la main. "Le conseil départemental, c’est votre vie de tous les jours", insiste-t-il.

Pas de réponse sur le cumul

Contrairement aux quatre élections cantonales précédentes, Yves Daudigny ne devrait pas être réélu dès le premier tour. Le contexte est certes différent, et le canton - qui initialement ne comprenait que son fief de Marle - s’est agrandi et comprend désormais les zones de Crécy-sur-Serre, dirigé jusqu'à présent par l'UMP, et de Sains-Richaumont, où l'ex-suppléante d'un socialiste est aujourd'hui alliée avec la droite.

Les trois binômes candidats dans le canton de Marle. (A-Ch.D./JDD.fr)

"Notre horizon politique, c’est dimanche soir", plaide Yves Daudigny. Ce dernier, sénateur depuis 2008, refuse de se prononcer sur la question du cumul des mandats. "La loi (qui entrera en vigueur en 2017, Ndlr) n’interdit pas d’être sénateur et conseiller départemental", déclare-t-il simplement. La chose est différente lorsqu'on est élu président. "On ne répond pas aux questions qui ne se posent pas. Chaque chose en son temps", esquive Yves Daudigny. Avant de conclure : "Ma situation est celle d’un élu qui fait le choix de consacrer à la vie publique un peu plus que le raisonnable."

Source: leJDD.fr

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
Eric Lombard, François Bayrou et Pierre Moscovici.
Politique

Audition de Pierre Moscovici, congrès des Écologistes, élections canadiennes… Les 4 infos dont vous allez entendre parler demain

Chaque soir, le JDD vous présente les infos dont vous allez entendre parler le lendemain : l’audition en commission des Finances de Pierre Moscovici, Éric Lombard et Amélie de Montchalin ; le premier tour du congrès des Écologistes ; le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne ; la campagne électorale fédérale du Canada.

Hémicycle de l'Assemblée nationale.
Politique

Fin de vie : les mensonges du débat parlementaire

Un an après sa mise entre parenthèses par la dissolution, le débat sur la fin de vie revient à l’Assemblée. Avec lui, un cortège d’approximations, de manœuvres politiques et de mots choisis pour ne pas dire. Tour d’horizon des cinq grandes illusions qui brouillent les lignes.

Publicité