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Inquiet de la montée du FN, Nicolas Sarkozy dénonce le système d’intégration français

Lors de son dernier meeting avant le premier tour, le président de l’UMP a consacré beaucoup de temps à évoquer l’immigration et la question de l’identité.

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Publié le 20 mars 2015 à 23h04, modifié le 19 août 2019 à 13h04

Temps de Lecture 4 min.

L'ancien président Nicolas Sarkozy, lors de son meeting à Dammarie-les-Lys, en Seine-et-Marne, le 20 mars.

Dans cette campagne marquée par les débats sur la montée du Front national, Nicolas Sarkozy a accaparé en force les thèmes chers à l’extrême droite. Et le président de l’UMP a encore intensifié son propos lors de son dernier meeting avant le premier tour, vendredi 20 mars, à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne). Entre une dénonciation du « matraquage fiscal » et des mots de soutien aux médecins futurs « fonctionnaires de la Sécurité sociale », il a consacré la moitié de son une grande partie de son discours aux questions d’identité et d’immigration. « On n’a pas d’argent, plus d’emplois. Notre système d’intégration est complètement à l’arrêt, car nous accueillons plus de monde que nous ne pouvons en intégrer », a déclaré l’ancien président de la République.

Inquiet de la porosité entre les électorats de l’UMP et du FN, M. Sarkozy a défendu une nouvelle fois le modèle de l’assimilation plutôt que celui de l’intégration, où l’étranger « qui nous rejoint vient comme il est ». « Nous voulons garder notre mode de vie. Celui qui nous rejoint doit s’assimiler, adopter notre mode de vie, notre culture. (…) Garde-t-on ses chaussures quand on visite une mosquée à l’étranger ? », a lancé M. Sarkozy, avant de se féliciter d’avoir refusé l’intégration de la Turquie à l’Union européenne et de critiquer l’accord de Schengen, qui a permis « d’abolir les frontières » et, dit-il, de laisser des étrangers venir profiter des « prestations sociales plus généreuses » en France. « Nous souhaitons que ceux que nous continuons à recevoir prennent en compte notre mode de vie, celui que nos grands-parents, nos parents, nous ont transmis et que nous souhaitons transmettre à nos enfants », a-t-il argumenté.

 

Des propos que Patrick Buisson n’aurait pas reniés

Après ces propos, que son ancien conseiller, Patrick Buisson, l’inspirateur du débat sur l’identité nationale, n’aurait pas reniés, le président de l’UMP a aussitôt enchaîné sur sa volonté de mettre en place un « islam de France ». « Ce débat-là, il faut qu’on l’ait pour avoir un islam de France qui intègre les valeurs de la République », a déclaré M. Sarkozy, tout en critiquant à de nombreuses reprises Marine Le Pen pour ses idées économiques « d’extrême gauche » et en répétant que tout élu qui passerait un accord avec le FN serait exclu. « Nous sommes un pays aux racines chrétiennes, qui appartient à une civilisation, la civilisation européenne », a conclu M. Sarkozy. Des déclarations pesées et réfléchies pour contrer le FN à moins de quarante-huit heures d’un vote où Marine Le Pen ambitionne d’arriver devant l’UMP en nombre de suffrages sur l’ensemble du territoire.

Depuis le début de ses déplacements dans les départements, le 29 janvier à Tourcoing (Nord), M. Sarkozy a semblé obsédé par le FN. Il s’est d’abord rendu dans les lieux où le Front national progresse, par exemple dans les zones rurales lors d’un déplacement en Bourgogne, le 19 février, mais aussi dans les Bouches-du-Rhône, le 5 mars. Il a ensuite dégainé sa formule du « FNPS » pour appeler les électeurs de droite à voter utile. Sur le fond, il a beaucoup évoqué sa vision d’une « république forte », protectrice d’un « mode de vie » et de « terroirs qu’on ne transporte pas ». Un air de ressemblance avec la campagne de 2012, axée sur la thématique des « frontières ». Lors de cette ultime semaine, Nicolas Sarkozy a encore insisté sur la question de l’identité, jusqu’à provoquer l’incompréhension de sa propre famille. Mardi 17 mars, au cours d’une interview au « 20 Heures » de TF1, le président de l’UMP a affirmé qu’il était opposé au port du voile à l’université et aux repas de substitution dans les cantines scolaires. « Si vous voulez que vos enfants aient des habitudes alimentaires confessionnelles, vous allez dans l’enseignement privé confessionnel », a-t-il répondu à une question.

>> Lire aussi : Nicolas Sarkozy dispute la campagne au FN

La belle unité se fissure

En s’emparant de ces sujets, Nicolas Sarkozy, qui se pose en rassembleur de l’opposition, a réussi à se mettre à dos de nombreuses personnalités de son parti. Même ses plus proches. « Je pense que c’est un sujet qu’on ferait mieux d’aborder après les échéances électorales et pas la veille. On vit dans un climat d’hystérie terrifiant, tout le monde a le devoir d’apaiser et de faire très attention aux emballements électoralistes », a ainsi estimé son ancienne plume à l’Elysée, Henri Guaino, sur France Inter, jeudi 19 mars. Le député des Yvelines a un rôle important dans ce débat, puisque M. Sarkozy lui a confié, le 7 février, la rédaction d’un rapport pour préparer la journée que l’UMP va consacrer à l’islam en avril.

Ses adversaires probables à la primaire de l’UMP se sont également opposés à ses opinions en utilisant tous le même registre. « Ne faisons pas de l’extrémisme à tous crins. A l’université, il s’agit d’adultes », a expliqué le maire de Bordeaux, Alain Juppé, au Parisien, jeudi 19 mars. Même analyse pour François Fillon dans les colonnes du Figaro : « L’université a toujours été un espace de liberté et accueille des adultes. On ne peut pas traiter la question des choix religieux de millions de citoyens d’un revers de la main. » Lors d’un échange avec les internautes, l’ancien candidat à la primaire de l’UMP Bruno Le Maire s’est lui aussi dit contre une « nouvelle loi à l’université, parce que ce sont des étudiantes adultes et parce qu’il y a aussi des étudiantes étrangères ». A quelques heures du premier tour, la belle unité s’est légèrement fissurée, et le positionnement de M. Sarkozy promet des débats houleux dans les mois à venir.

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