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Pollution à Paris : l’inertie coupable du gouvernement

A la veille des élections départementales, l’exécutif a préféré ne pas prendre le risque de mécontenter les automobilistes-électeurs de banlieue parisienne, en refusant la mise en place de la circulation alternée

Publié le 20 mars 2015 à 21h53, modifié le 19 août 2019 à 13h04 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde » Pollution et élections ne font décidément pas bon ménage. Depuis cinq jours, les Parisiens vivent sous une chape de particules fines, d’ozone et de dioxyde d’azote, les bronches exposées, les yeux et la peau irrités, sans qu’aucune mesure sérieuse ne soit prise par le gouvernement. L’air de la capitale est irrespirable.

Lire aussi : Pollution : Anne Hidalgo veut simplifier la mise en œuvre de la circulation alternée

Les seuils d’alerte ont été franchis, mais l’exécutif regarde ailleurs, vers l’horizon des élections départementales, un scrutin à haut risque pour la gauche, où chaque voix est redoutée. Et sans doute celles des automobilistes franciliens.

La demande répétée d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, d’imposer la circulation alternée en Ile-de-France et le contournement de la région par les poids lourds de transit est restée lettre morte. Le préfet de police de Paris n’a pas jugé bon d’instaurer cette mesure d’urgence, pas plus que la ministre de l’écologie. Alors qu’un nouveau pic de pollution est annoncé pour le samedi 21 mars, Ségolène Royal estime qu’il n’est pas « raisonnable d’imposer si vite cette galère à la banlieue ». La ministre préfère attendre lundi… Après le scrutin.

Il y a un an déjà, à la veille des élections municipales, le gouvernement avait tergiversé pendant une semaine, avant d’appliquer, le 17 mars 2014, la circulation alternée. La mesure n’avait créé aucun désordre et avait démontré son efficacité. Airparif, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, avait noté une réduction de 6 % de la concentration des particules sous l’effet d’un trafic réduit de 18 %.

A l’époque, Mme Hidalgo freinait des quatre fers, craignant de fédérer la colère des automobilistes et de compromettre sa conquête de la capitale. Cette fois, l’édile est beaucoup plus allante. Il faut dire qu’elle n’a pas à craindre le résultat des urnes : les Parisiens ne votent pas aux élections départementales dimanche 22 mars. Mais ce n’est pas l’unique raison. Depuis son accession à la mairie, Mme Hidalgo a engagé une vraie guerre contre la pollution et le diesel.

42 000 morts prématurées

Cela ne fait plus aucun doute dans la communauté scientifique : la pollution de l’air est un cancérogène certain, qui favorise les cancers du poumon et de la vessie et les maladies respiratoires et cardio-vasculaires. La pollution en France est responsable chaque année de 42 000 morts prématurées. Ce fléau a aussi un coût économique : la prise en charge des maladies liées à la pollution de l’air est estimée, dans l’Hexagone, entre 825 millions et 1,7 milliard d’euros par an.

Cette inertie coupable de l’exécutif s’ajoute à l’erreur tragique des gouvernements précédents, qui ont contribué à la « diésélisation » du parc automobile français – qui détient un triste record mondial en la matière. Aussi le gouvernement doit-il agir en priorité contre la pollution chronique qui empoisonne quotidiennement l’air de la plupart des grandes villes françaises.

C’est cette pollution quasi permanente, de bas niveau, qui est responsable de la plus grande part des dégâts sanitaires. Mais cela ne dispense en aucune façon les pouvoirs publics de prendre les mesures d’urgence, lorsqu’elles s’imposent, pour contrer les pics de pollution. Ceux-ci provoquent toujours, dans les jours qui suivent, un accroissement mesurable de la mortalité. Le risque sanitaire est donc bien réel. Ce qui conduit à interpeller le gouvernement : combien de vies vaut une voix ?

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