"Est-ce que je vais garder mes cheveux?" Lorsque les spécialistes lui diagnostiquent un cancer en 2012, la première question qui sort de la bouche de Corinne concerne sa longue chevelure brune. "Quand le médecin vous répond qu'avec le protocole de traitement envisagé, il n'y a aucune chance de ne pas les perdre, vous êtes terrassée", se souvient-elle.

Cette coquette femme de 50 ans se remémore les conseils de son entourage: "Fais-toi couper court avant qu'ils ne tombent, le choc sera moins grand". Corinne, elle, ne "le sentait pas". "Je voyais ça comme une double peine: j'allais perdre mes cheveux et, avant ça, devoir m'habituer à une coupe 'forcée'", lâche-t-elle. Finalement, elle s'est coupé elle-même les cheveux, un matin, avec des ciseaux trouvés dans sa cuisine. "Je ne ressemblais à rien, mais mes cheveux, devenus très secs à cause du traitement de cheval que je subissais, me démangeaient horriblement. Quand on arrive à ce stade-là, paradoxalement, tout couper est une délivrance."

"On perd un peu son visage"

"En plus de ça, lorsqu'on est malade, on n'a pas l'impression que l'on va retrouver sa 'vraie' tête un jour. On se sent gris, moche, on perd un peu son visage, on a du mal à se reconnaître, explique Corinne. Mais j'ai eu la chance de rencontrer des gens extraordinaires à l'hôpital européen Georges-Pompidou, il y avait même une association qui nous accompagnait, nous conseillait et nous offrait des soins esthétiques."

Et puis il y a l'achat de la perruque. 125 euros remboursés par la Sécu, ce n'est pas assez pour qu'elle soit à la fois confortable et insoupçonnable. "J'avais la 'chance' de pouvoir acheter ce qui me convenait, une perruque qui, pour 600 euros, qui ne démangeait pas, et donnait un résultat très naturel, explique Corinne. Ce n'est pas le cas de toutes les femmes."

C'est à elles qu'elle a pensé après sa rémission. Il fallait tourner la page de la maladie, mais aussi trouver un moyen d'aider.

"Tu sais, ma perruque pourrait servir à quelqu'un d'autre"

Un été, alors qu'elle se faisait coiffer par Lucia Iraci, elle lui lance: "Tu sais, ma perruque pourrait servir à quelqu'un d'autre maintenant". "J'ai été très surprise, car je m'occupe depuis toujours de gens malades et je n'avais jamais entendu ça", se souvient la coiffeuse, également présidente de l'association Joséphine pour la beauté des femmes, qui propose des soins esthétiques aux plus démunies. "L'idée est restée dans un coin de sa tête pendant des semaines, avant que l'évidence s'impose. Quand on vit avec le RSA on ne peut pas se payer une perruque digne de ce nom, les premiers prix débutent à 500 euros!"

Lucia a donc décidé de se lancer dans une collecte, qui a débuté ce jeudi, sous le nom #AvecMaPerruque. "Les gens peuvent aussi donner de l'argent et nous soutenir en postant sur les réseaux sociaux leur photo parée d'une perruque rose", précise-t-elle. En une journée, trois femmes ont déjà donné leur perruque. Et autant de symboles de leur guérison.