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Les écologistes relégués au rang de figurants

Le score d’EELV apparaît famélique : près de 2 % des voix. Plus bas encore que les 2,31 % d’Eva Joly à la présidentielle de 2012.

Publié le 23 mars 2015 à 06h52, modifié le 19 août 2019 à 13h03 Temps de Lecture 4 min.

Ils s’étaient donné rendez-vous au lendemain du premier tour des élections départementales, avec l’idée de prendre le meilleur sur le camp adverse. Le flou qui règne sur les résultats d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ne devrait pas aider. Ces dernières semaines, à EELV, les tenants d’un retour au gouvernement et les défenseurs de la formation d’une nouvelle force à gauche ponctuaient bien souvent leurs débats d’un sentencieux « rendez-vous au lendemain du premier tour ». Une manière de dire que les résultats du scrutin permettraient, croyaient-ils, de fourbir leurs arguments respectifs.

Las, la classification des scores opérée par le ministère de l’intérieur – qui range sous l’étiquette « divers gauche » les alliances entre les écologistes et le Front de gauche –, ainsi que la faible présence – 950 cantons sur 2 054 – d’EELV pour ce scrutin, ne permet pas de tirer de réels enseignements, pour l’instant, quant à la voie à ouvrir en vue de 2017.

Lire aussi : Ce qu’il faut retenir des résultats des élections départementales

Le score d’EELV au niveau national pour ces élections, tel que communiqué au soir du scrutin, apparaît comme famélique : 2,02 % des voix. Plus bas encore que les 2,31 % d’Eva Joly à la présidentielle en 2012. Mais s’en contenter serait occulter le fait que ce chiffre ne prend en compte que les candidatures autonomes d’EELV pour ces élections. Or, le parti s’est divisé entre plusieurs orientations stratégiques : alliance avec le Parti socialiste dans 17 % des cas, avec tout ou partie du Front de gauche dans 43 % des cas, ou candidatures autonomes le reste du temps. De plus, son petit nombre de candidats ne permet pas d’apprécier pleinement le niveau du rapport de force avec ses concurrents à gauche. « L’opération pipotage du ministère de l’intérieur sur les 2 % d’EELV ne dissimule pas que nous sommes à 10 % là où nous étions présents », a assuré sur Twitter le chargé des élections du mouvement, David Cormand.

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Les motifs de satisfaction sont rares pour le parti. Trois de ses binômes, boostés par l’effet Eric Piolle, maire écologiste élu à Grenoble en 2014, se sont qualifiés pour le second tour dans trois cantons de la préfecture iséroise. Mais, dans le reste du département, le Rassemblement, cette alliance d’EELV, du Parti de gauche et de la société civile, a échoué à dépasser le Parti socialiste, dans un contexte de forte poussée de la droite et de l’extrême droite. Les alliances avec le PS, elles aussi, comme en Seine-Saint-Denis ou dans l’Essonne, permettent de qualifier quelques candidats.

Mais la déconvenue est réelle, même si le parti mise traditionnellement peu sur ce scrutin. « C’est un désastre électoral pour les écologistes, il n’y a jamais eu un tel résultat. Les rares fois où EELV bat le PS, on est 3e et 4e, donc on est éliminé », s’est agacé le sénateur EELV de l’Essonne, Jean-Vincent Placé, partisan d’un retour au gouvernement. « Une bonne nouvelle malgré tout dans cette soirée [grâce aux accords passés avec le PS] : des dizaines de candidats EELV au second tour », s’est réjoui de son côté le député Denis Baupin, qui plaide lui aussi pour s’allier avec le PS.

« Qu’ils s’en aillent »

Répondant aux critiques formulées pendant la campagne sur le manque d’unité à gauche, la secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, a mis l’accent, dimanche, sur « ceux qui sont majoritaires », à savoir les socialistes, comme étant les vrais « responsables de la désunion autour d’eux ». Cela ne l’a pas empêchée, tout comme Cécile Duflot, d’appeler à faire barrage à la droite et à l’extrême droite lors du second tour.

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L’attitude de la secrétaire nationale va être scrutée de près dans les jours à venir, alors que son nom a été cité pour entrer au gouvernement en cas de remaniement au lendemain des départementales. Selon le site Mediapart, elle devait réunir ses soutiens lundi soir pour faire le bilan du premier tour. Sa présence, prévue le 4 avril, à une réunion des écologistes pro-Hollande a du mal à passer auprès des partisans de la ligne défendue par Cécile Duflot, qui consiste à chercher des alliances auprès des frondeurs comme de Jean-Luc Mélenchon. « Aller à une réunion qui se définit comme pro-Hollande à un moment aussi important, ce n’est pas un signe que doit porter une secrétaire nationale, elle devrait être neutre », critique un cadre du parti. « On peut aller à un meeting de Syriza avec l’arrière-ban de l’extrême gauche, mais pas à une réunion d’écolos organisée par des élus d’EELV ? Il faut soutenir Emma, elle tient les deux bouts », plaide de son côté le député François de Rugy.

En première ligne pour contribuer à un éventuel retour des écologistes au gouvernement, l’élu de Loire-Atlantique rejette l’idée que le sort d’un hypothétique remaniement soit mis entre les mains du conseil fédéral – le parlement du parti – comme cela a été décidé il y a quelques semaines. « Quelle est la légitimité d’une instance interne ? Est-ce qu’un parti peut durablement tourner le dos à ses élus, à ses sympathisants électeurs ? », questionne-t-il. La perspective d’une scission n’est pas rejetée. « Le parti prend les décisions, il faudra qu’ils en tirent les conséquences. S’ils veulent s’en aller, qu’ils s’en aillent. Nous sommes dans un rapport de force, comme toujours avant des décisions importantes », note la porte-parole d’EELV, Sandrine Rousseau.

En attendant, chaque camp a sorti sa plus belle plume pour préparer leurs stratégies respectives au lendemain du second tour. Et peut-être permettre de solder des querelles qui ne vont demander qu’à s’intensifier à la veille des élections régionales, véritable enjeu électoral d’EELV en cette année 2015.

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