Départementales : le FN bénéficierait encore d’une réserve de voix pour le second tour
Le Front national pourrait parvenir à remobiliser au second tour des élections départementales la frange abstentionniste de son électorat.
Par Gabriel Nédélec
Le score du Front national au premier tour des départementales, très proche de celui obtenu aux européennes, a conduit certains commentateurs à affirmer que le FN aurait atteint un plafond. Rien n’est moins sûr, si l’on en croit une étude de l’Ifop et de Fiducial pour iTélé, « Paris Match » et Sud Radio publiée ce lundi. Les électeurs du Front national se sont déjà davantage mobilisés que ceux des autres formations au premier tour (26 % d’abstention contre 29 % pour ceux de l’UMP ou 32 % pour ceux du PS). Et ceux d’entre eux qui ne se sont pas rendus aux urnes ont justifié leur démarche en affirmant que « ces élections ne changeront rien à [leur] situation ». Pour Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, cette observation laisse penser que le FN pourrait bénéficier d’un fort regain de voix au second tour.
« Ces électeurs sont dans l’expression de leur mécontentement, explique-t-il. Ils sont idéologiquement convertis aux idées du FN, mais préfèrent finalement s’abstenir, convaincus que “cela ne sert à rien”. Cependant, galvanisés par les bons résultats du FN du premier tour, ces derniers pourraient finalement décider d’aller voter au second tour. »
Grande porosité entre les électorats FN et UMP
Cette attitude s’est déjà vérifiée lors de chaque élection partielle qui s’est tenue depuis les municipales de 2014, celle du Doubs en est le dernier exemple. « On peut s’attendre à un report de 15 à 16 points pour le FN entre les deux tours », anticipe Jérôme Fourquet,
Au second tour, le parti d’extrême droite pourrait aussi bénéficier de la grande porosité qui existe entre son électorat et celui de l’UMP. Selon l’étude de l’Ifop, le FN aurait réussi à capter, lors de ce premier tour de départementales, 18 % de l’électorat de Nicolas Sarkozy en 2012. Un chiffre élevé comparé aux 8 % que le FN aurait gagnés chez les déçus de François Hollande et les 9 % pris aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon.
Pour Jérôme Fourquet, cette porosité pourrait aussi expliquer partiellement pourquoi le score du FN a été inférieur aux prévisions des sondages. « Ce fort transfert de voix témoigne du grand nombre d’électeurs qui hésitent encore jusqu’à la veille du scrutin, analyse-t-il. Lors des enquêtes que nous menons, ils peuvent ainsi déclarer voter FN. Mais le jour J, leur bulletin peut très bien aller pour l’UMP. »
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