Le premier tour a surpris les observateurs avec sa participation plus élevée que prévue. Mais les résultats ne sont pas de nature à altérer les chances pour le FN de remporter un département. Elles étaient et restent minces. Sauf dans le Vaucluse et l'Aisne. La président du Front national a elle-même évoqué une "hypothèse crédible" de remporter ces deux départements dans lesquels son parti surperforme.
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Dans le Vaucluse, qui compte 17 cantons, il faut en remporter 9 pour obtenir la majorité absolue. A l'issue du premier tour, le FN est en situation très favorable, selon nos calculs, dans 5 cantons. Lesquels s'ajoutent à celui du Pontet où le FN l'a déjà remporté. Quatre cantons sont favorables à la gauche et six sont très ouverts. Le FN reste donc pour l'heure le favori. Il serait bien plus serein s'il parvenait à s'allier avec la Ligue du Sud avec laquelle il partage les idées. Mais, comme lors des sénatoriales, les deux partis d'extrême droite se déchirent.
"Si on se retire à Orange, on ne respecte pas la démocratie"
A Bollène, où se présente la maire sortante (Ligue du Sud) Marie-Claude Bompard, une triangulaire favorable à la gauche se profile. La Ligue du Sud, arrivée deuxième, demande donc au FN, en troisième position, de se désister. La secrétaire départementale Marion Maréchal-Le Pen était d'accord sur le principe... à condition que la Ligue du Sud fasse de même à Orange où elle est en ballotage défavorable dans un duel face au FN. Refus de la Ligue du Sud lundi matin. "Si on se retire à Orange, on ne respecte pas la démocratie", fait valoir le camp Bompard "puisqu'il n'y a pas de candidats auxquels faire barrage". Imparable, même s'il existe un risque pour la Ligue du Sud de ne plus avoir d'élus du tout. Mais le FN, lui, ne compte pas offrir le canton de Bollène à la Ligue du Sud sans contrepartie.
Les Bompard pourraient-ils dans ce contexte tendu refuser de donner une majorité au FN au sein de l'assemblée départementale? "Visiblement, on a donc quelque chose à échanger!", répond-on malicieusement à la Ligue du Sud. Le message est clair: sans accord, le micro-parti localiste pourrait faire obstacle à la prise de contrôle du Vaucluse par le FN. "On verra en temps voulu mais on accueillera forcément avec un autre regard les autres propositions", fait-on monter la pression à la Ligue du Sud.
Pas de désistement sans contrepartie
Reste aussi la question des triangulaires. Logiquement, si la gauche suit les consignes de la rue de Solférino, il devrait se désister dans deux cantons, celui de Cheval Blanc et de Valréas où il arrive en troisième position. Mais Jean-Pierre Lambertin, premier vice-président PS du conseil général sortant, se montre réservé. "On a des contacts avec l'UMP et l'UDI. On veut bien se retirer en leur faveur mais à condition qu'ils fassent de même." Sans le citer, c'est logiquement au canton de Pernes-les-Fontaines que le responsable socialiste fait référence puisque dans cette triangulaire, le PS arrive 2, derrière le FN mais devant l'UMP. Autant dire que les consignes du PS ne sont pas suivies à la lettre. Ce qui pourrait aider le FN.
Même scénario dans l'Aisne où, à l'issue du premier tour, le FN est en situation favorable dans six cantons et en a déjà remporté un. Si la droite semble en mesure de l'emporter dans trois cantons et la gauche dans un, les scénarios sont ouverts pour le reste. Ce qui fait du FN le parti qui, pour l'heure, a le plus de chances de gagner. Une situation qui n'est pas à même de faire appliquer davantage les consignes de désistement du PS en cas de triangulaires. Dans les trois cantons (Soissons-1, Soissons-2 et Guignicourt) où la gauche arrive en troisième position, elle refuse de se désister, selon nos informations.
Une stratégie incomprise des militants socialistes
Un peu gêné, le premier fédéral socialiste, Arnaud Battefort, explique à L'Express que dans trois de ces cantons, les candidats n'ont pas la carte au PS. Mais à Soissons-1, les candidats PS ont décidé de se maintenir malgré tout... avec l'appui d'Arnaud Battefort. "Il n'y a aucune réciprocité de la part de l'UMP en cas de désistement. Ça devient inaudible pour nos électeurs. Christophe Borgel [secrétaire national aux élections, ndlr] n'a qu'à venir ici pour s'en rendre compte", s'énerve-t-il. Pour montrer l'exemple, Yves Daudigny, le président (PS) du conseil départemental, s'est lui désisté dans le canton de Marle. Pour rien vraisemblablement: le binôme de droite bénéficie déjà d'une confortable avance sur le FN (37,62% contre 31,75%).
Arnaud Battfort se montre dubitatif quant à l'efficacité des désistements, même quand le FN est en tête. "Ce matin, j'ai dit à une quarantaine de sympathisants de mon canton de Fère-en-Tardenois [duel FN-UMP au second tour, ndlr] de voter UMP pour faire barrage au Front national. Ils m'ont tous dit qu'ils voteraient blanc. Ça laisse augurer de moments difficiles..."