Suicide d'un policier à Paris : «478 policiers se sont donnés la mort en 10 ans»
Le chiffre fait particulièrement froid dans le dos. Quelques heures après l'annonce du suicide d'un policier, ce mercredi 25 mars, dans les locaux du commissariat du VIIe arrondissement à Paris, Philippe Capon, secrétaire général du syndicat Unsa-Police et de la Fédération Autonome des Syndicats du Ministère de l'Intérieur (FASMI) a révélé que, «entre les années 2004 et 2014, 478 policiers se sont donnés volontairement la mort».
«Pendant très longtemps, le sujet du suicide dans la police était tabou, explique-t-il. La haute hiérarchie policière soutenait que plus on parlait des suicides, plus il y en avait. Mais Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur est le premier a avoir pris vraiment le dossier en main. C'est aussi la première fois qu'un ministre de l'Intérieur ne dissocie pas les problèmes professionnels et personnels. Car, à notre sens, les deux sont souvent intimement liés».
Sur les raisons d'une telle hécatombe dans les rangs de la police, Philippe Capon avance plusieurs hypothèses. «Le système des primes au résultat exceptionnel et des statistiques pèsent lourdement sur les épaules des collègues, estime-t-il encore. Tout le monde est sous pression. Cela va du gardien de la Paix jusqu'au commissaire. Et la politique du chiffre mise en place par Nicolas Sarkozy perdure encore aujourd'hui, quoi qu'en dise les locataires de Beauvau».
Philippe Capon déplore, par ailleurs, la disparition du délégué social qui était «détaché dans chaque service important et qui était là pour détecter les collègues en difficulté». «Il faisait vraiment le lien entre les collègues et la hiérarchie policière, soutient-il. Mais économie oblige, ce poste a été supprimé. Aujourd'hui, il manque une vraie coordination entre les réseaux de la médecine de prévention, des psychologues et des assistants sociaux. Il n'existe pas de coordinateur au niveau national et nous n'avons pas de réponse sur cette question».
