DEPARTEMENTALES - Simple succession de faits divers ou vrais débordements des tensions politiques nationales? Cette campagne des élections départementales qui s'achève aura été marquée par plusieurs agressions et incidents graves impliquant des candidats et leurs soutiens sur le terrain. Des attaques parfois violentes dont les responsables politiques se renvoient la responsabilité.
Dernier cas en date: Jean-Michel Toulouze, candidat socialiste à Metz, a été agressé dans la soirée de ce jeudi 26 mars alors qu'il faisait campagne dans un quartier de Metz. Celui-ci a reçu un coup de poing au visage assené par un homme de 24 ans sous l'emprise de l'alcool criant "tous pourris".
Si la piste de la mauvaise rencontre semble probable, le premier secrétaire de la Fédération de Moselle du PS, qui a évoqué "plusieurs coups de poing", a mis en cause dans un communiqué "l'irresponsabilité de certains politiques populistes mettant en accusation tous les élus, sans discernement". Elle "peut être considérée à l'origine de cette lâche et scandaleuse agression", a-t-il estimé en pointant du doigt le Front national.
Près d'une vingtaine d'incidents visant le Front national
Les candidats du parti d'extrême droite n'échappent pourtant pas à la violence qui frappe sur le terrain. Avant le premier tour, une femme de 83 ans, suppléante d'une candidate FN dans les Yvelines, a été violemment frappée en pleine rue par deux personnes alors qu'elle collait des affiches de campagne. Traitée de "raciste", celle-ci aurait reçu "des coups de poing et des coups avec le seau de colle qui a également été renversé sur sa tête", a indiqué une source policière.
"Nos adversaires perdent les nerfs et en viennent à commettre des voies de fait sur nos candidats, jusqu'aux plus âgés et aux plus faibles", a immédiatement réagi le patron départemental du FN Philippe Chevrier. Point de vue relayé lors d'un meeting par Marine Le Pen qui a dénoncé les attaques répétées de Manuel Valls et Nicolas Sarkozy qui influenceraient "les esprits faibles".
Et de citer le début d'incendie criminel à la mairie d'Hénin-Beaumont et les menaces de mort visant son maire FN Steeve Briois.
Manuel Valls "a instauré un climat d'agressivité, les militants d'extrême-gauche se sont libérés, depuis qu'il est entré en campagne contre nous les actes d'agression se sont multipliés", assure au Scan le secrétaire général du FN, Nicolas Bay.
Selon une Google Map (dont nous avons vérifié les informations) qui circule dans la blogosphère d'extrême droite et alimentée par l'influent site militant Fdesouche.com, les candidats frontistes auraient subi pas moins d'une vingtaine d'agressions en tous genres (insultes, violences, vandalisme) rien que pour le mois de mars.
Insultes racistes et intimidations
Aucun parti politique ne semble donc échapper à ces manifestations de violence, certes marginales, (on comptait 18.000 candidats pour ces départementales), mais surprenantes de par leur écho avec les tensions politiques ambiantes.
A Bobigny, c'est une militante communiste qui a porté plainte après avoir été bousculée et menacée" par trois personnes cagoulées qui l'attendaient à la sortie de son domicile". "Le climat politique s'est fortement dégradé depuis un certain temps à Bobigny, instrumentalisé par certains qui entendent instaurer un climat de terreur dans la ville et faire taire toute contestation. Le PCF ne se soumettra à aucune forme d'intimidation", a prévenu le patron du PCF Pierre Laurent en évoquant cette commune communiste de Seine-Saint-Denis conquise par l'UDI il y a un an.
Fin février, Didier Schuller, adversaire des Balkany et candidat UDI aux départementales à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), a été légèrement blessé lors d'une bousculade entre militants.
Dans la Somme, c'est une véritable course-poursuite qu'a subie un candidat de Debout la France. Selon la plainte qu'il a déposé au commissariat pour "mise en danger d'autrui avec risque immédiat de mort ou d'infirmité", Jean-Philippe Tanguy affirme avoir été poursuivi en voiture et menacé de mort par son opposant le député socialiste Pascal Demarthe.
"Il y a un climat épouvantable depuis le début de la campagne. Jean-Philippe Tanguy est harcelé. Ça fait un mois qu'il vit un enfer. Trop c'est trop. Ils ont voulu le buter", s'est indigné au Lab d'Europe1 le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan. Les deux candidats ont porté plainte l'un contre l'autre.
Ces incidents n'ont toutefois pas toujours une signification politique. Il y a dix jours, un Ardéchois de 40 ans, qui a évoqué des "problèmes familiaux", a été condamné à quatre mois de prison ferme pour avoir giflé et donné un coup de tête au député PS Pascal Terrasse, par ailleurs conseiller général et candidat à sa réélection.
Difficile par ailleurs, faute de statistiques, d'évoquer un phénomène en augmentation. D'autant que les dégradations de permanences et les injures taguées sur les panneaux électoraux sont une pratique courante en période électorale.