Yémen : l'opération se poursuivra "jusqu'à la reddition" des houthis

Selon un responsable saoudien, la campagne aérienne contre les rebelles chiites houthis pourrait durer six mois.

(avec AFP)

Les rebelles houthis manifestent contre l'intervention saoudienne à Sanaa le 26 mars.
Les rebelles houthis manifestent contre l'intervention saoudienne à Sanaa le 26 mars. © Mohammed Huwais/AFP

Temps de lecture : 5 min

L'intervention militaire d'une coalition arabe emmenée par Riyad contre les rebelles chiites houthis au Yémen continuera jusqu'à leur "reddition" et constitue un "test" pour la création d'une force arabe, a déclaré samedi le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi. Peu auparavant, le roi saoudien Salmane Ben Abdel Aziz, dont le pays bombarde depuis jeudi les houthis, avait promis que cette intervention durerait jusqu'au retour à la "sécurité" dans ce pays. Les deux chefs d'État s'exprimaient à l'ouverture du sommet des chefs d'État de la Ligue arabe à Charm el-Cheikh, en Égypte, qui doit se pencher sur la création d'une force arabe conjointe permanente pour combattre "les groupes terroristes".

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Initialement, l'Arabie saoudite et ses alliés avaient tablé sur une campagne aérienne d'un mois, mais "cela pourrait durer cinq à six mois", a déclaré un responsable diplomatique saoudien, tout en se félicitant des résultats des raids lancés depuis jeudi, qui ont permis notamment, selon lui, de détruire 21 missiles Scud. Il a dénoncé le "soutien logistique et militaire" de Téhéran au mouvement chiite des houthis et affirmé que, selon des estimations, "5 000 Iraniens, (membres du) Hezbollah (libanais) et miliciens irakiens (pro-Téhéran) étaient sur le terrain au Yémen".

Des diplomates du Golfe ont expliqué que l'Arabie saoudite et ses alliés avaient décidé de réagir contre les houthis quand des images satellites fin janvier ont montré, selon eux, des mouvements de missiles Scud vers le Nord et la frontière saoudienne, avec une capacité d'atteindre une bonne partie du territoire saoudien. Ces sources estiment qu'avant l'intervention arabe de jeudi l'armée yéménite disposait de 300 missiles Scud. Maintenant que l'Arabie saoudite et ses alliés sont entrés en action, ces responsables du Golfe affirment s'attendre à une "réaction iranienne", non pas sous la forme d'une opération militaire pour défendre les houthis, mais sous la forme d'actes de déstabilisation.

Contre Al-Qaïda

"Les Iraniens répondront par des actes terroristes dans le Golfe", a affirmé un responsable en citant notamment Bahreïn (royaume où la population est majoritairement chiite), la province orientale de l'Arabie saoudite (où se concentre la minorité chiite du royaume) et peut-être des "capitales" du Golfe.

La campagne militaire dirigée par Riyad au Yémen "se concentre sur des cibles militaires" et vise aussi à "s'assurer qu'aucun soutien iranien ne se répande au Yémen", a dit un responsable diplomatique du Golfe, assurant que Washington "aide beaucoup en matière de renseignements". En déclenchant cette intervention, les monarchies sunnites du Golfe pensent avoir coupé l'herbe sous le pied au réseau extrémiste Al-Qaïda, puissant au Yémen, qui, depuis plusieurs mois, apparaissait comme le fer de lance du combat contre les houthis. "Nous avons émasculé Al-Qaïda qui s'apprêtait à utiliser la bannière sunnite comme en Irak", a encore dit ce responsable. Il a en outre souligné qu'il était "trop tôt" à ce stade pour envisager l'envoi de troupes arabes au sol au Yémen. Selon lui, les forces rebelles que combat la coalition d'une dizaine de pays arabes sont composées à 60-70 % de miliciens houthis et à 30-40 % de militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh qui a été contraint de quitter le pouvoir en 2012, après 33 ans à la tête du pays.

Bombardement à Sanaa, tensions à Aden

Pour la troisième nuit consécutive, des explosions ont résonné autour de Sanaa, où les raids contre les positions rebelles étaient les plus intenses depuis le début de l'opération militaire, selon des témoins. "C'était une nuit intense de bombardements" et les "vitres ont tremblé", a rapporté une étrangère travaillant pour une organisation humanitaire. "Des personnes veulent partir, mais il n'y a pas d'avions pour quitter le Yémen." Selon un photographe de l'AFP, les bombardements ont continué toute la nuit et se sont arrêtés vers 6 heures, heure locale (3 heures GMT). D'après des résidents, les frappes ont visé des sites militaires, notamment des positions de la défense antiaérienne et des dépôts de munitions, autour de la capitale.

À Aden, la situation est de plus en plus chaotique avec des accrochages entre groupes rebelles et des membres de "comités populaires" anti-houthis dans divers quartiers. Huit personnes ont été tuées dans l'enceinte de l'aéroport d'Aden. Selon des témoins, des hommes armés font la loi dans cette ville et interdisent la circulation en coupant les routes avec des blocs de pierre et des troncs d'arbres.

En annonçant son intervention militaire, l'Arabie saoudite a affirmé vouloir contrer "l'agression" de l'Iran qu'il accuse de soutenir les houthis et de chercher à "dominer" la région. L'Iran n'a jamais confirmé aider les houthis, mais il a dénoncé l'opération saoudienne. Pour leur part, les États-Unis, alliés du président yéménite dans la lutte antiterroriste et de l'Arabie saoudite, ont annoncé un soutien en logistique et en renseignements à la coalition arabe.

Force multinationale arabe ?

Jeudi, les forces américaines ont porté secours à deux pilotes saoudiens qui s'étaient éjectés de leur F-15 dans le golfe d'Aden, un sauvetage pour lequel le roi d'Arabie saoudite a remercié le président Barack Obama. Avec l'aide de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui dispose de puissants relais dans l'armée, les houthis avaient déferlé de leur fief dans le nord du pays vers le centre et l'est du Yémen, avant de progresser vers le sud, s'emparant de plusieurs bases et régions.

Des pays du Golfe participent à l'intervention arabe, ainsi que l'Égypte, la Jordanie, le Soudan et le Maroc, selon Riyad. Le conflit au Yémen devra dominer le sommet arabe qui s'ouvre samedi à Charm el-Cheikh, dans la péninsule du Sinaï. La création d'une force multinationale sera à l'ordre du jour, au moment où l'intervention arabe au Yémen est perçue comme un "coup d'essai" de ce projet. Depuis plusieurs semaines, c'est le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui réclamait avec le plus d'insistance cette force arabe pour lutter contre les groupes "terroristes", en particulier l'organisation État islamique (EI) qui multiplie les atrocités en Irak et en Syrie et gagne du terrain en Libye et en Égypte dans le Sinaï.

Mais, plus que le groupe extrémiste sunnite, c'est la crainte de voir le grand rival iranien chiite étendre son influence dans la région qui pourrait obliger les pays arabes à surmonter leurs dissensions et à entériner la création d'une force militaire conjointe.

LIRE aussi nos articles "Yémen : comment l'Iran pousse ses pions" et "La grande peur de l'Arabie saoudite"

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Commentaires (2)

  • Amañ emaon

    L'Iran une grande démocratie qui pend les iraniens d'origine arabe, le plus ludique en Iran, avoir un chien pourrait bientôt être puni de 74 coups de fouets... La liste des bontés démocratiques iranienne sont infinies
    L'Arabie saoudite se défend et défend le Yémen son allié, car les iraniens c'est comme l'invasion de criquets géants cannibales, il faut les stopper l'invasion chez les autres sinon par là où ils passent c'est difficiles de s'en débarrasser, ils liquident tous sur leurs passages et ils pondent d'autres foyers de criquets envahisseurs... L'Iran cherche l’expansion arme les Houthis un groupe de l'insurrection chiite qui a opéré dans les années 1990, ils proviennent du nord-ouest du Yémen, et qui a fait allégeance à l'Iran. Il faut être fou pour vouloir diviser son pays en deux ! C'est une guerre sectaire qui ne date pas d'un mois, une guérilla minoritaire séparatiste qui terrorise la population yéménite endoctrinée et armée par l'Iran. Que cherche l'Iran depuis des années ? Elle cherche la guerre, une honte surtout qu'elle joue à cache cache comme en Syrie, c'est risible puisque tout finit par se savoir.

  • pat33460

    Et ce pays l'arabie saoudite (Grande démocratie qui condamne à mort et aux coup de fouets) il oublie de nous dire que ces avions F15 il en déjà perdu 3 ou 4 et que ses pilotes sont des mercenaires payés par le pétrole et qu'ils auraient négocié la bombe atomique avec le Pakistan et après les féministes de gauche qu'ont elles dit à notre fromage présidentiel quand il a été se pavaner avec les dirigeants saoudites ? Car là bas les femmes n'ont même pas le droit de conduire une bagnole.
    Et NVB a t'elle été leur parler de la théorie du genre qu'on rigole un peu ?