La banque belge BNP Paribas Fortis aurait vendu à ses clients des obligations d’Etat grecques alors que la situation de ce pays se dégradait rapidement et que la question de sa solvabilité était clairement posée. Selon le quotidien Le Soir du samedi 28 mars, la filiale belge du groupe français – BNPP a racheté Fortis en 2008 et la possède à 100 % depuis la fin 2013 – a continué à faire la promotion de ces produits douteux durant plusieurs semaines entre 2009 et 2010, alors que Standard & Poor’s avait pourtant déclassé l’obligation d’Etat grecque.
Des milliers de particuliers, adeptes des placements de « bons pères de famille » s’étaient vus promettre un rendement supérieur à 4 %. Cinq ans plus tard, ils ont perdu de 50 % à 60 % de leur investissement, même si le Fonds européen de stabilisation est intervenu pour combler une partie de leur perte.
L’obligation a perdu quelque 82 % de sa valeur et un échange proposé aux clients en 2012 n’a rien arrangé compte tenu de la poursuite de la dégradation de la situation financière de la Grèce.
« Culture de la triche »
BNPP Fortis a-t-elle, dès lors, malgré les promesses faites lors de la crise financière, entretenu « une culture de la triche que l’on peut juste qualifier de honteuse », comme l’écrit Le Soir ? Dans un communiqué, la banque a démenti. Elle estime qu’il n’y avait pas de raisons, à l’automne 2009, de douter de la solvabilité de la Grèce. Elle nie avoir voulu tromper ses clients et estime que le nombre des personnes concernées est très limité.
Une assertion contredite par des courriers internes de novembre 2009 et 2012. Dans le premier, un cadre de la banque invite les responsables de la salle des marchés de BNPP Fortis à cesser de recommander l’obligation grecque. Il n’aurait reçu aucune réponse. L’autre courrier, datant de la fin 2012, évoque « 15 000 clients concernés par ces dossiers ».
L’affaire tombe au plus mal pour la banque alors que la défiance de l’opinion belge à l’égard du secteur reste grande et que les principaux établissements du pays, soutenus par la Banque nationale, débattent d’une augmentation du prix de leurs services.
Dans le même temps, le public note la forte réduction du nombre d’agences et une tout aussi forte augmentation des bénéfices des établissements : celui de BNPP Fortis s’est établi à 1,25 milliard d’euros en 2014, en hausse de 6,4 %.
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