Départementales 2015 : la lourde défaite du PS et de la gauche
Les résultats du second tour des élections départementales 2015 sont une nouvelle défaite pour la gauche, qui ne conserve que 33 départements, contre 66 à droite.

Le sursaut tant espéré n'a pas eu lieu. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, la gauche ne conserve que 32 départements et conquiert la Lozère (un total de 33, donc), alors qu'elle en administrait 61. C'est une quatrième défaite d'affilée après celles des municipales, des européennes et des sénatoriales l'an dernier. «La droite républicaine remporte les élections départementales», a aussitôt reconnu Manuel Valls ce dimanche soir, qui a imputé le «net recul» de la gauche à sa division.
Ce scrutin ramène la gauche, qui détenait une majorité de départements depuis 2004, à des niveaux proches des scrutins cantonaux de 1992 (23 départements), 1994 (24) voire de 1988 (29). Au total, elle remporterait seulement 746 à 776 cantons, contre 1125 à 1155 pour la droite.
Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll a cherché à minimiser la défaite. «Ce recul indique une résistance très claire de la gauche et du PS dans son ensemble», a-t-il déclaré. Quant à Jean-Christophe Cambadélis, numéro 1 du PS, il refuse de parler de «débâcle». «Le second tour marque un recul d'implantation», a-t-il sobrement commenté.
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Le PS perd le fief de Hollande
Cette défaite est aussi un échec personnel pour le Premier ministre, qui a mené à l'occasion de cette élection une bataille contre le FN. «Les scores très élevés de l'extrême droite restent plus que jamais un défi pour tous les républicains. C'est la marque d'un bouleversement durable de notre paysage politique chacun devra en tirer les leçons», a-t-il estimé.
Les ténors du PS, du PC en passant par ceux d'EELV avait sonné le rassemblement dans l'entre-deux tour. Las, la gauche perd de nombreux bastions comme les Bouches-du-Rhône, Drôme, le Territoire de Belfort, les Côtes d'Armor. Surtout, le PS voit deux départements symboliques basculer à droite : la Corrèze, terre d'élection de François Hollande et l'Essonne, fief de Valls.
Seule maigre consolation : la gauche récupère la Lozère. C'est le seul département à tomber dans son escarcelle. Le Parti communiste perd l'Allier mais conserve le seul Val-de-Marne.
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Les frondeurs appellent au «rassemblement» de toute la gauche
Et maintenant ? Manuel Valls ne compte ni démissionner, ni changer de cap. «Les Français, par leur vote et leur abstention, ont dit à nouveau leurs attentes, leurs exigences, leur colère, leur fatigue face à une vie quotidienne trop difficile. J'ai entendu ce message, leur exigence de résultat. Mon gouvernement continuera d'y répondre sans relâche.»
Pas sûr que cela suffise à calmer l'aile gauche du PS. La maire PS de Lille, Martine Aubry, a clairement pointé du doigt la politique menée par le couple exécutif. Les départementales illustrent un «vote de protestation par rapport à la politique nationale», a-t-elle asséné. Filippetti et Hamon y sont aussi allés de leur charge contre l'exécutif. Jérôme Gedj, défait dans l'Essonne, fait part de sa «tristesse» et sa «colère». «C'est pas possible! On a tous les signaux, on fait quoi ce soir? Il faut renouer avec les couches populaires. Il faut changer de braquet. On parle de changement de cap, d'inflexion, je m'en fous de l'expression! Il faut changer!» Sinon, prophétise-t-il «on va dans le mur en 2017.»
Plus étonnant Jean-Marc Ayrault a subtilement blâmé la méthode Valls. «C'est une défaite pour la majorité qui devra en tirer les leçons» a déclaré l'ancien Premier ministre. Autre voix discordante, André Vallini, secrétaire d'Etat à la réforme territoriale a lui critiqué la stratégie de «nationalisation» du scrutin.
Les 65% ds mon canton n'effacent pas la perte du département/en Isère aussi deux causes:"nationalisation"du scrutin et division de la gauche
— André VALLINI (@VALLINIAndre) March 29, 2015
Cambadélis, de son côté, anticipé déjà les régionales. «La gauche s'est divisée au premier tour, elle s'est remarquablement rassemblée au second tour face à la droite et l'extrême droite qui ont souvent fait bloc», a-t-il remarqué. Aussi «ce qui a été possible au 2e tour des départementales, doit être possible aux régionales dans le tripartisme.» Les jours à venir s'annoncent tendus rue de Solférino.