L'homosexualité reste un crime en Inde

Alors qu'un tribunal avait cassé la loi pénalisant l'homosexualité dans le pays, la Cour suprême indienne a décidé d'annuler cette décision.

Source AFP

"Une telle décision était totalement inattendue de la part de la Cour suprême. C'est une journée noire pour la communauté homosexuelle", a réagi Arvind Narayan, un avocat de la cause LGBT. © Ajit Solanki/AP/SIPA

Temps de lecture : 3 min

La Cour suprême indienne a confirmé mercredi la loi, héritée de la législation du colonisateur britannique, qualifiant l'homosexualité de crime, une douche froide pour les défenseurs des droits des homosexuels. La Cour a cassé un arrêt pris par un tribunal de New Delhi en 2009 qui dépénalisait les rapports entre adultes consentants de même sexe, renvoyant au Parlement la décision de légiférer sur un tel sujet. La Haute Cour de la capitale indienne avait considéré en 2009 que l'article 377 du Code pénal de 1860, qui criminalise les relations homosexuelles consenties, surtout la sodomie, constituait une "violation des droits fondamentaux" de la Constitution.

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La Cour suprême en a décidé autrement, jugeant cet article conforme à la loi fondamentale. "Il revient au Parlement de légiférer sur ce sujet", a déclaré le juge G. S. Singhvi dans sa décision mercredi. La décision de la Haute Cour de Delhi était contestée par plusieurs groupes religieux du pays, en particulier par des dignitaires musulmans et chrétiens, qui avaient fait appel devant la Cour suprême. "Le pouvoir législatif doit envisager de supprimer cet article de la loi conformément aux recommandations de l'avocat général", a ajouté le juge G. S. Singhvi, qui doit partir à la retraite jeudi. Jusqu'à présent, la loi pénale qualifie l'homosexualité de comportement "contre nature" puni d'une amende et de dix années d'emprisonnement.

Même si la législation est très rarement appliquée, des associations de défense des gays se plaignent de vexations, d'intimidations, voire de harcèlements par des policiers. "Une telle décision était totalement inattendue de la part de la Cour suprême. C'est une journée noire pour la communauté homosexuelle" a réagi Arvind Narayan, avocat de l'association pour les droits des homosexuels Alternative Law Forum. "Nous sommes très en colère contre cette décision rétrograde de la Cour", a-t-il ajouté.

"Plusieurs années en arrière"

Amnesty International a estimé que cette décision était "un coup dur pour les droits à l'égalité, à la dignité et la vie privée de chacun", dans un communiqué. Ce jugement "ramène l'Inde en arrière de plusieurs années vis-à-vis de son engagement de protéger les droits élémentaires", a ajouté G. Ananthapadmanabhan, directeur général de l'ONG en Inde. L'Inde se retrouve classée parmi un groupe constitué essentiellement de pays du monde islamique et de nombreux pays africains qui font de l'homosexualité un crime. Des manifestations contre cette décision étaient attendues dans la journée alors que la communauté gay se trouve toujours largement isolée dans le pays, en dépit de la décision de 2009 qui lui avait permis de mener campagne contre les discriminations.

"Nous allons étudier toutes les options et approfondir probablement la possibilité d'une requête en révision" devant la Cour suprême, a déclaré T. Tandon, un avocat de la Naz Foundation, une ONG travaillant pour les malades du sida, à l'origine de l'action judiciaire contre l'article 377. "Le mouvement en faveur des droits des homosexuels est beaucoup plus puissant maintenant. Nous ne sommes plus en 2001, mais en 2013. Une telle décision n'est pas possible", a-t-il ajouté. Un représentant musulman s'est félicité de la décision de la Cour suprême.

"Nous savons que l'homosexualité est contre nature", a dit le secrétaire général de l'organisation All India Muslim Personal Law Board, Abdul Raheem Quraishi. "Cela va contre toutes les lois et c'est ce qui a mené à la dissémination du virus HIV", a-t-il ajouté. Avant la décision de la Cour suprême, le porte-parole de l'archidiocèse de Delhi avait déclaré que l'Église accepterait toute décision. L'homosexualité a longtemps été un tabou dans un pays très conservateur et considérée par de nombreux Indiens comme une maladie mentale. Les Nations unies estiment qu'une dépénalisation contribuerait à lutter contre la propagation du virus du sida qui touche quelque 2,5 millions d'Indiens.

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Commentaires (8)

  • Nels

    Cela peu vous indifférez, mais sachez que les homosexuels sont victimes de persecutions un peu partout dans le monde pour le simple fait d’exister et je ne suis pas sûr que vous diriez la même chose si vous apparteniez à une minorité. Les homosexuels sont condamnés à raser les murs, ils n’ont pas les mêmes droits, risquent de se faire tabasser, emprisonner, torturer et exécuter dans de nombreux pays. Même en Europe ils ne sont pas à l’abri, en particulier dans les pays de l’Est et la Russie. En France, l’association du Refuge à Montpellier n’arrive pas à faire face à la demande de protection des jeunes homosexuels rejetés par leur famille. Ces drames n’ont visiblement aucune importance quand on n’est pas concerné.

  • Marino

    Nouveau tremblement de terre dans les rangs LGBT. Quelques jours à peine après la célébration des premières unions entre personnes de même sexe, la Haute Cour australienne a interdit ces mariages, alors que l'assemblée législative avait voté en faveur du mariage entre personnes de même sexe. Cette décision a été prise à l'unanimité :

    "La loi sur le mariage n'est pas valide pour la formation ou la reconnaissance du mariage pour des couples de même sexe".

  • 9421CADJ

    L'Inde est une démocratie et 70% des indiens sont contre la dépénalisation de l'homosexualité. C'est un fait, que cela plaise ou non aux homos occidentaux ou francais. Le modele proposé par la Société francaise ne fait déja pas l'unanimité dans le pays. Pourquoi des pays comme l'Inde se devrait de l'adopter ?