Jean Teulé : Héloïse et Abélard, "c'était de la baise infinie"
Depuis quelques années, Jean Teulé revisite l'Histoire. Avec "Héloïse, ouille !", il raconte la formidable et tragique histoire d'amour d'Héloïse et Abélard. De quelques phrases issues de leur correspondance, Jean Teulé imagine les dix-huit mois qu'ils ont passés ensemble, dans toutes les positions.
- Publié le 30-03-2015 à 09h51
- Mis à jour le 27-11-2020 à 14h26
Depuis quelques années, Jean Teulé revisite l'Histoire, depuis "Le Montespan" jusqu'à "Charly 9", en passant par "Fleur de Tonnerre", une tueuse en série du XIXe siècle. Avec "Héloïse, ouille !", il raconte la formidable et tragique histoire d'amour d'Héloïse et Abélard. De quelques phrases issues de leur correspondance, Jean Teulé imagine les dix-huit mois qu'ils ont passés ensemble, dans toutes les positions. C'est chaud, ébouriffant et très drôle, "Cinquante nuances" peut aller se rhabiller. En 1113, Abélard devient le professeur particulier d'Héloïse, déjà très instruite et pas seulement en grammaire latine. Leur immense amour s'exprime par les mots mais aussi par les corps, Abélard "polissonne la bagasse, bélute la donzelle" et il n'y a pas un jour sans qu'ils n'heurtebillent joyeusement. Le vocabulaire fleuri de Jean Teulé sied à merveille à cette histoire qui finit mal. Découverts par l'oncle d'Héloïse, les amants sont séparés, elle devient abbesse, il est châtré.
Pourquoi avez-vous eu envie de raconter cette histoire ?
Les historiens disent d'eux que ce sont les inventeurs de l'amour; j'ai eu envie de raconter leur vie. Avant, les mariages n'étaient que des arrangements, ou bien il y avait l'amour courtois avec les troubadours. Eux, c'était un amour physique, fatal, total. Plus de neuf siècles après, ils sont enterrés ensemble au Père-Lachaise. C'est une histoire d'amour absolument fabuleuse. Dans une lettre, Abélard écrit : "avec Héloïse, on a fait tout ce que deux corps peuvent se faire". C'était de la baise infinie.
Héloïse et Abélard avaient une relation très égalitaire pour l'époque.
Ils n'avaient pas des rapports classiques comme on voit dans les films où le mâle domine et la femme reçoit, cela ne m'intéresse pas. Chez eux, cette règle du jeu : "tout ce que tu me fais je te le fais, et vice versa". Souvent toutes ces scènes sexuelles ne sont pas drôles, je voulais retranscrire de l'obscénité joyeuse, complice.
Héloïse est incroyablement moderne dans le roman, était-ce la vérité ?
Elle était formidable, cette femme, elle faisait des études, au XIIe siècle ! Ils ont eu un enfant et elle n'a pas voulu lui donner un prénom chrétien, elle l'a appelé Astrolabe. Elle est devenue abbesse par amour alors qu'elle ne croyait pas en Dieu. Elle était contre le mariage ! Héloïse disait "je préfère l'amour à la chaîne" et écrivait "Je n'ai pas le remords des péchés commis, j'ai le regret des plaisirs perdus". Ou encore, pendant sa vie de religieuse : "Si je pouvais à nouveau ouvrir ma bouche et laisser aller ma langue, ce ne serait pas pour me confesser." Vachement gonflé ! Quelle femme !
Héloïse, ouille ! Jean Teulé Julliard 336 pp., env. 20 €