MoryGlobal : le transporteur en liquidation, 2 150 salariés licenciés

Le tribunal de commerce de Bobigny a prononcé mardi la liquidation de l'entreprise MoryGlobal, avec une poursuite d'activité d'un mois.

Source AFP

Des salariés de MoryGlobal ont manifesté le 26 mars dernier devant le ministère des Transports.
Des salariés de MoryGlobal ont manifesté le 26 mars dernier devant le ministère des Transports. © AFP

Temps de lecture : 3 min

"Jour noir" pour le transporteur MoryGlobal. Un an après sa naissance, la justice a prononcé mardi sa liquidation, avec une poursuite d'activité d'un mois qui n'empêche pas le licenciement des 2 150 salariés, déterminés à "se battre" pour un plan social "digne". Le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a décidé, à l'issue d'une audience tenue à huis clos, de mettre fin à la lente agonie de l'ancien numéro deux français de la messagerie, qu'il avait placé en redressement le 10 février avec une période d'observation de six mois. "C'est un jour noir", a commenté le président du tribunal, qui a prononcé la liquidation de l'entreprise, tout en autorisant la poursuite de l'activité pendant un mois, le temps de "mener à bien les consultations avec les organisations syndicales" et de "procéder aux licenciements des salariés" de l'entreprise.

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Licenciés pour motifs économiques, les employés recevront leurs lettres de licenciement "fin avril", estime Thomas Hollande, avocat du comité d'entreprise et fils du président de la République. En l'absence de projet de reprise conséquent, la liquidation ne faisait "aucun doute", avait expliqué avant l'audience Denis Jean-Baptiste (CFTC), secrétaire du CE. "Maintenant, c'est sur les conditions de départ des salariés qu'il va falloir se battre". Selon le responsable syndical, "ça ne va pas être simple de retrouver du travail. Le secteur de la messagerie est sinistré, celui du transport aussi. On a peu d'espoirs de reclassement chez les confrères". "C'est un immense gâchis", soupirait de son côté Jean-Claude Hacquard, délégué CGT. "Pendant un an, on nous a fait croire que l'activité allait repartir. On a le sentiment d'avoir été bernés par l'actionnaire", Arcole Industries, ajoute-t-il.

Née sur les décombres de Mory Ducros (dont Arcole était également propriétaire), placée en liquidation judiciaire début 2014, MoryGlobal n'avait repris que 2 200 salariés sur les 5 000 que comprenait le groupe. Malgré cela, la société n'a jamais réussi à trouver l'équilibre, perdant environ 43 millions d'euros en 2014.

"Roulés dans la farine"

Estimant avoir été "roulés dans la farine", les salariés de MoryGlobal réclament un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) "digne de ce nom", c'est-à-dire au moins équivalent à celui de Mory Ducros, selon Michel Ariba (FO). "Ça veut dire 25 millions d'euros à trouver. Vu la situation, ça va être compliqué", analyse une source proche du dossier. Aux syndicats qui exigent que la vente des actifs du groupe (agences, marchandises stockées, véhicules, etc.) serve en priorité au financement du plan social, elle réplique que, "juridiquement, ce n'est pas possible". Mais on peut "déroger à la règle, avec l'accord du tribunal", ce qui est loin d'être acquis.

Pour l'heure, Arcole Industries est aux abonnés absents, d'après les syndicats. Selon eux, l'administrateur judiciaire n'aurait prévu que 3 millions d'euros pour financer les mesures d'accompagnement (congés de reclassement, budget formation, etc.) et rien pour les indemnités supplémentaires de licenciement.

Le 26 mars, l'État a sommé Arcole d'"assumer ses responsabilités d'actionnaire et de contribuer au financement du PSE", accusant le groupe de ne pas avoir "redressé l'entreprise, en dépit du soutien sans précédent apporté par les pouvoirs publics".

"Trouver une solution pour chacun" des salariés

Invité mardi à BFM TV/RMC, le Premier ministre Manuel Valls a assuré vouloir "trouver une solution pour chacun" des salariés. Le gouvernement "travaille sur un plan de reconversion des sites et surtout pour trouver des possibilités d'embauche dans le secteur", a-t-il ajouté. En février 2014, l'État avait accordé à la société un prêt de 17,5 millions d'euros, au titre du Fonds de développement économique et social (FDES), une aide publique qui fait l'objet d'une enquête de la Commission européenne.

Dans un jugement d'une rare sévérité, le tribunal de commerce de Pontoise a constaté un an plus tard que "l'actionnaire principal a semblé se désintéresser du projet de restructuration de la société MoryGlobal et de sa pérennité". Et il "s'est lui-même mis en difficulté" en prélevant 7,5 millions d'euros de la trésorerie de MoryGlobal pour financer le PSE de Mory Ducros, s'étonnent les juges, évoquant un "acte de gestion anormal".

Les syndicats seront de nouveau reçus jeudi à 17 heures au ministère des Transports, une semaine après une première rencontre.

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Commentaires (12)

  • Firetiger

    Il en pense quoi ? Faut toujours garder le cap ?

  • maxence

    La preuve + 12800 chomeurs de plus en fevrier et en mars une pellete sup de 2500 d'un seul coup
    On voit tout va mieux !

  • doggy69

    Allo montebourg... Allo ?